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L'objectif du président a été trahi

par Chaïb Aïssa-Khaled*

A l'heure actuelle, l'épaisseur de la sinistrose affectant cette Algérie qui subit les méfaits des siens, en sus de la juxtaposition du terrorisme en tout genre et de la mal vie à laquelle on a même voulu donner un nom, est telle que celle-ci donne l'impression de traîner presque volontiers et à contresens de ce qui fait la force et la grandeur des nations modernes, de ces nations qui comptent sur elles-mêmes, sur leurs jeunesses, sur leurs potentialités pour aller de l'avant et progresser.

Les Algériennes et les Algériens abandonnés alors face à eux-mêmes, face à l'exclusion, à l'injustice, au besoin et parfois à l'extrême pauvreté, (ces désordres sociaux qui sont à l'origine de tous les maux), ne croient plus en ceux qui n'arrivent pas à s'inscrire dans la confiance dont ils ont été investis par le Président Bouteflika et qui bien qu'ils lui aient fait le serment d'identifier, à sa juste valeur, l'importance de la relation qui doit les lier à leur peuple, l'ont, purement et simplement, nanisée. N'est ce pas là une trahison ?

S'engloutissant dans leurs fantasmes gluants, ils ont fini par faire en sorte que la rigueur et l'effort soient gravement altérés, que le mérite devienne une insulte, que l'esquive devant le travail devienne une preuve de virilité, que la tricherie soit élevée au rang de moyen de survie, l'arrivisme au rang de paradigme social, l'hypertrophie bureaucratique au rang de gouvernance, l'assistanat au rang d'hygiène de vie, la fuite en avant au rang de comportement. N'est ce pas là une trahison ?

S'embourbant dans leurs ambitions désarticulées et en quête de « narcose », (nakhwa), ils ont laissé libre cours à des perversions tous azimuts, (malversations, corruption, déculturation, confiscation des richesses, gangstérisme de l'administration, délitement des fondements de l'unité nationale, mise à mort de l'espoir). Au final, la déliquescence politique, la délitescence sociale et la délinquance économique, sont telles que le népotisme et le clientélisme élevés au rang de stratégie de domestication de l'énergie sociale, ont fini par faire en sorte que l'inversion des valeurs se moque de la vertu. N'est ce pas là une trahison ?

Désabusés, les Algériennes et les Algériens ne croient pas en ceux qui, appelés à faire leur sort, n'ont pu se confondre dans cette gouvernance d'entreprise, qu'elle soit politique, économique ou sociale, conçue et élaborée par le Chef de l'Etat pour engendrer un pôle d'idées-forces dans le sens duquel devrait évoluer leur ascension. Faute de prospective, de souci de l'Etat et parfois même d'incompétence ce panel pourtant en charge des affaires de l'Etat qui, au lieu de concevoir et d'élaborer un plan de développement dont les objectifs et la progression devraient évoluer pour corriger les insuffisances constatées et pour résorber les déficits enregistrés aux plans multisectoriels, il s'ingénie, à fomenter des équilibres instables et qu'ils n'arrivent pas, par conséquent, à gérer. Il a fait de la scène politique un théâtre d'ombres dont l'opacité, nourrit le malaise, encourage l'inertie, nuit aux activités sociétales et discrédite la mission des institutions où les initiatives sans mémoire ou fécondes en subtilités superflues s'érigent dans des allures grandioses. Notons que cette opacité est, savamment entretenue d'une part par les pouvoirs publics parce qu'ils lui sont sous-jacents, par la myriade de ses partis satellites parce qu'ils lui emboîtent le pas, par les majorités auto proclamées parce qu'elles en sont les sous-traitantes et d'autre part, par ceux qui investissent dans le désenchantement populaire et dans la méfiance ainsi que par ceux qui n'arrivent pas à se défaire des attelages occultes parce qu'ils y trouvent leur compte. N'est ce pas là une trahison ?

Les Algériennes et les Algériens ne croient pas en cette caste qui, incapable de se réformer en vue d'une gouvernance novatrice et adaptée aux besoins des jeunes Algériennes et Algériens qui, usés par la survie et par l'embarquement vers d'autres contrées en empruntant la voie de l'humiliation si ce n'est celle de la mort, aspirent à une vie décente faite de pouvoir d'achat décent, d'éducation et de culture de qualité, d'emplois répondant aux divers profils de formation, de logement, de salaires décents, d'assistance financière, technique et administrative pour engager des projets créateurs de croissance, de voyages, de loisirs, ce qui a fini d'ailleurs par frustrer leur ambitions, par laminer leurs aspirations, par grossir leurs besoins, par affûter les contraintes qui les « cisaillent ». N'est ce pas là une trahison ?

