Tébessa
serait-elle ce vaste musée à ciel ouvert tant ignoré par les siens ?
Aujourd'hui même, on continue de piétiner de ses propres pieds ces longues
pages d'histoire, de la préhistoire, jusqu'à une époque plus récente. De l'avis
du responsable local de l'Office national pour la protection et la gestion des
biens culturels protégés, Azzedine Lotfi, plusieurs centaines de sites et
monuments à valeur historique et archéologique ont été recensés et répertoriés
sur l'ensemble du territoire de la wilaya. Des dizaines de dolmens, constructions
mégalithiques, préhistoriques, constituées d'une ou de plusieurs grosses dalles
(tables), posées sur un socle de pierres verticales. Dans la région frontalière
d'Oum Ali, ce sont des centaines de henchirs,
endroits désignant la présence de ruines romaines qui ont été localisés. Un
chiffre qui donne à réfléchir sur le potentiel culturel, matériel et immatériel
d'une région méconnue et nécessite plus d'attention et de revalorisation de ses
biens. Des monuments à la réputation mondiale bien établie, de Gastel et ses grottes funéraires, à Tezbent,
en passant par Berzgane et sa huilerie datant de la
période romaine, Oued Djebbana ou encore à Sidi
Abdellah (Morsott) où il a été mis au jour un
mausolée romain, des témoins indélébiles, de civilisations qui se sont
succédée, des invasions dont les traces sont toujours présentes, à travers des
vestiges laissés pour l'histoire. Le même responsable a indiqué que 48
monuments et sites et sur proposition ont été soit classés dans le registre de
patrimoine national, soit en cours de l'être. Certains sont d'une richesse
architecturale qui n'est plus à démontrer, temple, arc de triomphe ou muraille,
cité toute entière (Tébessa Khalia), des restes de
constructions antiques s'étendant sur 35 ha, aqueduc et amphithéâtre, ce sont
quelques monuments que chacun d'entre nous côtoie chaque jour, mais sans en
estimer leur vraie valeur, celle-ci devrait être enseignée et transmise à des
enfants dans les manuels scolaires. Peut-on encore crier aux agressions au
quotidien dont font l'objet, la basilique sainte Crespine,
l'amphithéâtre romain ou la forteresse byzantine, sans n'en savoir rien de leur
l'histoire réelle et les raisons de leur érection ? Et si une commission de
wilaya siège périodiquement pour l'étude de l'état physique de sites
historiques, des campagnes de sensibilisation organisées dans le but de mettre
en garde les gens contre toute atteinte à ce patrimoine, partie intégrante de
notre mémoire collective. N'est-il pas temps d'exécuter dans toute sa rigueur
la loi interdisant tous les actes d'agressions et de dégradations auxquels sont
soumises ces «ruines» désignées ainsi au sens péjoratif et donc sanctionner
toute personne, physique ou morale, responsable de destruction systématique ?