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Constantine - Prix de la baguette de pain: De nouvelles propositions des boulangers

par A. Mallem

«Une grève nationale des boulangers qui était programmée pour le 9 mars dernier a été désamorcée à temps grâce à de nouvelles propositions que nous avons élaborées pour régler le problème de la perte dans la marge bénéficiaire», nous a révélé hier M. Bouguerne Abdelaziz, président du bureau des boulangers de Constantine et secrétaire national de la Fédération nationale des boulangers, organisation syndicale qui active sous l'égide de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). «Après de larges consultations que nous avons menées durant le mois de février dernier auprès des gens de la corporation à Constantine, nous avons pu parvenir à un consensus national autour de ces propositions que nous avons remises à notre tutelle syndicale qui, à son tour, les a transmises au ministère du Commerce qui les a fait parvenir au Premier ministre», dira-t-il.

Et notre interlocuteur d'expliquer ensuite la nature de ces propositions et leur contenu. Selon les explications données par M. Bouguerne, elles concernent en premier lieu la récupération par les fabricants boulangers de la marge bénéficiaire qui est liée au coût de fabrication du pain, marge qu'ils ont perdue suite aux augmentations subies par les facteurs de production (électricité, gaz, salaires des ouvriers, matières premières, etc.). «Ces propositions arrangent aussi bien le producteur que le consommateur car, si elles sont appliquées, le boulanger récupérera sa marge bénéficiaire et le prix actuel de la baguette restera fixé à 10 dinars», estime-t-il. Pour cela, nous avons proposé de réduire de 50 grammes le poids de la baguette. Et cette réduction permettra au boulanger de récupérer quelque 800 dinars sur le quintal de farine. En second lieu, nous avons proposé d'appliquer aux boulangers du nord du pays les mêmes dispositions tarifaires préférentielles dont bénéficient actuellement les boulangers des régions sud pour la consommation de l'électricité et du gaz. La troisième proposition, a affirmé M. Bouguerne, concerne l'officialisation par une loi du prix de vente du pain à 10 dinars qui aidera les boulangers dans la passation de contrats avec les institutions publiques et étatiques (écoles, lycées, universités, l'armée, etc.), contrats où le prix de la baguette reste fixé à 7,5O dinars suivant la loi en vigueur. La quatrième proposition de la fédération des boulangers porte sur l'application stricte du règlement relatif à la distance de 500 mètres devant exister entre une boulangerie et une autre, disposition qui existe mais qui n'est pas appliquée, a fait remarquer Bouguerne. Enfin, la cinquième et dernière proposition des boulangers porte sur la prise en charge par l'Etat d'une partie des charges des ouvriers boulangers, entre autres la sécurité sociale.

«Ce sont là les propositions que notre bureau au niveau de Constantine a adoptées et que la fédération des boulangers a fait siennes. Elles ont été remises à l'UGCAA». Et à la fin de notre entretien, M. Abdelaziz Bouguerne a tenu à souligner que dans le cas où les problèmes soulevés demeurent encore non réglés, des comportements anarchiques au sein des boulangers de tout le pays sont à craindre et chacun va appliquer le tarif qui lui conviendra. Et de dire à la fin que le coût de fabrication de la baguette de pain, tel qu'il résulte d'une évaluation faite au niveau du bureau des boulangers de Constantine, revient à 11,57 centimes en ce début de l'année 2017. C'est dire, lancera notre interlocuteur, que dans le cas où il n'y aurait aucune réponse de la part du gouvernement aux propositions des boulangers, «nous craignons fort que ces derniers ne reviennent à l'idée de grève nationale, comme dernier recours pour la défense de leurs droits».