En cette caste qui, au lieu d'opérer des ajustements aux conditions d'un monde animé par l'économie mondialisée, la démocratie*, la justice sociale, une éducation et une culture intelligentes, les progrès de la science et de la technologie et où le capital jeunesse distribue les cartes de la prospérité, s'est limitée à rendre draconien le droit à la vie décente et à renier les principes de la citoyenneté.

Les Algériennes et les Algériens ne croient pas ne croient pas en «ces messies de la 25ème heure» qui ont affiché le forfait majeur et le déni intolérable comme conduite à tenir, dont la seule mission est de renaître de leurs cendres quand bien même pour reproduire l'échec et dont le seul souci est leur confort matériel et financier. Les préoccupations des citoyennes et des citoyens réduits au statut de « sujets », voire d'infra humains, relèvent du second ordre, de l'accessoire. N'est ce pas là une trahison ?

*La démocratie : La démocratie à travers sa longue évolution historique imprégnée du caractère d'universalité, s'est affirmée comme un processus de dialogue, de concertation et de négociation entre les gouvernants et l'opposition d'une part et entre ces deux entités et le peuple, d'autre part.

Donnés en pâture aux injures du temps, les citoyennes et les citoyens algériens ne croient pas en ceux qui les gouvernent même s'il leur arrive de changer de scelle. Ils n'y croient pas parce qu'en réalité, en changeant de scelle, ces derniers ne feront que se mettre, au gré de l'humeur donc momentanément, en position d'assistance à ceux-là mêmes qu'ils ont réduits à une peuplade fauchée et déshéritée. Ils n'y croient pas parce qu'ils sont convaincus qu'en usant de cette stratégie ces « gouverneurs », n'aspirent qu'à corrompre l'âme de tous et qu'à diluer les règles de la logique universelle en matière de gestion des affaires de l'Etat dans la leur. En s'érigeant, de temps à autre, en «bienfaisants», ils veulent en fait tout acheter, tout dominer, clientéliser tous ceux qui gravitent autour d'eux quitte à laminer le lien naturel entre le mérite en tant que cause de l'élévation sociale et la valeur en tant qu'effet subséquent, quitte à renverser le système de ces unités de mesures, quitte à ce que la valeur ne soit pas l'expression du mérite mais celle de la servilité. En voulant normaliser ce contrat absurde, ces « gouverneurs » aspirent, en outre, à développer un lien névrosé entre eux et ceux qu'ils « gouvernent » pour en faire un agrégat intoxiqué. Que ceux-ci subissent les injures du manque, qu'ils s'immolent, se tailladent la peau, se jettent dans le vide, là est le benjamin de leurs soucis. N'est ce pas là une trahison ?

Par ailleurs, ces femmes et ces hommes ne croient pas, non plus, en cette opposition qui, si elle existe, fait sans vergogne dans la mégalomanie. Son action est feutrée. Ils ne croient pas également en ces syndicats qui confondent le bien avec leur volonté. Ils ne croient pas aussi en ce tissu associatif laminé malgré lui et réduit à un vulgaire applaudimètre. Mieux encore, ils n'emboîtent plus le pas à «cette intelligentsia» supposée éclairer leur conscience nationale parce qu'elle a failli à son contrat.

Tout compte fait et alors que le Président Bouteflika s'est usé à mettre de l'ordre dans le désordre qui sévissait, à revêtir le peuple de « sa toison d'or » séculaire et de lui permettre de ne plus faire dans cette léthargie qui dit son nom ou de demeurer médusé face au comportement insolite de qui que ce soit distillera ou entretiendra à son endroit orgueil et narcissisme, alors qu'il s'est usé à faire de l'Algérie un pays « fréquentable », alors qu'il s'est usé au recouvrement de l'éthique politique et à en faire cette stratégie globale qui consiste à faire valoir le droit du peuple algérien à sortir des sentiers battus et à définir, tant dans ses fondements, que dans ses objectifs, une approche politique porteuse de renaissance nationale, ceux qu'il mandata pour accomplir cette mission, ont tout simplement trahi. En effet, encoconnés dans leurs bulles, ils sont devenus une vulgaire caisse de résonnance à travers laquelle passent les doléances et les revendications citoyennes qui sont peut-être entendues mais loin d'être écoutées à telle enseigne qu'ils donnent l'impression de ne pas admettre que le propre de tout un peuple est d'exister décemment pour que soient libérées ses énergies créatrices. N'est ce pas là une trahison ?

