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Fetwa pour l'Arav

par Moncef Wafi

Au courant de cette semaine, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs s'est réuni avec le président de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) pour dénoncer les dangereuses dérives observées dans les programmes «religieux» diffusés par les chaînes de télévision privées et mettre en garde contre leurs conséquences sur l'unité nationale. L'Arav, de son côté, a rappelé sévèrement ces mêmes supports audiovisuels quant aux risques de semer l'extrémisme au sein de la société algérienne. D'un autre côté, le ministre de la Communication rappelait derechef, lors de son dernier passage à Oran, que toutes les chaînes de télé privées ne sont pas en conformité avec la loi.

Au-delà de résoudre le problème, l'équation en général paraît absurde puisque si ces mêmes chaînes « illégales », à en croire un ministre de la République, ne paraissaient plus, le problème serait résolu à la racine. Le problème ne se poserait même pas, au fait si le gouvernement respectait la logique des choses. L'Arav comme Hamid Grine et Mohamed Aïssa ont recours, pour ne pas changer, aux menaces de sanctions contre ces supports médiatiques s'ils ne modéraient pas leurs programmes et n'évitaient pas de verser dans les discours de haine et d'intolérance. Là aussi, la solution est simple, interdire d'émission toute chaîne qui n'est pas conforme avec la loi. Mais le gouvernement se suffit de cette situation de l'entre-deux chaises, laissant les logos télévisés fonctionner tout en leur serrant la bride sous le prétexte de la loi. D'un coup, il donne l'image fausse d'un pays qui respecte la liberté et la pluralité de la presse et de l'autre instrumentalise ces mêmes canaux dans des règlements de compte entre clans du pouvoir. Les exemples ne manquant pas pour illustrer nos propos.

L'Arav estime encore que les programmes religieux dans le paysage audiovisuel algérien sont phagocytés par des discours obscurantistes menaçant directement la société. Un constat qui arrive un peu en retard après tous les ravages occasionnés sur les faibles consciences par des pseudo-exégètes autoproclamés devenus de véritables vedettes de talk-show religieux à la sauce orientale. Des demi-savants qui distillent conseils et fetwas à des téléspectateurs souvent crédules semant le doute et les vérités déguisées sous le sceau de la religion. Ces chaînes ont leurs torts mais faut-il leur en vouloir pour autant, elles qui sont dans leur rôle de divertir et de pervertir la société alors que l'Etat les a bénies en amont ?