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El-Bayadh: El-Abiodh-Sid-Cheikh se souvient

par Hadj Mostefaoui

L'insurrection des Ouled Sid Cheikh, qui a été l'un des moments forts de la lutte de libération nationale, dirigée par Cheikh BOUAMAMA, tout le long de la seconde moitié du 19 siècle contre les hordes coloniales françaises qui entamaient leurs premières incursions dans le Sud-Oranais, est encore vivace dans la mémoire collective des descendants des Ouled-Sid-Cheikh. Battus à plate couture lors des célèbres batailles de Sfisifa (Aïn Sefra) le 27 avril 1881 puis le 19 mai de cette même année au lieu-dit El-Mouileh Tazina (Chellala), les troupes coloniales ont laissé sur le tapis des centaines de morts lors de ces affrontements. Pour laver l'affront et réprimer la révolte, les autorités coloniales de l'époque ont envoyé en renfort dans la région pas moins de quatre compagnies lourdement armées afin d'étouffer dans l'œuf le vaste mouvement insurrectionnel qui s'est étendu à travers toutes les régions du sud-ouest du pays. Et pour se venger des populations locales d'El-Abiodh-Sid ?Cheikh, quatre colonnes de troupes, supérieures en hommes et en matériel de guerre, dirigées par le tristement célèbre général François Oscar de Négrier, ont envahi la petite localité, le 15 août 1881, appelé jusqu'au jour d'aujourd'hui la journée noire. Ces troupes ont entamé une véritable tuerie, massacrant hommes, femmes et enfants, sans distinction d'âge, y compris le bétail et bêtes de somme. Selon de nombreux témoignages écrits de l'époque, pas moins de 500 personnes qui tentaient de protéger à mains nues le mausolée de Sid Cheikh furent égorgées sous les yeux de leurs enfants. Ceux qui tentaient d'échapper au massacre furent poursuivis puis rattrapés et entassés dans les grottes des monts environnants et enfin enfumées jusqu'au dernier ou brûlées vives. Ce massacre de toute une population innocente et sans défense n'a pas atténué la soif de vengeance du Général Negrier, qui s'est acharné sur le mausolée du saint patron de la ville en le dynamitant, le détruisant intégralement. Cette triste journée du dimanche du mois d'août 1881 fait partie intégrante de la célèbre épopée des Ouled-Sid Cheikh mais aussi de l'histoire du peuple algérien dans sa lutte contre l'envahisseur français, et mérite de figurer dans les annales de l'histoire du pays et dans les manuels scolaires et la porter contre l'oubli à la connaissance des générations montantes. L'insurrection des Ouled Sid cheikh constitue l'un des premiers jalons de la lutte armée du peuple algérien et Cheikh BOUAMAMA évoque à lui seul tout un pan de l'histoire du pays.