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Ford enterre sans regret la «rébellion» syrienne

par Kharroubi Habib

«Le président El Assad a gagné la guerre et restera au pouvoir». Ce n'est pas un partisan du chef de l'Etat syrien et de son régime qui a tenu ce propos mais l'ancien ambassadeur américain Robert Ford qui a été en poste à Damas quand ont démarré les manifestations anti-régime dont il a activement aidé les initiateurs et encouragé les radicaux d'entre eux à prendre la tête d'une rébellion armée. L'aveu a dû en coûter à ce diplomate qui fut l'élément clef dans la stratégie américaine de déstabilisation de la Syrie et le mentor des groupes «rebelles» dont il acte désormais avec cynisme la défaite.

A la question de savoir si malgré tout ces «rebelles» ont une chance de renverser en leur faveur le rapport de force sur le terrain dans certaines régions de Syrie, Robert Ford a estimé qu'ils n'ont «plus de chance de reprendre la main, à moins que les Etats occidentaux n'acceptent encore de les armer». Une conditionnalité que l'ex-ambassadeur américain à Damas n'a évoquée que pour marquer sa distance avec le revirement opéré par ces Etats ayant consisté à cesser de fournir de l'armement à ces groupes «rebelles» sur lesquels il a fondé l'espérance d'une chute rapide du régime syrien.

Les propos qu'il a tenus sur le conflit syrien dans l'interview qu'il a accordée à «The National», un médias basé à Abou Dhabi, ne sont pas ceux de quelqu'un taraudé par le regret d'avoir mis toute son énergie en 2011 à allumer le feu du conflit armé qui a coûté la vie à des centaines de milliers de citoyens syriens et ruiné leur pays. Sa guerre contre le régime syrien et son président, Robert Ford compte la poursuivre par le biais de la Cour pénale internationale (CPI) dont il n'exclut pas qu'elle se décidera à engager des poursuites contre ce dernier. Si poursuites il y aura pour le conflit syrien, Robert Ford devrait en toute justice figurer parmi ceux à qui il devra être demandé des comptes pour leurs rôles et responsabilités de ce qui est advenu en Syrie.

Nul n'oublie que l'ex-ambassadeur américain à Damas au moment où ont éclaté les premières manifestations anti-régime a troqué sa casquette de diplomate pour celle de chef d'orchestre de l'opposition et que par ses encouragements et promesses au nom de son pays il l'a poussée dans la voie de la violence et de la rébellion armée. De cela, il s'en lave les mains comme le font systématiquement en Occident les dirigeants qui n'ont pas hésité à faire semer la mort et la destruction en des pays dont les régimes ont refusé les diktats et les politiques néocolonialistes. Il est à espérer que les mémoires collectives des peuples martyrisés par leurs criminels agissements ne seront pas oublieuses et qu'il sera tôt ou tard réclamé justice contre eux au nom du principe de l'imprescriptibilité des crimes de guerre et contre l'humanité dont ils ont été les ordonnateurs et les déclencheurs.