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Constantine - Appareillages d'aides techniques à la marche: L'Association des handicapés moteurs monte au créneau

par A. Zerzouri

L'Association des handicapés moteurs de la wilaya de Constantine dénonce un «marché de dupes» concernant la convention de prestations de services aux handicapés, signée, en 2012, et liant la Cnas et l'Onaaph (fournisseur d'équipements pour personnes handicapées), notamment pour ce qui est de l'octroi de chaises électriques roulantes ou voiturettes pour les handicapés moteurs. Très remonté contre ces deux organismes, le SG de l'Association des handicapés moteurs de la wilaya de Constantine, Brahim Serrar, nous dira que les handicapés moteurs rencontrent d'énormes difficultés avant et après l'acquisition de tricycles à moteurs, chaises électriques et autres accessoires. Pour de nombreux handicapés, «c'est le parcours du combattant qui les attend sur ce chemin plein d'embûches», dira notre interlocuteur.

Ajoutant que contrairement à ce qu'on avance, dans des occasions de célébration des journées des handicapés, le terrain dévoile une toute autre histoire qui commence par des complications et se termine sur des complications.

Au départ, les handicapés qui se présentent avec une prescription de spécialistes, faisant état de l'incapacité de se déplacer du patient tétraplégique et, en conséquence, de la nécessité d'octroi d'une chaise électrique ou tricycle à moteur pour le concerné, se retrouvent souvent confrontés aux rejets des médecins conseils de la Cnas, qui ne sont pas des spécialistes, précise M. Brahim Serrar, et qui avoue qu'on aurait admis que ces médecins conseil orientent le demandeur du matériel vers un expert pour consolider leur point de vue, rejetant la prescription du premier spécialiste. Les handicapés en possession d'une prescription établie par un spécialiste, et dont les demandes de chaises électriques et tricycles à moteur sont rejetées, sont choqués au bout du parcours. Et, c'est vers l'Association qu'ils se retournent pour exposer leurs préoccupations. Nous avons de nombreuses plaintes à ce sujet, dira M. Brahim Serrar, et d'autres plaintes, encore, concernant le matériel lui-même, de «mauvaise qualité» ou «défectueux», lorsque l'handicapé arrive à en décrocher un, au bout de «procédures éreintantes».

Citant dans ce contexte le cas d'un handicapé paraplégique qui «s'essouffle» à courir derrière son tricycle à moteur, depuis 2016 et qui n'est pas encore entré en possession de sa voiturette à moteur. Il a obtenu, dans un premier temps, sa voiturette, après toutes les démarches nécessaires, mais il s'est avéré que cette dernière présentait un défaut de fabrication, touchant la direction et des bruits anormaux dans le moteur. Bénéficiant du service après-vente, le tricycle a été renvoyé à l'usine de montage, situé à Bordj Bou Arréridj, sans que les problèmes ne soient corrigés. Le propriétaire revient, encore, pour solliciter cette fois-ci le changement de la voiturette, mais on lui refusera cette option, prétextant le fait que le numéro de série a été noté sous son nom et qu'il n'y a que la possibilité de la réparation gratuite qui lui est offerte. L'handicapé, à bout de patience après tant de souffrance et de dépenses pour remettre en l'état, sa voiturette, qu'il transportait à chaque fois dans une camionnette pour aller la remettre au service prestataire d'El Khroub, envisage sérieusement de recourir à la justice pour avoir ses droits avec les dommages et intérêts. «C'est l'Etat qui paie la facture du tricycle à moteur (ndlr, la Cnas rembourse à 100% les assurés sociaux, à mobilité réduite pour l'acquisition d'appareillages et d'aides techniques à la marche), et de tous les accessoires pour handicapés, mais au final on trouve, toujours, des rouages grippés, des gens qui ne sont là que pour placer les bâtons dans les roues, pour compliquer l'existence des handicapés», soupire le SG de l'Association des handicapés moteur de la wilaya de Constantine, qui compte pour sa part soumettre ce cas «très pénible», et «qui n'est pas isolé», affirme-t-il, au directeur central des prestations de service de l'Onaaph.

Il faut, quand même, relever, que l'Onaaph Constantine a pris en charge, durant l'année 2016, plus de 43.500 handicapés moteur, issus de 5 wilayas de l'est du pays, qui ont bénéficié d'appareillages orthopédiques et d'aides techniques à la marche dont des prothèses, des corsets, des orthèses, des fauteuils roulants, des motocycles, des cannes et des chaussures orthopédiques. «Il est possible que des problèmes surviennent dans la prise en charge de cette population, mais on ne lésine pas sur les moyens pour tenter de trouver des solutions appropriées», assure un cadre de l'Onaaph, de la direction générale, qui précise que parfois, la solution n'est pas, directement, entre les mains de l'Onaaph, «car d'autres parties sont, également, engagées dans le processus de règlement des conflits».