Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Législatives: Presque tous y vont

par Moncef Wafi

Le président de la République a procédé à la nomination de l'ancien ministre chargé des Relations avec le Parlement, Abdelwahab Derbal, à la tête de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE).

Le communiqué de la présidence, rendu public hier, rappelait la démarche constitutionnelle et la saisie par écrit, pour consultation, des 70 partis politiques agréés, au sujet de la proposition de M. Derbal, pour la présidence de la HIISE.

Les formations politiques avaient, jusqu'à fin octobre, pour se prononcer sur la nomination jugée d'un homme proche des islamistes. Selon le communiqué en question, le cabinet de la présidence de la République a reçu 60 réponses entre 47 accords, 9 réserves et 4 objections. Ces réponses renseignent sur la prochaine participation aux élections législatives prévues le 20 avril prochain puisqu'on se dirige vers l'adhésion de la majorité des partis politiques à cette échéance électorale. Les partis qui ont exprimé des réponses réservées, motivent leur choix par la demande, au préalable, de la mise en place d'une instance indépendante chargée de l'organisation des élections. Si le CV de Derbal ne laisse pas indifférent, ancien député d'Ennahda et ambassadeur d'Algérie en Arabie Saoudite jusqu'au printemps dernier, juriste de formation, dirigeant, également, le Bureau de la Ligue arabe auprès de l'UE, c'est toute la commission de surveillance dans sa formule actuelle qui est remise en cause par l'opposition qui y voit un simple prolongement de l'Administration. Elle reproche à ces 410 membres d'être nommés par le chef de l'Etat, entre les magistrats proposés par le Conseil supérieur de la Magistrature et «les compétences indépendantes issues de la société civile, représentant toutes les wilayas et la Communauté nationale, à l'étranger, ainsi que tous les acteurs de la société civile». Selon les textes en vigueur, cette instance veillera en théorie «à la transparence et à la probité des élections présidentielles, législatives et locales et du référendum, depuis la convocation du corps électoral jusqu'à la proclamation des résultats provisoires du scrutin». En théorie, seulement, selon l'opposition qui s'appuie sur les expériences passées pour émettre des doutes sur sa probité ou du moins sur sa neutralité. En effet, des sujets aussi sensibles que la révision des listes électorales ou leur remise aux candidats font toujours polémique. Ali Benflis, le président Talaïe el Houriet, avait déclaré ne pas trop se faire d'illusions quant à une probable «rédemption» du pouvoir à travers la constitutionnalisation d'une Haute instance indépendante de surveillance des élections. Il lui reproche de se retrouver sous l'emprise de l'institution présidentielle, expliquant que «c'est à travers la préparation et l'organisation des élections que la logistique de la fraude se met en place». Louisa Hanoune qualifiera, quant à elle, cette instance de «foire» de par sa composante pléthorique de 410 membres. Pourtant, l'annonce par Bouteflika, en mars 2015, de l'institution d'un mécanisme indépendant de surveillance des élections avait été saluée aussi bien par les formations politiques du pouvoir que celles dites de l'opposition qui y ont vu un gage de garantie concernant les prochaines échéances électorales.