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Quel paquet minimum de soins pour les zones enclavées ? (Suite et fin)

par Dr A.G/.Friha(*)

Améliorer l'accès aux soins de santé :

? Multiplier les actions de proximité et emmener la santé vers la population ;

? Doter les services de santé d'un parc automobile adapté au terrain en vue de prendre en change l'ensemble des populations éparses et nomades :

- en matière de médecine préventive ;

- en matière de médecine curative, médicaments et consommables essentiels disponibles ;

- en matière d'évacuation sanitaire.

? Favoriser la mise en place d'équipes mobiles : À doter de tous les moyens d'intervention, équipements médicaux et communication radio) à partir des points fixes existants : EPSP (polycliniques, salles de soins). Il s'agirait alors de rendre «roulants» les édifices sanitaires publics, sous forme de clino-mobiles. Les clino-mobiles peuvent intervenir dans toutes les spécialités médico-chirurgicales, avec leurs moyens de diagnostic, cliniques, biologiques, radiologiques, leurs moyens d'intervention que ce soit médicale ou chirurgicale, donc de véritables hôpitaux ayant les équipements des hôpitaux de «guerre», mais néanmoins ayant l'avantage de se déplacer.

? Accroître l'offre de professionnels de la santé dans les petites collectivités :

Il faudrait utiliser une partie de ce fonds pour soutenir une nouvelle façon de donner aux médecins, aux infirmiers et à d'autres dispensateurs de soins l'occasion de faire l'expérience du milieu rural et dans le cadre de leurs études et de leur formation. Les petites collectivités ne peuvent améliorer leur accès aux soins de santé que si elles arrivent à attirer et à retenir des professionnels de la santé.

? La formation continue :

Des professionnels de la santé. La solution de leurs soucis socioprofessionnels, leur intéressement, représente une série d'encouragement prometteurs à long terme. Il faut toutefois élargir les possibilités de formation de tout l'éventail de dispensateurs de soins : Corps médical, paramédical, administratif et technique, œuvrant dans les régions rurales et éloignées.

? Il faut instaurer des approches axées sur la collaboration :

Si l'on veut tirer profit au maximum des compétences des équipes et des réseaux multidisciplinaires. Il faut favoriser une utilisation plus flexible des dispensateurs de soins et donner de la formation et du soutien à ces acteurs du terrain, dans le rôle qu'ils jouent en milieu rural et défavorisé.

? Elargir les approches de télé-santé :

Il faudrait utiliser le Fonds spécial des collectivités rurales et éloignées pour soutenir l'expansion des approches de télé-santé.

Un certain nombre d'approches novatrices peut donner aux petites collectivités un meilleur accès aux soins de santé. On pense immédiatement à la télé-santé. Elle utilise les technologies de l'information pour relier les patients et les professionnels de santé à toute une gamme de services qui peuvent peut-être rassemblés pour offrir des soins de meilleure qualité. Elle offre de grandes possibilités pour ce qui est de surmonter les obstacles de la distance et d'améliorer l'accès aux soins de santé dans les collectivités rurales.

Des professionnels de la santé peuvent poser un diagnostic, traiter des patients et faire des consultations à distance. Le recours accru aux technologies de la télé-santé entraînera à la fois des économies et une amélioration de l'état de santé des habitants du territoire. Comme la télé-santé peut améliorer l'accès aux soins de santé, le Fonds spécial des collectivités rurales et éloignées devrait servir à élargir ses applications. Il faudrait affecter ces fonds à l'achat du matériel dont les petites collectivités ont besoin ainsi qu'à l'éducation, à la formation et au soutien nécessaires pour assurer un usage et une gestion efficace de ces technologies. Les investissements en télé-santé devraient répondre aux besoins des membres de chacune des collectivités et faire en sorte que :

- des politiques permettent d'autoriser les professionnels de la santé à assurer des services de santé à distance (en particulier, d'un champ de compétence à l'autre) tous modes d'exercices confondus, public et privé ;

- les questions liées à la protection de la vie privée et à la sécurité des patients soient abordées de façon adéquate ;

-la formation et le soutien nécessaires pour faciliter l'utilisation efficace et efficiente des applications de télé-santé soient disponibles. L'impact des applications de la télé-santé sur les résultats en matière de santé dans les collectivités rurales et éloignées soit évalué ;

-et ainsi un jumelage avec les hôpitaux du nord et les écoles paramédicales du nord (téléradio, télé-santé et télé-médecine, échange de spécialistes, de généralistes et de paramédicaux et notamment des séjours réguliers de résidents en médecine et chirurgie) sera d'un grand apport.

Agir sur les conditions socio-économiques pour améliorer la santé:

- Il faudrait utiliser le Fonds spécial des collectivités rurales et éloignées pour :

- soutenir des moyens novateurs ;

- d'assurer des services de santé aux petites collectivités ;

- et d'améliorer l'état de santé de leurs habitants.

Les approches polyvalentes visant :

- à renforcer le capital social ;

- à construire une base économique viable ;

- et à favoriser des comportements positifs en matière de santé, ne sont pas nombreuses non plus. Mais il y a tout de même quelques bons modèles à suivre, par exemple l'Initiative de l'OMS : le mouvement «Villes santé», les projets de développement communautaire. Ce sont des approches larges qui ne se concentrent pas sur une maladie particulière, mais tiennent compte d'un certain nombre de facteurs qui influent sur la santé de la population.

