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Constantine - Grève à l'Institut de Pharmacie

par A. Mallem

  «SOS, pharmacie en détresse !», c'est par ce slogan qui est revenu souvent dans la bouche des grévistes, que les étudiants en Pharmacie, ont manifesté, à leur tour, hier à l'intérieur de cet institut, situé sur l'avenue Chihani Bachir et qui renferme 1.200 étudiants environ, pendant qu'à l'extérieur des fourgons de la police anti-émeutes étaient stationnés. « Nous sommes entrés dans une grève ouverte qui ne cessera qu'après la satisfaction de nos revendications », nous ont-ils déclaré d'entrée. Leurs revendications, au nombre de 11, contenues dans une plate-forme qu'ils déclarent avoir adressée au ministère de tutelle, et dont copie nous a été remise, hier, sur le lieu de la manifestation, sont, à quelques points spécifiques près, identiques à celles de leurs collègues de la Chirurgie dentaire qui manifestaient, hier, à leurs côtés, en brandissant leurs propres revendications.

Les étudiants en Pharmacie qui avaient projeté d'organiser hier matin, une marche pacifique de leur institut du Boulevard Chihani jusqu'au CHU de Constantine, ont renoncé à cette manifestation sur instructions reçues de leurs délégués qui conduisaient la grève.

Aussi, les principales revendications des étudiants en Pharmacie sont, dans l'ordre : l'ouverture de postes pour les pharmaciens au sein des établissements hospitaliers, l'augmentation des postes de résidents, dans les différentes spécialités pharmaceutiques, fondamentales et biologiques, le passage de la 13éme à la 16ème catégorie sur la grille des salaires, en faveur de l'ensemble des docteurs en Pharmacie employés dans le secteur public et dans le secteur privé, la retraite des pharmaciens d'officine après 32 ans de service, la création d'un Statut de pharmacien-assistant, en fonction du chiffre d'affaires des officines et la création de nouvelles spécialités : pharmacie industrielle, pharmacie hospitalière et pharmacie clinique.

Les manifestants ont saisi la présence de la presse pour expliquer, dans le détail, les revendications qu'ils avancent et relater les difficultés qu'ils endurent, à Constantine, dans le domaine de la formation. « La formation à Constantine est devenue catastrophique, a déclaré un manifestant, parce que les moyens les plus élémentaires sont absents ». La nouvelle faculté qui vient d'être ouverte à l'Université 3, aurait coûté 300 milliards de centimes, a poursuivi l'orateur, mais avec ça « les responsables ne sont pas arrivés à mettre à la disposition des étudiants les conditions les plus élémentaires de la formation : le Laboratoire est dépourvu de gaz de chauffage et ils nous déplacent de Ali Mendjeli au boulevard Chihani, à 25 km de distance, pour faire les travaux pratiques dans une salle équipée en gaz de ville. Nous souffrons beaucoup, soit à cause de l'absence de matériel, soit des matériaux. On nous demandait, auparavant, des choses simples, comme par exemple, les gants, les bavettes, les polycopies, etc, qui sont à la portée de l'étudiant.

Aujourd'hui, on nous demande des matières onéreuses, comme l''alginat' utilisée par les étudiants de 3ème année pour prendre les empreintes des prothèses dentaires, acheter aussi le bol et la spatule pour mélanger la matière à la maison. Comment faire cela sans aucun professeur pour vous encadrer, ni résident, ni maître-assistant ? Comment vais-je être formé ? On demande, aussi, aux étudiants de 5ème année d'acheter, eux-mêmes, les turbines et les contre-sangles qui coûtent 6.000 DA alors que je touche une bourse trimestrielle de 4.000 DA ? ». Les étudiants en Pharmacie ont déclaré aussi qu'ils ne cessent de réclamer, mais aucun responsable n'aurait daigné prendre en charge leurs réclamations. «Nous sommes entrés aujourd'hui, dans une grève ouverte menée en coordination avec nos collègues d'Alger et de Sidi Bel-Abbès qui viennent de nous rejoindre. Et nous ne nous arrêterons pas jusqu'à ce que les responsables concernés, consentent à ouvrir le dialogue pour régler les problèmes que nous venons d'évoquer », ont conclu les étudiants, en précisant que c'est un mouvement, tout à fait indépendant, déclenché en dehors de toute organisation syndicale ou politique. Interrogé hier, le professeur Bouzitouna, doyen de la Faculté de médecine de Constantine, nous a répondu qu'il s'agit d'une grève nationale portant des revendications qui dépassent les compétences locales. « Nous avons remis la plate-forme de revendications des étudiants en grève à la tutelle et nous attendons sa réponse », a-t-il déclaré.