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Un communiqué dont Sidi Saïd n'a rien à attendre de bon

par Kharroubi Habib

Du secrétariat national, l'instance dirigeante suprême de la centrale syndicale UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd a probablement attendu qu'il épouse sa position dans l'affaire «Haddad-Tebboune» et lui exprime sa solidarité face au tollé qu'elle suscite et les ennuis qu'elle pourrait lui occasionner. Dans le communiqué qu'il a obtenu et qui a été rendu public lundi 24 juillet, l'instance dirigeante de la centrale a totalement occulté l'affaire en question et n'a fait état de soutien que celui qu'elle a déclaré apporter «indéfectiblement« au président de la République et à son programme.

La déclaration d'allégeance dont s'est fendu le secrétariat national de la centrale est un chef-d'œuvre d'obséquiosité dénotant que ses commettants en attendent qu'il épargne leur organisation et eux-mêmes de la possible vindicte de Bouteflika qu'ils craignent être «colère» contre l'outrecuidance de leur secrétaire général. C'est le signe aussi que l'instance dirigeante suprême du syndicat officiel n'a nullement l'intention d'entrer en résistance et à porter secours à ce dernier au cas où sa conduite à l'égard de Tebboune lui attirerait les foudres d'en haut lieu. Dans l'appareil syndical UGTA qui ne se distingue pas pour voler au secours des siens encourant la disgrâce pour avoir pris des positions provoquant le déplaisir du pouvoir en place, Sidi Saïd est déjà perçu comme un «pestiféré» qu'il faut se garder de soutenir pour ne pas récolter les désagréments qu'il lui en coûterait dont celui très redouté de se voir retirer le statut de partenaire social exclusif des autorités et source d'avantages et privilèges qu'aucun cacique de l'UGTA ne veut perdre en affichant sa solidarité avec lui.

Il bruite déjà qu'il y aurait conciliabules et concertation à l'intérieur de cet appareil pour susciter un front anti-Sidi Sidi prêt à se déchaîner contre le «patron» s'il en reçoit le signal d'en haut lieu. Contre cette fronde contestatrice qui lui viendrait des rangs mêmes de son organisation, Sidi Saïd ne pourra compter sur la popularité et le charisme qu'il pense être les siens et à même d'en imposer à ses initiateurs. En plus de vingt ans de règne sur la centrale syndicale, Sidi Saïd a certes peuplé de haut en bas ses instances d'hommes liges qui ont fait corps avec lui et conforté son autorité ayant été parfois contestée pour la ligne de soumission qu'elle a imposée à la position syndicale de l'UGTA. Mais très peu seront ses hommes liges qui lui manifesteront leur fidélité dès lors que les ennuis qui risquent d'être les siens lui seront causés non par des syndicalistes en rupture de ban avec sa conception du rôle de leur centrale, mais du pouvoir duquel elle bénéficie du monopole de la représentation syndicale.

Comme tous les dignitaires du sérail du régime qui sont passés à la trappe alors qu'ils en étaient venus à se croire des intouchables pour s'être constitué une force de dissuasion par les «fidélités» dont ils se sont entourés, Abdelmadjid Sidi Saïd a commis la faute de succomber au vertige qu'occasionne pareille certitude. Dans son cas, il suffirait que le pouvoir émette le signal qu'il n'est plus «persona grata» auprès de lui pour que fondent sur lui et «redresseurs» et ambitieux dont il a contrecarré les aspirations voyant dans sa chute la possibilité de les réaliser enfin. L'occasion de vérifier que l'adage populaire voulant que «les couteaux sont nombreux à être aiguisés quand chute le taureau» guide le comportement de nos syndicalistes officiels.