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Croissance économique: Le nouveau modèle applicable en trois phases

par R. N.

Le nouveau modèle de croissance économique, adopté par le gouvernement en 2016 dans la perspective de diversification et de transformation structurelle de son économie, sera exécuté en trois phases avec pour objectif d'atteindre une croissance soutenue du PIB hors hydrocarbures de 6,5% au cours de la prochaine décennie, indique le document-synthèse de ce modèle publié par le ministère des Finances sur son site web.

La première phase (2016-2019) est consacrée au décollage, qui sera marquée par une évolution de la part des différents secteurs dans la valeur ajoutée vers leur niveau cible. Quant à la deuxième phase (2020-2025), dite de transition, elle permettra la réalisation du potentiel de rattrapage de l'économie, qui sera suivie de la phase de stabilisation ou de convergence (2026-2030), à la fin de laquelle l'économie nationale épuisera son potentiel de rattrapage et les différentes variables de l'économie convergeront vers leur valeur d'équilibre. Le nouveau modèle de croissance cible un taux de croissance hors hydrocarbures de 6,5% par an entre 2020 et 2030, une «élévation sensible» du revenu du PIB par habitant qui devrait être multiplié par 2,3 fois, et le doublement de la contribution du secteur industriel dans le PIB, soit 10% contre 5,3% actuellement.

Il s'agit aussi de la modernisation du secteur agricole en vue d'atteindre les objectifs liés à la sécurité alimentaire et à la diversification des exportations. Le nouveau modèle de croissance table sur l'objectif de transition énergétique qui permettra notamment de réduire de moitié le taux de croissance de la consommation interne d'énergie, en donnant un «juste prix à l'énergie et en n'extrayant du sous-sol que ce qui est strictement nécessaire au développement».

Un nouveau système national d'investissement

L'autre objectif concerne la diversification des exportations pour soutenir le financement de la croissance économique accélérée, par le développement de nouvelles branches qui prendront le relais des hydrocarbures et du BTP. Concernant l'investissement, l'évolution requise pour réaliser ces transformations structurelles «devra relier l'investissement hors hydrocarbures à l'évolution de la productivité du capital investi. Dans ce cadre, il est simulé un niveau de croissance de la productivité globale des facteurs qui permet pour un même taux d'investissement global dans l'économie de réaliser des croissances plus élevées». A cet effet, l'amélioration de la productivité globale des facteurs devra cibler aussi bien l'investissement privé que public.

«C'est pourquoi une seconde consolidation budgétaire devra graduellement intervenir dès 2025 visant à réduire les dépenses d'équipements inscrites directement dans le budget de l'Etat, sous la condition de mettre en place un nouveau système national d'investissement en faisant appel aux partenariats publics-privés (PPP)». Sur le plan de la solvabilité externe, le nouveau modèle économique vise la réduction du gap entre les importations et les exportations hors hydrocarbures, et ce, à travers la mise en place d'une politique soutenue d'efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables qui permet de dégager un surplus conséquent de production d'hydrocarbures exportable ainsi que de l'accélération du rythme des exportations hors hydrocarbures (agriculture, industrie, services). «Les simulations montrent que sans un frein à l'explosion des importations observées au cours des dernières décennies, aucune croissance économique soutenable n'est possible», avisent les auteurs de ce document. Ainsi, «l'économie nationale doit négocier au cours de sa transition vers la vision 2030 quatre contraintes majeures: l'ampleur des transformations de sa structure productive, l'évolution de l'endettement interne, la solvabilité externe et la transition énergétique qui permettra d'augmenter les exportations d'hydrocarbures et de s'arrimer au train du nouvel ordre énergétique mondial».

Des «réformes en profondeur»

Pour concrétiser cette nouvelle vision économique, le document fournit des recommandations regroupées dans six axes «stratégiques» dont le premier axe évoque la révision du statut et la composition du comité Doing Business, en y intégrant des représentants du gouvernement et du secteur privé, mais aussi des chercheurs et consultants. Le deuxième axe concerne le financement de l'investissement à travers la mise en place d'un «véritable système national d'investissement dans les équipements publics, la reprise de la réforme du système bancaire et le développement d'un marché des capitaux.

Le troisième axe porte sur la politique industrielle qui impose de fortes accélérations de la croissance des secteurs. Le quatrième axe concerne la territorialisation du développement industriel par la réorganisation de la gestion du foncier industriel et la révision des missions de l'ANIREF.  

Le cinquième axe vise la nécessité d'assurer la sécurité énergétique et la diversification des ressources à travers un programme d'efficacité énergétique couplé à un programme industriel et technologique de développement des énergies renouvelables.

Le dernier axe porte sur la gouvernance pour qui la nouvelle vision économique doit aussi être accompagnée par une administration économique «efficace».