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Ben Salman en «VRP» d'un plan de guerre

par Kharroubi Habib

La visite que le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman effectue aux Etats-Unis n'augure rien de bon pour le Moyen-Orient et spécialement pour les Palestiniens. Officiellement selon Ryad, l'homme fort de la monarchie wahhabite s'est rendu en Amérique pour convaincre ses hommes d'affaires et investisseurs à prendre part au chantier des réformes qu'il a ouvert pour d'une part moderniser le royaume et le doter d'une économie diversifiée qui lui permet de s'affranchir de sa dépendance aux seules ressources énergétiques, et d'autre part pour en finir avec son sujétion à la doctrine wahhabite rigoriste qui en bloque l'évolution et l'ouverture au monde.

S'il est vrai que Ben Salman est allé faire le «VRP» aux Etats-Unis de son programme conformiste, sa visite a toutefois une motivation bien plus inquiétante et a trait aux dossiers iranien et palestinien. La rivalité irano-saoudienne ayant atteint un pic dont il peut en dégénérer un conflit armé ouvert entre Téhéran et Ryad, le prince saoudien tient à s'assurer que les Etats-Unis ne feront pas défaut au royaume.

A la Maison Blanche, ce n'est pas un président américain seulement bien disposé à l'égard de ses intentions que Ben Salman a rencontré. Sur l'Iran, Donald Trump est en effet dans une plus grande détermination belliqueuse que la sienne, qu'il paraît décidé à traduire en actes après avoir fait le ménage par lequel il a éliminé de son entourage et des postes névralgiques de l'administration américaine les tenants de la modération dans la résolution des crises internationales. A la Maison Blanche, le prince héritier saoudien a été probablement «briefé» par le président américain sur les réponses qu'il entend apporter au problème iranien et sur le rôle dévolu par lui au royaume wahhabite en la matière. Pour Donald Trump, la contribution essentielle de la monarchie saoudienne à son plan anti-iranien est à attendre sur la question palestinienne qu'elle doit l'aider à «résoudre» aux conditions sur lesquelles il s'est accordé avec l'Etat sioniste. Un deal avec les Etats-Unis et Israël sur le dos des Palestiniens qui permettrait à la monarchie wahhabite d'en finir avec la menace iranienne n'est pas pour «heurter» le prince Ben Salman qui n'a pas attendu de se rendre à Washington pour faire connaître qu'il y est plus que disposé. Renseigné sur les dispositions du plan de «paix» pour le conflit israélo-palestinien élaboré pour Donald Trump par l'équipe d'ultra-sionistes américains dirigée par son beau-fils, le prince héritier saoudien a été à la manœuvre pour obtenir que les Palestiniens se plient aux renoncements qui leur sont demandés.

Il a été jusqu'à faire du chantage à l'encontre de Mahmoud Abbas et de l'Autorité palestinienne qui ne veulent pas entendre parler du plan américain dont eux aussi ont connaissance de la finalité. Pour les faire céder, Ben Salman leur a en effet suscité des rivaux dont Ryad finance les campagnes de dénigrement et de discrédit de leurs représentativité et autorité. Il remplit ainsi pour la partie américaine l'obligation assignée au royaume par le deal dont il est allé à Washington s'assurer la confirmation. Il n'y a pas lieu d'être surpris si après la visite de Mohammed Ben Salman en Amérique les évènements vont se précipiter et dans un sens redoutable tant dans la crise américano-iranienne que sur la question palestinienne.