Alors que l'autonomie du développement durable est devenue à l'échelle planétaire un objectif incontournable et duquel le Président Bouteflika fait son nord magnétique et l'axe nodal de sa gouvernance, ces derniers semblent lui tourner le dos en faisant dans le « racorni », le « répressif » et le « régressif ». Leur préoccupation lourde est loin d'être la mutation qualitative de l'Etat, la consécration de la démocratie, la distribution des responsabilités en fonction du mérite, la promotion du pluralisme politique authentique et de la société civile, la vitalisation de l'économie, l'instauration du partenariat entre les pouvoirs publics et l'ensemble des composantes de la société. Aussi, cette préoccupation est loin d'être un développement repensé pour être considéré comme une entreprise multisectorielle articulant en un tout cohérent les aspects, économiques, sociaux, sécuritaires et pourquoi pas écologiques. Elle est, par ailleurs, loin d'être la persévérance dans l'édification d'institutions crédibles, encore moins le respect des lois par tous et sans exception et de fait, celui du citoyen qui y est d'ailleurs brimé, frustré, persécuté et flagellé.

En somme, leur préoccupation lourde est celle de ceux qui n'arrivent pas encore à s'inscrire dans cette recommandation de la mondialisation et qui consiste à manager l'épanouissement des peuples et leur permettre d'évoluer, sans gêne et sans complexe, au rythme de l'international, elle est tout simplement le recours à de vulgaires artifices administratifs ou politiques sans effet, en vue de rigidifier la soumission à l'ordre établi, quelque part constitutionnalisée. Cela est dû au fait que l'activité politique soit l'apanage de personnages n'ayant aucun souci, si ténu soit-il, de l'Etat, de l'ouverture du débat sur les points forts et les points faibles de la gouvernance adoptée, du fonctionnement des institutions ; en somme de l'Etat de droit. N'est ce pas là une trahison ?

Effectivement, ces «mandatés», leurs ayant-droit et leurs sous-traitants, n'utilisent pas le pouvoir qui leur est conféré pour mettre de l'ordre dans le désordre pour lequel ils ont été instruits. Les lois qu'ils promulguent ne sont pas respectées. L'aveu d'échec est sans responsable. Leur stratégie est de violenter leur peuple à coup de discours-carotte. (Le discours chargé de sincérité et de gratitude, n'étant pas leur propre). Du coup, les institutions qui sont supposées mettre le citoyen à l'abri du besoin et protéger ses droits et ses intérêts, le donnent, crument en pâture aux injures de la débrouillardise. N'est ce pas là une trahison ?

Au seuil de chaque scrutin, on a l'impression que tout bouge pour que, paradoxalement, rien ne change. A pas de loup, la dynamique de développement, mise à mal par un multicouche de barrons qui, prétendant être fossilisés dans la matrice du système politique et en quête d'audience électorale, semble rebondir du néant comme de coutume pour dire à la « Marquise » que tout va pour le mieux ! L'objectif escompté est loin d'être une démarche encourageant une dynamique de changement par la prise en charge des défis d'envergure qui permettent d'embrayer sur la mondialisation sans inquiétude et sans trouble, par la levée des contraintes qui empêchent l'expression citoyenne de se manifester et par la prise en compte des préoccupations populaires. Il est loin d'être la pleine valorisation des ressources humaines par une école qui ne soit plus l'expression des limites qui lui sont imposées, une école pis-aller. Il est loin d'être l'expression d'un perfectionnement d'un système sanitaire hautement altéré. Il ne peut être que le même, réanimer les leviers de « l'économie souterraine » parce que chacun d'eux y trouve son compte. La pêche en eau trouble ne peut être que juteuse. Pour ce faire, le paradigme de gestion à rééditer ne peut être que la promotion de ce qui est leur propre, le discours fermé et indifférent à l'échec qu'ils ont par petites touches mais magistralement réussi, celle des pratiques malsaines en tout genre, (entre autre la permissivité et le laxisme). La tactique à mettre en œuvre en vue d'un passage en force, est de s'employer à imposer leurs initiatives quand bien même celles-ci élèvent l'exclusion au rang de valeur et affaiblissent la conscience nationale de leur peuple, (la leur étant déjà profondément altérée) et précipiter des crises aux multiples facettes. La preuve est qu'à chaque fois que le peuple algérien s'évertue à donner un sens à son existence, il est, par la «grâce» de ces androïdes, empêché d'aspirer à un mieux-être. Frustré dans ses ambitions, il bascule une énième fois d'une amorce de développement, (quoique hypothétique), vers des archaïsmes encore plus inhibants. Des pans entiers, constatant alors leurs préoccupations ignorées comme de coutume, s'abandonneront à des dynamiques destructrices. N'est ce pas là une trahison ?

