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Médicaments: Les autres raisons de la tension

par M. Aziza

Le président du Conseil régional de l'ordre des pharmaciens d'Alger, Dr Abdelkrim Touahria, a reconnu avant-hier lors des 11èmes journées de la pharmacie, l'existence de «tensions» sur des médicaments, pour ne pas dire «rupture». Ces ruptures ou plutôt tensions ont pour origine des «réticences» liées à l'importation des médicaments.

Selon notre interlocuteur, «les importateurs aujourd'hui réduisent au maximum leur prévisionnel d'importation de certains médicaments pour ne pas se retrouver avec des produits invendus ou de stock important de médicaments périmés». Pour la simple raison que «les nouvelles règles sur l'importation des médicaments imposent aux importateurs de réexporter les médicaments périmés vers leur fabriquant». Autrement dit, «la loi donne la liberté à l'importateur de médicaments d'importer ce qu'il veut et selon son prévisionnel, mais à condition de réexporter lui-même les produits périmés vers leur fabriquant». Car, ces médicaments sont achetés en devises par le biais de la Banque centrale. Les autorités veulent ainsi responsabiliser davantage les importateurs pour contrôler les quantités importées, voire se limiter à l'importation de ce dont a besoin le marché national.

Les importateurs, explique notre interlocuteur, par crainte de se retrouver avec des invendus, réduisent davantage les commandes sur certains produits. Et de souligner qu'avec la difficulté de trouver des données fiables sur le marché des médicaments, il n'est pas aisé d'établir des prévisionnels très exactes et très pointus.

L'autre fausse note, selon notre interlocuteur, c'est «la rétention» de certains produits. «Dès qu'on dit que tel médicament est sous tension, il tombe en rupture», et automatiquement, précise-t-il, «une partie est stockée par le pharmacien, une autre partie stockée par le distributeur et le reste est retenu par l'importateur». Dr Touahria a cité, à titre d'exemple, la Ventoline, ce bronchodilatateur conçu pour le traitement des crises d'asthme et de certaines bronchites, qui a fait défaut dernièrement dans les officines d'Alger. Il précise que cette «pénurie» due apparemment à une rupture de stock éphémère a été accentuée par «l'effet psychique» et «la rétention».

«On a reçu des patients qui demandaient 5 boites de Ventoline pour se prémunir de la pénurie annoncée». «Les pharmaciens ont adopté la même attitude en faisant des stocks de trois mois, alors que d'habitude, les stocks ne dépassaient pas une ou deux semaines».

Pour le président du Conseil régional de l'ordre des pharmaciens d'Alger, il existe bien une pénurie de certains médicaments, notamment les médicaments fabriquées par un seul laboratoire dans le monde, mais certains connaissent seulement des tensions. Parfois les médecins prescrivent des médicaments qui sont déjà hors nomenclature. Regrettant le fait que certains médecins ne suivent pas les actualités relatives au marché des médicaments, notamment des informations relatives aux médicaments disponibles sur le marché. Il cite quelques exemples en précisant que les médecins continuent à prescrire des médicaments qui sont hors nomenclature, notamment des médicaments de dermatologie et de gynécologie, tel que le Colotrophine qui a été retiré de la nomenclature. Pour lui, le médecin doit faire un effort pour avoir des informations sur les médicaments et sur les produits équivalents qui sont sur le marché. Pour rappel, l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie avait déjà soulevé, à maintes reprises, par la voix de son président Abdelouahed Kerrar, une rupture qui touche en fait 200 molécules sans aucune alternative.