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Conférence du PDG de Cevital  à l'école d'économie d'Oran: Rebrab vante les bienfaits de la «colocalisation» à travers le modèle Brandt

par Houari Barti

Le groupe Cevital lancera avant fin 2017 son méga-complexe électroménager à Sétif. Un complexe, l'un des plus grands au monde, avec une capacité de production de 8 à 10 millions d'unités par an, dont 90% destiné à l'exportation. Le site de production s'étendra à terme sur une superficie globale de 110 ha, dont 50 ha couverts, a indiqué ce jeudi le patron du groupe Cevital, M. Issâd Rebrab, à l'occasion de la conférence qu'il animée à l'Ecole nationale d'économie d'Oran, intitulée «La colocalisation, facteur d'accélérateur de l'industrialisation et des exportations». Le complexe de Sétif qui a nécessité un investissement de plus de 250 millions d'euros sera à 100% intégré, emploiera pas moins de 7.500 employés et produira des appareils haut de gamme (téléviseurs, cartes électroniques lave-linge, cuisinières et climatiseurs) dont 90% destinés à l'exportation, a indiqué M. Rebrab. Grâce à l'usine de Sétif, le groupe Cevital sera le plus gros exportateur d'électroménager vers l'Europe et la région MENA.

En présence des directeurs de l'Ecole nationale d'économie d'Oran et de l'École préparatoire aux sciences et techniques d'Oran, la conférence présentée par Issaâd Rebrab devant un parterre composé essentiellement d'étudiants, avait un double objectif : présenter Brandt comme un modèle gagnant-gagnant pour la France et pour l'Algérie, mais aussi faire les yeux doux aux futurs lauréats des deux écoles. Un contrat pour le recrutement des majors de promotion de ces deux écoles devait être signé entre le directeur général de Cevital, M. Saïd Beniken et les directeurs des écoles susmentionnées. Dans son plaidoyer pour la «colocalisation» à travers l'expérience d'acquisition de Brandt par Cevital, Issaâd Rebrab dira que son groupe a repris pour la somme de 37,5 millions d'euros la marque française d'électroménager avec à la clé, la reprise de 1.300 brevets, quatre marques de prestige, à savoir Brandt, Sauter, Vedette et Dietrich, mais aussi et surtout un réseau de distribution mondial. L'acquisition de Brandt, a révélé le PDG de Cevital, a été concrétisée grâce à un prêt des banques françaises, vu que les autorités monétaires algériennes avait refusé à l'époque le transfert d'argent à partir de l'Algérie vers la France pour assurer cette transaction. «Nous avons acquis les deux grandes usines de Brandt au Vendôme et à Orléans spécialisées dans les fours de cuisson et les tables céramiques. A travers cette acquisition, nous avons sauvé 1.200 postes d'emplois en France qui étaient menacés. Quant aux usines Brandt à l'étranger, celles de Pologne, de Chine, d'Espagne et d'Italie, nous les avons toutes relocalisées en Algérie au site de Sétif, a-t-il expliqué. Par ailleurs, un autre projet industriel non moins important sera lancé avant la fin de l'année en cours à Hassi Ameur à Oran, pour la production du rond à béton et de laminés marchands, a encore annoncé M. Rebrab. Un projet qui s'est imposé après l'acquisition par Cevital du groupe italien Lucchini, premier producteur mondial de rails, selon le même modèle que celui de Brandt, à savoir une colocalisation entre l'Italie et l'Algérie.

Il est à noter que le terme «colocalisation» (ou co-localisation) est très récent. Il a été lancé pour la première fois en France au début du quinquennat de François Hollande, et ne fait pas encore l'objet d'une définition académique. Derrière ce mot on peut voir le fait, pour un pays donneur d'ordres, de faire fabriquer des composants intermédiaires industriels à forte valeur ajoutée par une main-d'œuvre qualifiée mais moins onéreuse et sur la base d'un partenariat, dans un pays étranger. Perçue comme moins péjorative que la délocalisation, la co-localisation repose sur le partage de la chaîne des valeurs et un partenariat plus équilibré Nord/Sud, mais également Sud/Sud. Elle est censée, selon les spécialistes, favoriser l'intégration économique par la production.