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Usine de montage de Peugeot à Oran: Le projet délocalisé

par Moncef Wafi

Le projet de l'usine de montage du groupe automobile PSA (Peugeot-Citroën) en Algérie connaît de nouveaux rebondissements.

Selon TSA, le ministère de l'Industrie et des Mines «a informé le constructeur français et ses partenaires algériens de la décision du gouvernement de délocaliser le projet à Tafraoui, dans la wilaya d'Oran». Le journal en ligne affirme que la décision algérienne a été acceptée par les Français et précise, en citant ses sources, que le nouveau terrain «s'étale sur une superficie de 160 hectares».

Début juillet, en visite à Alger, M. Quémard, le directeur de la région Mena du groupe PSA n'avait fait aucune allusion au changement de l'assiette foncière du projet. Dans une interview donnée au Quotidien d'Oran, l'ambassadeur de France en Algérie, et à une question sur l'existence d'un problème au niveau du terrain qui devait abriter l'usine de Peugeot, avait botté en touche, se contentant de nous renvoyer vers les déclarations de Quémard. «Il est venu à Alger et à Oran et il a déclaré dans une conférence de presse avoir confiance?», répond-il. Il précise pour autant qu'il pense «que c'est un problème d'expropriation», laissant encore le soin au dirigeant de PSA «qui est venu à Alger, qui a vu le ministre de l'Industrie, qui est venu à Oran et qui a eu différents contacts» de se prononcer «mieux que moi qui suis un simple fonctionnaire même si je suis ambassadeur».

Initialement, l'usine algérienne du constructeur français devait être implantée à El Hamoul, dans la commune d'El Kerma, à 18 km à l'Est d'Oran, non loin des installations de Renault. Le nouveau terrain, lui, est situé à une dizaine de kilomètres au sud de la localité d'El Hamoul. Rappelons que le propriétaire de l'assiette destinée à l'usine, Hadj Lazhari, avait enflammé la toile en lançant, à travers une vidéo, un appel aux plus hautes autorités de l'Etat afin qu'elles interviennent pour lui rendre justice. En dépit des engagements des autorités locales, il n'avait pas, avait-il déploré, encore reçu le moindre centime à titre d'indemnisation. Au-delà de la complainte de l'agriculteur, la vidéo avait soulevé la problématique du détournement des terres agricoles de leur vocation et entraîné l'intervention du ministre de la Justice Tayeb Louh.

Le 13 mai dernier, à partir du Sénat, le garde des Sceaux avait qualifié l'atteinte aux terres agricoles de «crime grave» et annoncé que la justice avait été saisie. «Il ne s'agit pas là de la première affaire traitée par la justice algérienne», a-t-il dit en notant que plusieurs dossiers ont été traités ces dernières années. La polémique enfle après les déclarations du Premier ministre qui affirmait que l'assiette foncière en question n'est pas à vocation agricole. «Ce n'est pas une terre agricole. Ce sont juste quelques épis qui ont poussé après les chutes de pluie et le propriétaire en a profité pour actionner les choses», avait déclaré Ahmed Ouyahia, lors d'une conférence de presse. Des agriculteurs d'El Hamoul ont tenu à répondre au Premier ministre en affirmant, pour leur part, que «ces terres sont bel et bien à vocation agricole».