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Aigle Azur n'assurera plus de vols vers l'Algérie depuis Lille

par Moncef Wafi

Mauvaise nouvelle pour la communauté algérienne installée dans la région du Nord français puisque, à croire le quotidien régional Nord Eclair, basé à Roubaix, Aigle Azur qui assurait, à partir de l'aéroport de Lille-Lesquin, trois liaisons hebdomadaires vers Alger ou Oran, ne le fait plus depuis le 28 janvier dernier. Selon la publication, «le 28 janvier dernier, un dimanche, le dernier vol Aigle Azur Lille-Algérie a pris son envol».

Interrogé, la compagnie aérienne a précisé que malgré Lille soit une liaison rentable, «la décision a été prise pour des questions de stratégie». Nord Eclair indique également qu'Aigle Azur amorce un tournant radical dans sa nouvelle stratégie commerciale en s'orientant davantage vers le marché chinois et russe. «Sur ordre des Chinois, la nouvelle direction a choisi de s'orienter davantage vers la Chine ou la Russie. La compagnie a vendu deux Airbus A320 à une consœur portugaise pour acquérir deux A330», ajoute le journal. Dorénavant, Air Algérie se trouve en situation de quasi-monopole sur les liaisons à partir de Lesquin vers l'Algérie ce qui met la communauté algérienne dans l'embarras.

Rappelons que le groupe Weaving, propriété des héritiers du défunt Arezki Idjerouidene, a cédé sa participation de 30% qu'il détenait encore dans le capital de la compagnie aérienne Aigle Azur au profit de David Neeleman, une figure du transport aérien mondial. Dirigé par Meziane Idjerouidene, fils du défunt Arezki, le groupe Weaving quitte ainsi le capital de la compagnie aérienne rachetée par son père en 2001. Alors que la compagnie était cantonnée jusque-là aux vols charter, Idjerouidene a spécialisé Aigle Azur sur des marchés de niche en lançant des vols réguliers vers l'Algérie. Aujourd'hui la compagnie dessert aussi le Portugal, le Mali, le Sénégal, le Liban mais également l'Allemagne et la Russie, au départ de 6 villes françaises.

Aigle Azur est aujourd'hui la propriété de trois grands actionnaires : le groupe chinois HNA à hauteur de 48%, l'entreprise française Lu Azur et désormais David Neeleman, notamment fondateur de la célèbre compagnie aérienne américaine low-cost Jet Blue. En 2015, Aigle Azur accusait l'Etat algérien de retenir indûment 35 millions d'euros. La deuxième compagnie aérienne française par le nombre de voyageurs transportés, qui emploie 1.200 personnes dont 700 en France, réclame depuis 2006 de pouvoir rapatrier en France 35 millions de recettes cumulées réalisées sur le sol algérien entre 2002 et 2011. Soit 90% de sa trésorerie. Pour justifier ce blocage, l'administration algérienne, qui a la main sur le contrôle des changes, estimerait qu'une partie de cet argent est le produit de taxes, et n'est donc pas rapatriable. Une autre partie correspondrait à des billets achetés par des passagers mais pas utilisés. Le problème a même été évoqué avec la présidence algérienne lors du déplacement de François Hollande à Alger mi-juin.