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Le FLN et la pole position

par Mahdi Boukhalfa

Les soutiens, sinon les promoteurs d'un 5ème mandat du président Bouteflika ont commencé leur campagne et ratissent large pour convaincre non pas les «indécis», mais le concerné lui-même. C'est en fait, dans ce registre, le SG du FLN, Ould Abbès, qui mène le bal et les tambours pour que la candidature de M. Bouteflika à un 5ème mandat soit non seulement entérinée par un large consensus national, en dépit des observations de l'opposition sur son état de santé, mais officialisée par un «oui» du candidat du FLN.

Il y a quelques semaines, Ould Abbès, on se rappelle, avait annoncé que M. Bouteflika est le candidat du FLN pour l'élection présidentielle de 2019 et, à ce titre, il l'avait invité à annoncer officiellement sa candidature. Un scénario bien huilé, puisqu'après avoir formellement interdit à ses militants de parler d'un 5ème mandat, le SG du FLN dégaine un chiffre ahurissant, celui de ses 700.000 militants qui soutiennent et appellent le président Bouteflika à se représenter pour un 5ème mandat. La machine est ainsi lancée, puisque les festivités de la Journée internationale des travailleurs ont fatalement débouché sur une autre invitation au président de se porter candidat à l'élection de 2019. Cette fois-ci c'est le SG d'une UGTA distancée par les syndicats indépendants, et donc tellement absente sur le front social depuis que son leader a fait un pacte avec le patronat, qui s'allie à Ould Abbès pour assurer le président Bouteflika du soutien des «masses laborieuses», s'il vient à briguer un 5ème et dernier mandat.

Ces invitations et ces appels non pas du pied mais avec une très grande sollicitation à un 5ème mandat sont devenus, à la limite, fatigants et sans grand intérêt pour les électeurs, bien plus préoccupés par des conditions de vie de plus en plus difficiles. Au renchérissement du coût de la vie, du recul de l'emploi, de la précarité sociale, il faut également ajouter les dernières hausses des prix des produits de large consommation qui hypothèquent pratiquement les conditions de vie des Algériens. Le SG du FLN tout comme ceux qui se pressent au portillon pour que le président Bouteflika se présente à un 5ème mandat sont prodigieusement loin des réalités sociales et montrent qu'ils sont non seulement déconnectés de la réalité, mais qu'ils ne s'en soucient guère. Au demeurant, il n'y a qu'à voir la rapidité avec laquelle des lois antipopulaires, décriées par les partis et la société civile, dont la dernière loi sur la santé, ou les lois de finances, sont adoptées au sein d'un hémicycle dominé par le FLN et le RND, soutiens infatigables pour un 5ème mandat de Bouteflika.

Certes, celui-ci ou son entourage se sont bien gardés de tomber dans le jeu du SG du FLN, mais le silence observé jusque-là ne veut nullement dire un «non» tout comme un «oui». Le fait est qu'Ould Abbès et le FLN semblent s'être investis d'une mission hors normes, presque divine, convaincre le président Bouteflika à briguer un 5ème et dernier mandat. Derrière cette probable candidature que l'on veut présenter à des électeurs qui voient leur niveau de vie baisser, il y a un bilan, des chiffres, des bons et moins bons, des avancées et des reculs, en matière de respect des droits de l'homme, de bonne gouvernance, de démocratie, de justice sociale dans le partage des effets de la crise financière? Hélas ! Tout cela ne fait pas partie de l'univers du FLN, dont le seul souci est que son candidat dise «oui». Pour autant, Ould Abbès oublie une chose importante, M. Bouteflika n'appartient pas au FLN, mais il est le président de tous les Algériens.