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Réunion de Vienne: Accord historique entre l'Opep et les non-Opep

par Yazid Alilat

Il n'y a pas eu de déception ni trop de suspense, mais l'accord attendu par les experts, lors de la première réunion, qualifiée par certains d'historique, entre les producteurs membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et non Opep hier samedi à Vienne.

Les tractations entre les deux parties, facilitées par un ?'climat optimiste'' avant la réunion mais surtout l'engagement de la Russie de participer à l'effort des pays Opep, ont ainsi abouti à une réduction de 600.000 barils/jour, comme prévu, selon le Wall Street Journal. D'autres sources, notamment Reuters, parlent d'une réduction de 560.000 b/j que vont se partager la Russie (300.000 b/j) et d'autres pays non-Opep. En fait, les tractations entre pays membres et non membres de l'Opep étaient très serrées et compliquées. Cette réunion, à laquelle ont participé 13 pays de l'Opep et une douzaine de pays producteurs non membres ?'drivés'' par la Russie, devait déboucher sur un accord pour que les producteurs non-Opep participent eux également à l'effort de réduction d'or noir sur les marchés et ainsi stabiliser les cours. Le 30 novembre dernier dans la capitale autrichienne, les 14 pays de l'Opep avaient entériné l'accord d'Alger conclu fin septembre pour ramener la production de l'organisation aux alentours de 32,5 millions b/j, soit une réduction globale de 1,2 mbj, un niveau jugé appréciable. Pour cela, le SG de l'Opep avait appelé les autres pays producteurs non-Opep à participer à l'effort de réduction de la production de pétrole pour faire remonter les cours.

La rencontre de Vienne devait examiner les modalités et les questions techniques relatives au partage des 600.000 barils/jour à réduire par les non-Opep sachant que la Russie s'est déjà engagée à réduire 300.000 barils/jour de sa production. Cette rencontre, la première en fait qui réunit autour de la même table producteurs de l'Opep et non-Opep, avait débuté en milieu de matinée au siège de l'Organisation entourée d'un climat d'optimisme, selon des participants. Un accord était en réalité dans l'air au vu des déclarations des participants. Le ministre de l'Energie Nouredine Bouterfa, arrivé vendredi à Vienne, a souligné la nécessité ?'pour les pays Opep et non-Opep de coopérer et de joindre leurs efforts pour stabiliser le marché pétrolier dans l'intérêt des producteurs et des consommateurs». M. Bouterfa s'était dit également «optimiste» de voir cette rencontre ?'consolider l'accord d'Alger et la proposition algérienne'', avant de ?'mettre en avant les efforts conjoints des pays Opep et non-Opep qui tendent à ajuster leur production en vue de mieux stabiliser le marché. «Le secrétaire général de l'Opep, Mohammed Barkindo, s'était également montré très positif avant la rencontre, estimant qu'un accord avec les producteurs non-Opep portant une réduction de 600.000 barils, allait être atteint. Il a en outre qualifié la réunion de samedi, d'»historique», le «climat politique ayant changé», a-t-il dit. A l'ouverture de la rencontre, le ministre russe de l'Energie Alexander Novak, qui la co-préside avec le SG de l'Opep, s'est dit «certain qu'aujourd'hui (les participants, ndlr) allaient surmonter les difficultés» en vue d'un accord, qualifiant la réunion «d'opportunité unique». De son côté, le ministre qatari de l'Energie, Mohamed Saleh Al-Sada, dont le pays assure la présidence tournante de l'Opep, a parlé d'une «réunion vitale pour tous les pays producteurs, l'industrie et l'économie mondiale». Le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan, Oman et le Mexique font partie des producteurs de pétrole non membres de l'Opep présents samedi à Vienne, et des invitations avaient été adressées à la Bolivie, Brunei, la Colombie, le Congo, l'Egypte, Trinidad et Tobago, au Turkménistan et à l'Ouzbékistan. Il reste maintenant à traduire dans les faits cette réduction et de savoir autant les quotas de réduction que les pays qui ont souscrit à cet effort de réduction de la production de pétrole de pays non membre de l'Opep. L'accord qui a été possible, même à ?'l'arraché'', ouvre à l'avenir de larges perspectives de coopération entre producteurs membres et non membres de l'Opep. Il est attendu que d'autres producteurs rejoignent ce mouvement naissant. Mais, dans l'immédiat, cet accord devrait faire rebondir les cours de l'or noir lundi à l'ouverture, et, surtout, donner des signes rassurants et positifs aux marchés. Avec la réduction par l'Opep de sa production de 1,2 mbj décidée le 30 novembre à Vienne, et les 600.000 b/j des autres pays producteurs, cela équivaut pratiquement à une baisse quotidienne de 2% de la production mondiale. Une donnée qui devrait redonner des couleurs aux marchés, et faire grimper les cours au-delà des 55 dollars. A la veille de la réunion de Vienne, les prix de l'or noir ont terminé vendredi à 54,16 dollars le baril à Londres, en très léger retrait par rapport à la clôture de vendredi dernier. Les marchés devraient digérer rapidement cette nouvelle donne, mais, dans tous les cas de figure, ils resteraient sur le qui-vive quant au respect de ce niveau de réduction par les pays producteurs.