Le Fonds spécial des collectivités rurales et éloignées devrait servir à aider les wilayas, les collectivités et les autorités de la santé à créer à mettre en œuvre un éventail de modèles et d'approches. Pour atteindre ce but, il faut instaurer un processus d'évaluation et de diffusion des résultats de ces projets et, en particulier, souligner les pratiques exemplaires et permettre aux collectivités des zones démunies et éloignées de tirer profit des expériences des autres. Il faudrait financier des projets qui répondent aux besoins reconnus des collectivités qui ont recours à des approches novatrices et qui peuvent améliorer globalement l'état de santé des habitants des petites collectivités de l'ensemble du pays.

Il faut toujours avoir en mémoire le rôle de la femme !

La contribution de la femme au système de santé algérien est déjà effective. En effet, les femmes représentent plus de 65% du corps des médecins et plus de 75% du corps des pharmaciens. Le corps paramédical (sages-femmes, infirmières...) avoisine également les 75% de l'effectif total.

Dans le cadre de ce projet, la femme occupe une place privilégiée et représente le pilier de «l'éducation pour la santé».

En effet, dans certaines régions rurales, de par les traditions et coutumes locales, la population établit de meilleurs contacts vis-à-vis d'un interlocuteur de sexe féminin. L'équipe médicale, dans le cadre de son exercice quotidien, doit comprendre en son sein des éléments féminins.

Ces éléments seront admis et acceptés dans les foyers et pourront mener à bien les missions auprès de la femme, s'enquérir de son état de santé et de celui de ses enfants.

Le rôle de la femme est doublement important dans le cadre de cette réflexion. Outre le rôle social qu'elle détient, qu'elle soit maman ou professionnelle de la santé, sa participation est en effet indispensable du fait qu'elle représente la moitié de la population générale d'une part, et d'autre part, elle constitue de par sa proposition dans les effectifs des personnels de santé un élément important.

Et faire un clin d'œil à l'énergie solaire :

Depuis quelques années, certains pays d'Europe engagent des politiques volontaristes visant à accélérer l'accès à la rentabilité des systèmes photovoltaïques. Ainsi, l'Allemagne a par exemple décidé de racheter les kilowattheures photovoltaïques produits sur ses réseaux publics à un tarif permettant aux opérateurs d'amortir des installations sur des durées économiquement acceptables (environ 15 ans).

Selon l'Office of Technologie Assessement du Congres américain, les réserves mondiales connues de pétrole seront épuisées en 2037 et, parallèlement, la demande d'énergie ne cesse d'augmenter (la production mondiale d'électricité a triplé depuis 1960). Ainsi, l'énergie photovoltaïque semble plus que jamais une énergie d'avenir.

L'énergie solaire est une ressource très intéressante à utiliser dans les zones dépourvues d'installations électriques traditionnelles. Cependant, le fait que les équipements premiers nécessaires à l'exploitation de cette énergie nouvelle reviennent très cher, on ne doit y recourir que dans les zones vraiment isolées. Néanmoins, si à l'instar de certains pays occidentaux, l'Etat, par le biais de l'opérateur public chargé de l'électricité et du gaz, des banques, s'engageait à prendre en charge de telles initiatives, les bénéfices engendrés seraient importants sur le plan économique, environnemental et ainsi serait assurée la disponibilité en couverture électrique des zones démunies.

En effet, la durée de vie d'une telle installation est de trente ans. L'entretien consiste en le changement de l'eau des batteries tous les ans et des batteries elles-mêmes tous les cinq ans.

Le prix de revient minimum de l'équipement d'un centre de santé oscille entre de 1 et 2 millions de dinars et va jusqu'à 100 millions de dinars pour une grande structure de santé. Il serait intéressant d'en équiper une structure pilote et d'évaluer les résultats, tant sur le plan pratique qu'économique.

Plus intéressant encore est le fait de pouvoir équiper les ambulances d'un panneau solaire photovoltaïque, assurant ainsi la charge de la batterie tout au long de la journée. Cela permettrait l'utilisation d'équipements et d'appareils de premiers soins embarqués, ainsi que des gyrophares et des équipements radiophoniques sur la majorité des véhicules.

Et ainsi,

-Cela signifie qu'une partie des besoins les plus criants de la population des collectivités rurales et éloignées trouveront réponse.

-Cela signifie que l'on pourra prendre des mesures réfléchies, décisives et immédiates pour remédier aux graves pénuries de professionnels de la santé qui frappent de nombreuses petites collectivités.

-Cela signifie que des nouvelles approches, comme les équipes mobiles, comme la télé-santé, qui peuvent littéralement porter les soins de santé au cœur des collectivités rurales et éloignées, pourront remplir leurs promesses.

-A plus long terme, cela signifie que l'écart qui sépare l'état de santé des habitants des zones enclavées de celui du reste de la population algérienne pourra s'atténuer.

«? L'Homme est un être bio-psycho-social en interaction constante avec son environnement. Il doit faire face au changement?» [Calista Roy : Etats-Unis]

« ? L'être humain est soumis aux mêmes lois de la nature, qu'il soit malade ou en bonne santé? » [Florence Nightinagale ; Angleterre-1959]

Enfin, la santé est le résultat de l'interaction complexe entre l'économique, le culturel, le biologique et l'environnement

(* ) DSP de Mostaganem