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Fruits et légumes: Nouvelle flambée des prix

par J. Boukraa

Une nouvelle hausse des prix des fruits et des légumes a été constatée cette semaine à travers les marchés d'Oran à l'instar des autres wilayas du pays, à quelques jours de l'Aïd El Adha.

Bien que les prix changent d'un quartier à un autre et d'une commune à une autre, la tendance haussière est au rendez-vous. Après les prix très abordables enregistrés pratiquement tout au long du mois sacré de Ramadhan et durant le mois de juillet dernier, les fruits et légumes ont de nouveau flambé ces derniers jours. La salade, produit très prisé durant cette période des grandes chaleurs et durant la fête de l'Aïd El Adha, est cédée à 250 DA/kg. La tomate est passée de 40 DA à 80 DA, de même pour la courgette qui a atteint les 180 DA alors qu'elle était à 100 DA il y a quelques jours. Le prix de la pomme de terre est passé de 50 à 70 dinars. Les haricots verts sont proposés à 220 DA/kg. L'oignon à 60 DA.

Les commerçants laissent entendre que cette hausse des prix pourrait s'étaler jusqu'au mois de septembre. Les ménages s'attendent donc à une saignée et essayent de trouver le moyen d'amortir le choc. «C'est devenu une habitude depuis quelques années, les prix des fruits et légumes s'envolent à l'approche de chaque Aïd», dira une ménagère qui fait des allers-retours entre les étals au marché populaire d'El Hamri en quête d'un produit plus sûr et moins cher. Les prix sont un peu moins chers au niveau des communes limitrophes. A titre d'exemple, dans la commune d'El Kerma, la pomme de terre a été cédée hier matin à 55 dinars, les haricots verts à 150 dinars le kilo, la tomate à 70 dinars, les poivrons verts à 60 dinars le kilo et les oignons à 50 dinars.

Interrogé sur les raison de cette hausse, un marchand de légumes dont les étals étaient presque vides nous explique que les prix pratiqués au niveau du marché de gros ont connu une hausse. «Les prix de certains produits sont passés du simple au double, comme la salade. Pour mon cas, j'ai évité de m'approvisionner en gardes quantités de crainte de les voir se détériorer à cause de la chaleur d'un côté et d'un autre côté de la mévente des produits qui deviennent chers». Pour lui, il y a un certain déséquilibre entre l'offre et la demande, ce qui favorise la spéculation sur les prix. Aussi, la chaleur altère beaucoup de produits tels la salade verte et bien-sûr les tomates ou les poivrons. Alors les commerçants se tournent vers la solution de facilité qui est la compensation des pertes par un relèvement de prix au lieu de s'équiper en moyens de transport ou de stockage frigorifique. «Ces mandataires profitent de ce déséquilibre pour imposer leurs prix sur le marché national aux dépens du consommateur», explique notre interlocuteur. De leur côté, les chefs de famille expriment leur mécontentement quant à cette hausse des prix et ils craignent qu'elle ne perdure dans les prochains jours, notamment avec la rentrée scolaire et la fête de l'Aïd El Adha où le budget des ménages est souvent soumis à rude épreuve.

La banane s'envole

Même les fruits ne sont épargnés de cette hausse, puisque hormis la pastèque qui est cédée à 35 DA/kg, tous les fruits sont hors de portée des couches à faible revenu. Les raisins sont vendus entre 200 et 350 DA selon la variété et la qualité, les pêches entre 200 et 300 dinars le kilo. Même le prix de la banane qui fait partie des produits soumis aux licences d'importation a connu une hausse. Le kilo est cédé entre 350 et 450 DA, selon la qualité et l'endroit à Oran. Et un peu plus dans d'autres wilayas. De même avec ce prix, ce fruit n'est pas disponible au niveau de tous les marchés et magasins de fruits. La banane, ce fruit exotique s'est éclipsé ces derniers jours des étals de vendeurs de fruits.

Que ce soit aux marchés de Mimosa, d'Eckmühl, à la rue Maupas à Saint Eugene ou même au marché de Petit Lac, le constat est le même. Les rares revendeurs qui proposent ce fruit, l'affichent au prix exorbitant de 450 dinars le kg. Un prix que beaucoup jugent excessif. Selon un marchand de fruits à Maraval, ce prix est dû à son extrême rareté au niveau des marchés de gros des fruits et légumes. Ceux qui en ont font la pluie et le beau temps concernant les prix de vente. Ils ajouteront que les quantités proposées sont issues des derniers stocks des contingents d'importations délivrées depuis plusieurs mois et que certains spéculateurs avaient mises aux frigos. D'autres ajouteront que certains lots sont issus de la contrebande. Car, pour beaucoup, il existe des réseaux qui les ramènent du pays voisin à travers des filières bien rodées et qui prennent énormément de commissions, ce qui explique son prix. Pour rappel, en début d'année le prix de la banane avait dépassé les 1.000 dinars et en mars dernier des licences ont été octroyées à des opérateurs pour l'importation de 55.000 tonnes de ce fruit.

Depuis le début de l'année, le coût de la vie ne cesse de progresser, réduisant le pouvoir d'achat des Algériens. La hausse de l'inflation en juin s'est poursuivie en juillet, indique dans sa dernière note l'Office national des statistiques (ONS). Ainsi, à fin juillet 2017, l'inflation s'est établie à 6,1%, une baisse insignifiante par rapport à juin dernier, qui a enregistré une hausse de 6,5% de l'évolution des prix. Quant à l'évolution de l'indice des prix du mois de juillet 2017 par rapport à celui du mois de juin 2017, elle est de -1,4%. Selon l'ONS, la variation mensuelle et par catégorie de produit des prix des biens alimentaires est en baisse de 3,3% en juillet dernier, tirée vers le bas par la chute des prix des produits agricoles frais. Tous les produits, sans exception, enregistrent en cette seconde moitié du mois d'août une surchauffe accélérée. L'approche des traditionnelles fermetures de plusieurs jours des marchés de gros avec l'Aïd El Adha n'explique pas à elle seule cette envolée des prix des produits agricoles.