Alors que dans son surplace stratégique, ce multicouche de barons s'anime, la société civile, faute de mieux, lorgne pour rien vers les retombées d'une rente hypothétique. La corruption, fondement matriciel de sa gestion, tout en altérant la morale sociale, elle a détruit le potentiel «élite». Cette entreprise d'anéantissement a généré un réseau d'allégeance politico-affairiste. Moralité, les règlements de compte se concluent par un recentrage autoritaire en faveur de l'oligarchie.

Mais qu'est-ce qui fait la force de ces androïdes ?

Ont-ils réussi à anesthésier le peuple Algérien ? Que non ! Le peuple algérien est un peuple civilisé conscient de la confiance dont il a investi le Président Abdelaziz Bouteflika malgré les efforts subversifs d' « El Magharibia ». Cependant, ces derniers coincés dans une forme humaine, se contentent de gérer son sort en s'abandonnant aux caprices du hasard. Ses ambitions, ses aspirations, ses besoins et ses contraintes ne font pas le souci des parlements, (ceux-là leur étant acquis), ce qui fausse de fait la notion d'Etat de droit. Ce n'est point là le choix du Président de la République.

Cela dit, ce qui fait la force de ces androïdes c'est qu'ils osent mais ils oublient que le peuple algérien connait ses limites. Ils s'imposent, malgré cette vérité, à une population humaine qu'ils veulent mettre au pas en l'obligeant à accompagner l'incompétence qu'ils ont érigée en norme et la médiocratie, en idéologie, à qui ils refusent le droit de maîtriser son destin pour l'orienter vers l'idéal qu'elle veut et qu'ils tentent de réduire à une peuplade qui ne peut être à l'abri de l'abus quel qu'il soit ou d'où qu'il vienne. Dès lors et se croyant confortablement installés, ces humanoïdes oeuvreront pour que cette population n'opère pas de changement en son sein car malgré la mégalomanie qui les ronge, ils sont conscients qu'une population humaine consciente est la seule assurance qui garantit la protection d'une nation. Et le peuple algérien est, hélas, un peuple conscient, un peuple qui sait à qui confier son sort.

Ce qui fait, par ailleurs, leur force, c'est le recyclage de leurs personnels.

Le recyclage de leurs personnels s'inscrit en ligne droite dans une stratégie-tactique sécularisée par le sérail. Les exemples de responsables qui ont laissé des souvenirs peu reluisants et qui au lieu d'être sanctionnés pour non gestion, se voient promus, sont légion. L'échec et l'incompétence sont devenus paradoxalement des paramètres valorisants et ce genre de carrière est devenu, de fait, protégé. Les exemples de responsables qui, bien qu'ils n'aient pas brillé, survivent et se voient même confiés d'autres missions où ils continueront à gérer par la gabegie, le mensonge et les vaines promesses. Il faut dire, que sous leur règne, un responsable protégé, bien que la faillite ait été établie, n'a de compte à rendre à personne d'autre qu'a celui qui l'a coopté. N'est ce pas là une trahison ?

Cette prime à l'échec, cette gestion pour le moins atypique des carrières et des promotions des personnels du sérail, récompensant l'incurie, l'immobilisme et la contre performance, fait école. Il s'agit là comme d'une récompense pour bons et loyaux services rendus. N'est ce pas là une trahison ?

Ce qui, par ailleurs, fait leur force, c'est le pouvoir de l'argent.

En effet, on a comme l'impression que les hommes qui se sont assignés la mission d'améliorer la condition du peuple algérien en particulier, sont sortis de l'histoire abandonnant leurs semblables aux injures de l'exploitation de l'homme par l'homme, ou plus précisément, de l'homme par l'argent.

