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Les «internes» et les médecins spécialistes rejoignent les résidents: La protesta prend de l'ampleur

par Yazid Alilat

Les médecins résidents, qui ont décidé de boycotter tous les examens du DEMS pour les 67 spécialités programmées, ne vont plus assurer que la garde, et «aucune activité hospitalière» ne sera assurée entre 8 heures et 16 heures. C'est ce qu'a indiqué hier mardi le Dr Hamlaoui, membre du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) au «Le Quotidien d'Oran», après la réponse musclée du gouvernement la veille lundi, premier jour des examens du DEMS, avec l'arrestation d'une cinquantaine de résidents, dont des membres du Camra. Le début des épreuves du DEMS a été marqué par une forte présence policière aux environs de la nouvelle faculté de médecine de Ben Aknoun, près du quartier d'El Biar sur les hauteurs d'Alger, et des arrestations de membres du Camra et de médecins, qui ont été dirigés sur plusieurs commissariats. Une situation qui a davantage compliqué le conflit entre les médecins résidents d'une part, et les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (MESRS) d'autre part. «Pour le moment, on maintient le boycott des examens du DEMS», a ajouté le Dr Hamlaoui, qui a précisé que « les gardes avaient repris dans la soirée de lundi après la libération des résidents, qui avaient été arrêtés par la police». Pour autant, il a affirmé que les médecins résidents ne vont plus assurer le service minimum, et s'en tiendront à assurer seulement les gardes, entre 16 heures et 8 heures du matin. «On s'en tient strictement à la réglementation», a-t-il assuré, car avant «on faisait plus que le service minimum». Un communiqué du Camra diffusé lundi en fin d'après-midi avait annoncé «l'application stricte de l'arrêt de l'activité hospitalière de 8h-16 h dès aujourd'hui (lundi, NDLR)». Dans un second communiqué diffusé lundi dans la soirée, le Camra dénonce le MESRS, qui «jusque-là absent sur la scène, impose un nouveau planning des examens qui a été rejeté par l'ensemble des médecins résidents». Le Collectif ajoute que le boycott de l'examen d'Ophtalmologie a été suivi par «100% des candidats civils», mais ce boycott devait «se dérouler dans un cadre serein (...)», le Camra dénonçant «un imposant dispositif sécuritaire de répression». «Le collectif condamne fermement ces actions contraires aux droits individuels garantis par la Constitution, et qui ne font que bloquer le processus de résolution» du conflit. «Nous maintenons le boycott des examens du DEMS jusqu'à satisfaction de nos revendications», affirme par ailleurs le Dr Hamlaoui, selon lequel les résidents grévistes font l'objet de «sordides intimidations» de la part de l'administration des CHU, notamment à Alger (Mustapha Bacha, Bab El oued), Oran, Sétif, Constantine. «Les directions des hôpitaux ont gelé les salaires des résidents depuis deux mois, une mesure arbitraire, car la plupart des médecins résidents assuraient normalement leur service», ajoute-t-il, avant d'annoncer la constitution d'avocats pour une procédure judiciaire contre «l'abus de pouvoir des hôpitaux de Mustapha Bacha et de Bab El Oued, qui ont illégalement gelé les salaires des médecins résidents».

Par ailleurs, «la démission collective n'est pas encore à l'ordre du jour», nous a assuré un membre du Camra de Blida, qui a souligné que «le boycott (du DEMS) se poursuit.» D'autre part, et selon le Camra, il n'y pas eu 71 candidats qui ont entamé lundi les épreuves d'Ophtalmologie (19, 20,21 et 22 mars), mais seulement cinq médecins militaires. «Eux ne sont pas concernés par la grève, ce sont des militaires, et c'est normal qu'ils passent cet examen. Et puis, ils ne sont pas concernés par le service civil», explique le même délégué du Camra de Blida, le Dr Kellal N. Pour le Collectif, «le boycott a été une réussite». «Nous avons boycotté et nous avons maintenu notre mot d'ordre malgré les intimidations des autorités, qui ont mis en place un dispositif impressionnant pour des étudiants», selon un délégué du Camra d'Alger.

Les résidents soutenus par les «spécialistes» et les «internes»

«Maintenant, nous attendons samedi prochain, avec le début des épreuves pour la spécialité Chirurgie orthopédique», ajoute le Dr Kellal. Les épreuves pour l'examen de Chirurgie orthopédique commenceront samedi 24 mars et s'étaleront jusqu'au mardi 27 mars au service chirurgie orthopédique au niveau de l'EHS de Ben Aknoun, selon le planning des examens du DEMS dont Le Quotidien d'Oran détient une copie. Par ailleurs, le mouvement de revendication du Camra est soutenu par le Collectif autonome des médecins spécialistes algériens (CAMSA), qui n'a pas encore son agrément. Dans un communiqué transmis à notre rédaction, le CAMSA annonce avoir déposé un préavis de grève nationale cyclique de deux jours à partir du 27 mars prochain pour notamment protester contre le traitement réservé par la police aux médecins résidents. Le CAMSA a qualifié de «scandaleux et inadmissible le traitement que subissent nos collègues résidents depuis quatre mois, et particulièrement aujourd'hui 19 mars où de nombreux médecins ont été embarqués dans des fourgons de police comme des criminels». Le CAMSA a en outre déploré que «les forces de police n'aient pas eu le même zèle pour intervenir et protéger le personnel soignant des agressions physiques récentes aux CHU d'Annaba et de Mustapha Bacha».

Le Collectif des médecins spécialistes a appelé à «une amélioration urgente des conditions de travail et de sécurité au sein de l'hôpital». Même ambiance de solidarité des médecins internes, qui ont annoncé hier qu'ils boycottent le stage interne, qui devait débuter hier mardi 20 mars à l'appui de revendications sociales et professionnelles. Dans un communiqué, le Collectif autonome des internes en médecine algériens (CAIMA) revendique notamment «la révision de la rémunération», «l'amélioration des conditions d'exercice des gardes» dont la sécurité, et «l'application des lois relatives au statut de l'interne.» Le Collectif dénonce notamment «la charge de travail considérable qu'il endosse en effectuant parfois des tâches qui ne relèvent pas de ses devoirs.»