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Les pharmaciens plaident pour une automédication «responsable» !

par M. Aziza

Déconseillée dans le passé, l'automédication est aujourd'hui encouragée notamment par les pharmaciens et par certaines entités sanitaires. Le Syndicat national des pharmaciens algériens des officines (Snapo) a plaidé hier, lors de la tenue des 11èmes journées nationales pharmaceutiques, à l'hôtel El Aurassi, pour la règlementation de l'automédication.

Si les pharmaciens sont pour « cette option », le président du Conseil national de l'Ordre des médecins, Mohamed Bekkat Berkani, n'est pas du tout contre et ne craint aucune concurrence entre le pharmacien et le médecin. Ses arguments reposent sur le fait que l'automédication est déjà là, « les Algériens sont de plus en plus nombreux à se débrouiller, en demandant conseil auprès du pharmacien, sans attendre la prescription du médecin, quand il s'agit de soulager eux-mêmes leurs petits maux ».

Et d'expliquer : « Cela est possible, dans la mesure où on s'adresse à un pharmacien conseil qui a une formation médicale de base ». Mais, il a tenu à souligner que cette automédication doit obéir à des règles, par exemple « établir une liste des médicaments qui se vendent sans ordonnance » en excluant tous les médicaments ayant des effets indésirables importants, notamment les antibiotiques qui sont souvent vendus par certains pharmaciens sans prescriptions médicales.

Pourquoi favoriser l'automédication ? Le président du Snapo, M. Messaoud Belambri, présente des arguments purement économiques. Il explique que la plupart du temps les patients s'orientent vers l'automédication car ils connaissent leur traitement et souhaitent se soigner rapidement, tout en évitant de passer par une consultation médicale, ou veulent éviter les dépenses liées à l'assurance sociale. Pour Belambri, dans de nombreux pays, le marché de l'automédication est même appelé à jouer un rôle régulateur dans le système de soins et peser de manière croissante dans le paysage économique et industriel. Ainsi, il précise que l'automédication peut concerner, dans la majorité des cas, les médicaments non soumis à prescription obligatoire, les compléments alimentaires, la dermo-cosmétique, et bien d'autres volets dans le domaine du conseil où le pharmacien peut exceller par les compétences acquises lors de sa formation initiale, ou dans le cadre de la formation continue.

Belambri se réfère aux chiffres de l'automédication dans le monde qui selon lui sont édifiants. Il précise qu' «en 2017 les trois pays qui enregistrent les ventes les plus élevées de médicaments sans ordonnance sont les Etats-Unis (60,50 euros), l'Allemagne (44,20 euros) et le Royaume-Uni (36,80 euros) ».

Il cite également la France. « On compte plus de 4.000 médicaments destinés à l'automédication pour un marché annuel de 2,2 milliards d'euros, supérieur à notre marché de l'importation public et privé ! » Et de préciser qu'il existe même un Observatoire européen sur l'automédication, d'une Association française de l'industrie pharmaceutique pour l'automédication (Afipa) et l'existence de stratégies gouvernementales pour orienter les populations vers une automédication responsable, avec des objectifs sanitaires et économiques

Un plaidoyer pour une « rémunération » du pharmacien conseil

Le président du Snapo a plaidé, à vrai dire, pour l'adoption de politiques qui mettent le pharmacien d'officine dans les meilleures conditions économiques. C'est donc aider l'officine à réaliser les objectifs de santé publique, mais aussi lui permettant de maintenir la viabilité de la pharmacie, qui demeure avant tout une structure et un espace de soins et de santé « d'autant que l'étau se resserre autour des produits remboursables ou des produits soumis à prescription obligatoire», dit-il.

Il poursuit en affirmant qu'on doit tous être soucieux de l'accessibilité aux soins et de la pérennité de notre système de sécurité sociale. Et d'insister sur la nécessité « de veiller aussi sur la survie des 11.000 officines pharmaceutiques ». Pour le président du Snapo, «si des mécanismes régulateurs sont introduits pour verrouiller les prix et les marges bénéficiaires, il est indispensable d'adopter des solutions de compensation qui aideraient le pharmacien à assurer ses obligations et maintenir la survie de l'officine ». Pour le Snapo, avec les pharmaciens, grâce à leurs compétences dans le domaine pharmaceutique, l'automédication bien encadrée permettra non seulement une meilleure prise en charge sanitaire, mais aussi la réalisation d'importantes économies de santé, notamment la préservation des équilibres de la sécurité sociale.

Le Snapo plaide parallèlement pour une nouvelle mesure de rémunération des pharmaciens dans le cadre du conseil et des actes pharmaceutiques assurés au niveau des officines.

Concernant les compléments alimentaires, dont la réglementation est en cours d'élaboration par les autorités publiques, les pharmaciens revendiquent l'exclusivité de leur vente au niveau de leurs officines.