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Accord sur le nucléaire iranien: L'inquiétant revirement de Donald Trump

par Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

Le président américain, Donald Trump, annonce, coup sur coup, «décertifier» l'Accord sur le nucléaire iranien et retirer son pays de l'Unesco. Il préfère la logique de l'affrontement à celle du dialogue. Péril sur la paix dans le monde.

L'homme n'étonne plus, tant ses sorties, revirements et autres hallucinations politiques sont devenues monnaie courante; sauf qu'il s'agit du président de la première puissance militaire du monde, détenant un arsenal nucléaire terrifiant. Manifestant un caractère bipolaire, le risque est grand pour l'Humanité si jamais il est pris d'un excès de délire et que son doigt presse le bouton qui provoquera l'apocalypse.

Cet homme là, Donald Trump, accuse l'Iran d'être l'auteur et la source de la déstabilisation du Moyen-Orient, lui dont le pays déploie des bataillons entiers de soldats dans ce Moyen-Orient où il sème, depuis l'avènement de ce siècle, guerres, misère et désolations: Afghanistan depuis 2001, Irak , Syrie... L'Iran, lui, est resté chez lui depuis 2.500 ans, depuis la fin de son empire.

Il n'a colonisé aucune autre parcelle de ce monde depuis la fin de Cyrus, plus de cinq siècle, avant notre ère (530 av. JC). Accuser l'Iran de déstabiliser le Moyen-Orient alors que son propre pays y est embourbé jusque au sein des travées de l'énigmatique Daech, traduit des velléités cachées et inquiétantes pour l'Iran et la région entière ou de ce qui reste de stable dans le Moyen et Proche-Orient. «Décertifier» l'Accord sur le nucléaire iranien, voilà une autre astuce, aussi vicieuse que pernicieuse, pour renier l'engagement de son pays sur un accord qui a pris 10 ans à l'Iran et la Communauté internationale pour le finaliser. L'annonce de Donald Trump, ce vendredi, est d'autant plus énigmatique qu'il a «certifié» ledit accord à deux reprises, en avril et juillet dernier (l'accord devant être acté tous les trois mois par les signataires, selon une clause qu'il contient).

Qu'est-ce qui a pu faire changer d'avis M. Donald Trump? L'affaire nord-coréenne? L'agonie de Daech, en Syrie et en Irak? Le revirement, même partiel, sur l'Accord nucléaire, avec l'Iran, indique que M. Trump ne cherche pas l'apaisement des guerres et foyers de tensions et qu'il lui faut sa «guerre à lui aussi». Les autres présidents américains n'ont-ils pas eu chacun sa guerre ? Pourquoi hésiter? Les USA sont loin de cette horrible violence qui frappe cette région martyr du Proche et Moyen-Orient. Un océan sépare les USA du reste du monde.

Qu'adviendra-t-il des USA dans un monde en paix? Qui sauvera l'énorme complexe militaro- industriel américain et les milliards de dollars qu'il génère, en bénéfice net de tout impôt? Encore une chance que le reste des pays signataires de l'Accord avec l'Iran ( les 5 du Conseil de sécurité et l'Allemagne, plus l'Agence internationale de l'Energie) ont reconduit ledit accord, auquel cas un nouveau et immédiat foyer de tension et de guerre serait venu aggraver les maigres espoirs de paix, dans le Proche et Moyen-Orient, auxquels s'accroche encore la Communauté internationale. Que va faire encore M. Trump en se retrouvant seul à vouloir revenir sur l'Accord nucléaire avec l'Iran ? Reprendra-t-il les enchères à l'autre bout extrême de l'Asie avec la Corée du Nord? Dix contre un que la tentation le démange, alors même, que la Corée du Nord n'en n'a pas fini avec ses essais balistiques et nucléaires. Donald Trump donne l'impression d'un balancier qui joue sur la dissuasion et la menace entre la Corée du Nord et l'Iran comme pour faire «peur» au reste du monde sur le risque réel d'une déflagration mondiale. N'était-ce la très haute fonction et responsabilité qu'il occupe, toute autre personne manifestant un caractère aussi instable et menaçant aurait été internée pour menace à la sécurité publique. Du reste, non content de sa ruade envers la Communauté internationale sur le précieux accord sur le nucléaire iranien, Donald Trump annonce, simultanément, le retrait de son pays de l'Unesco.

Raison: l'entrée de la Palestine dans l'Organisation onusienne. Trump en déduit que l'Unesco est anti-israélienne. Encore cette vision basée sur «l'affrontement» même au sein d'une organisation qui promeut la culture et la science. Terrible tragédie politique d'abord pour les USA et ensuite pour le reste du monde. Encore faudrait-il que M. Donald Trump fasse la différence entre la science, la culture et la violence et la guerre. Car sa culture à lui est, manifestement, celle de la violence, qu'elle soit par les armes ou par les mots.