« Il est vrai que le monde est subdivisé en blocs qui se ressemblent parce qu'ils sont unis par des réseaux financiers magistralement structurés. La répartition des richesses est telle que de nouveau l'exploitation de l'homme par l'homme est revenue en force ou sous la fausse couverture de l'idéologie de la libre entreprise, du libre échange, du libéralisme économique. Des doctrines politiques font croire aux peuples que la souveraineté des nations leur appartient, alors qu'en réalité le monde évolue au rythme des bourses mondiales interconnectées où les détenteurs de capitaux brassent des milliers de milliards de dollars et ne sont pas uniquement en occident et au Moyen-Orient. On en trouve aussi en Afrique, en Asie, en Amérique latine, en Australie et sont tous solidaires entre eux puisque leurs avoirs sont en occident et ces avoirs cachés offshore et in shore, sont entrain d'enserrer, d'étouffer l'humanité et opèrent, en toute impunité, puisque ce sont eux qui font et qui défont les pouvoirs qui décident et qui ne gèrent pas ». Quotidien d'Oran

En Algérie où le matraquage de la propagande néolibérale annihile tout sentiment de solidarité entre les hommes et où la gestion des affaires de l'Etat est aux mains de nébuleuses momifiées et omnipotentes qui ne vivent que pour asservir leur population et la transformer en produit achetable, vendable et corvéable à merci si elle échappe à l'injure du «minima» et où le cafouillage, l'improvisation, le discours creux et le rétropédalage, sont les maîtres mots qui guident l'action des gestionnaires, tous les corps d'Etat confondus, (qui ne peut être, d'ailleurs, à la hauteur des besoins du peuple), le pouvoir de l'argent, s'érigeant en réajustement structurel court-circuite ce qui devra être les réformes structurelles. Des idées susceptibles de lui faire contrepoids, n'ont pas droit de cité. Que restent-ils alors aux « petites gens » sinon que d'en faire les frais, sinon que de vivre une nouvelle forme de colonisation animée par un mode d'allocation de la rente qui privilégie l'obédience clanique sur l'efficacité économique ce qui aboutira inéluctablement à un effondrement économique qui donnera la population algérienne en pâture aux injures de sévères cures d'austérité. (Notons que des clans engloutissent par cercles de prédation et de corruption interposés des millions de dollars).

Les puissances de l'argent, s'arrogeant alors le droit de tous les droits, «surfent» sur les souffrances des Algériennes et des Algériens qui subissent leur diktat mais certainement pas dans la passivité. A cour d'idées et comme pour justifier leur choix, ceux qui les ont promues n'hésiteront pas à tenir un discours des plus saugrenus, un discours qui fait dans la démagogie culpabilisatrice pour tenter d'escamoter leur impardonnable échec. A leurs avis, ce sont « les petites gens » qui seraient les vrais responsables de cet échec, tant elles gaspillent les richesses nationales et sont dilettantes. A leurs avis, se sont les quelques réajustements salariaux consentis pour améliorer le pouvoir d'achats de celles-ci qui auraient été à l'origine de la faillite économique et pourtant se sont les fameuses parts captées qui, opérant par «dépeçage», sont en phase de mener l'Etat à l'appauvrissement, à l'abaissement.

Le désir de s'éterniser des promoteurs de « l'échec recommencé » et qui ne reculent devant aucune audace pour renforcer ce qui tend à ressembler à une gestion de cour où les différentes institutions sont réduites à des dépendances vouées à servir leur volonté de persistance et leur stratégie de musellement et à veiller à ce que l'empire exclusif de la décision oligarchique remplace le fonctionnement institutionnel et fait fi de ce postulat qui recommande de ne pas «mélanger» politique et religion ou politique et argent parce que le danger ne pourra-être qu'au rendez-vous.

En conclusion, je n'exagèrerai pas pour dire que le système de gestion des affaires de l'Etat algérien, (la masse dirigeante), est devenu un système financier des plus déréglé et des plus excessif, parce qu'au lieu d'être le ressort du développement durable national, comme souhaité par le Président Bouteflika qui veut que l'Algérie ne soit pas un pays « éteint, fermé, gelé », mais une contrée où il fait bon vivre, il a fait la partie belle aux richissimes et à leur clientèle tout « en noircissant la partie » à des pans entiers de la société en la mettant sous coupe réglée à coup de coercitions administratives et de pratiques monétaires des plus ardues.

*Directeur de l'Eduction - Professeur-Chercheur INRE