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Les rixes entre bandes rivales prennent des proportions inquiétantes: Les habitants du village Fellaoucène «pris en otage»

par Rachid Boutlelis

La énième bataille rangée qui a opposé, au cours de la semaine dernière, deux bandes rivales de délinquants dans le village Fellaoucène, communément appelé El Qaria, constitue depuis le thème principal des discussions d'une population aux abois. Situé sur le territoire de la commune de Bousfer, à la sortie nord-ouest du chef-lieu de la municipalité d'Aïn El-Turck, ce village à vocation maraîchère, ceinturé par un grand regroupement de masures hideuses constituant le bidonville «Oued namousse», s'embourbe au fil des jours dans une situation de déliquescence. Les affrontements sanglants entre délinquants armés jusqu'aux dents constituent désormais l'essentiel de l'ambiance délétère prévalant dans ce village et ce, avec un grand éventail d'impacts négatifs sur le cadre de vie de la population. Selon les habitants, cette triste situation serait engendrée par les agissements frauduleux de délinquants, dont la grande majorité serait des indus occupants dudit bidonville. Les témoignages recueillis par Le Quotidien d'Oran confirment clairement ce constat amer. Nos interlocuteurs ont exprimé «leur inquiétude devant la montée de la violence urbaine, qui se traduit à travers les fréquentes guerres des clans pour le contrôle de certains points de vente de drogue». Ils ont affirmé que «la situation se dégrade de jour en jour dans leur lieu de résidence et prend des proportions démesurées au fur et à mesure que grossit le bidonville ?'Oued namousse». «Ce n'est pas nos enfants, ce sont des individus sans foi ni loi. Ils ont commencé à s'installer dans ce bidonville au milieu des années 1990 en invoquant fuir le terrorisme. La rapine et le trafic en tout genre constituent pour beaucoup de jeunes de ce bidonville l'unique moyen de subsistance», a commenté avec une pointe de dépit un père de famille, qui demeure à El Qaria depuis une vingtaine d'années. Il importe de noter que ce village, abritant actuellement un peu plus de 7.500 âmes, qui était constitué au départ de 150 habitations, s'étend sur 40 hectares et a été inauguré en 1977 dans le cadre d'une formule de résorption de l'habitat précaire, promulguée à l'époque de la révolution agraire. Le ras-le-bol de ces habitants est lié aux séries de nuits agitées et à l'ambiance malsaine allant crescendo au fil du temps et à la dégradation de leur cadre de vie, notamment la voirie dans certaines zones. Dans les cafés et autres endroits publics, les discussions gravitent principalement autour de ce sujet. «De nombreuses familles ont carrément bradé leurs habitations pour fuir cette situation de déliquescence extrême alors que d'autres s'apprêtent à les imiter. La badauderie dans notre village est déconseillée après le crépuscule », a fait remarquer un sexagénaire domicilié en ces lieux, avant de renchérir : «La mauvaise réputation de notre village a fait que nous autres habitants, qui souhaitons fuir ce climat délétère, trouvons difficilement un acheteur pour nos maisons et quand c'est le cas, nous les cédons malheureusement à un prix dérisoire». Un autre responsable de famille a tenu à signaler qu'«il existe un cantonnement de la garde communale dans notre village où il était prévu en principe l'installation d'une brigade de la Gendarmerie nationale pour assurer notre sécurité. Malheureusement, il semblerait que ce projet a été renvoyé aux calendes grecques au détriment de toute une population aux abois. Par le biais de représentants de notre comité de quartier, nous avons adressé un nombre indéterminé de requêtes aux autorités concernées, qui n'ont à ce jour pas encore été prises en considération». Toujours est-il que les rares agriculteurs des exploitations agricoles collectives (EAC) envisagent d'abandonner ce qui reste de leurs lopins de terre et ce, en raison de l'obstruction du lit de «Oued namousse» par des déblais provenant de constructions illicites, qui poussent comme des champignons. En effet, l'eau de cette rivière, qui était utilisée autrefois pour l'irrigation des cultures maraîchères qui ceinturaient ce village, s'est subitement tarie pour être envahie par le parpaing. Selon nos interlocuteurs, le nombre de la population du bidonville ?'Oued namousse» est en passe de dépasser celle du village d'El Qaria avec l'avancée inexorable des regroupements de masures hideuses, qualifiées par nos interlocuteurs de «véritable source de maux de la société». Il est impératif que les autorités concernées réagissent à cette montée de violence en y mettant un terme définitif pour le bien-être de toute une population aux abois. «Cela n'a que trop duré ! Nous lançons un SOS », ont résumé avec un vif désappointement nos interlocuteurs.