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Exportation: Le poids de la bureaucratie

par Yazid Alilat

L'Etat doit faire plus pour encourager le secteur privé à exporter et éliminer les entraves bureaucratiques qui bloquent les exportateurs, dont des mesures bancaires incitatives, a estimé hier dimanche le président de l'association des exportateurs algériens (Anexal) Ali Bey Naceri. Le président de l'Anexal, a salué les mesures entreprises par les pouvoirs publics pour faciliter les exportations, mais relève qu' «elles restent encore insuffisantes». Pour la simple raison, souligne-t-il, qu'on ne voit pas sur le terrain «ces mesures». «On ne voit pas sur le terrain les orientations du chef de l'Etat visant à booster les exportations», assure-t-il comme pour dénoncer les lenteurs bureaucratiques et les entraves bancaires rencontrées par les exportateurs comme par les investisseurs. Très remonté contre le rôle négatif de l'Etat dans l'encadrement de l'économie nationale, M. Ali Bey Naceri s'est interrogé si «l'Etat va continuer, encore longtemps, à être un acteur de l'économie alors qu'il devrait s'attacher à son seul rôle de régulateur». En clair, il faut inverser la tendance et encourager, par tous les moyens, les exportations, avec un soutien en amont aux exportateurs et industriels privés, de nature à créer un cercle vertueux qui viendrait enrichir la gamme des exportations hors-hydrocarbures. Car pour lui, il faudrait que l'Algérie arrive à sortir du cercle infernal des importations de produits manufacturiers qu'elle peut et qu'elle est en mesure de produire localement et même d'exporter. Car, selon lui, l'Algérie est «encore quasiment importatrice des productions manufacturière, ce qui l'empêche d'être compétitive sur les marchés étrangers». Pour autant, le tiers des importations actuelles sont incompressibles et portent sur l'acquisition d'outils de production et de produits alimentaires. Mais, les mesures d'austérité introduites par le gouvernement à la suite de la chute du cours du baril se sont traduites par un recul des importations en valeur. Cependant, le président de l'Anexal estime, quant à lui, qu'il faut au contraire agir sur les exportations en les soutenant et les encourageant que l'on peut faire face à la crise des prix de pétrole. Pour lui, il faut «maintenant» relancer les exportations hors hydrocarbures, et non «en 2017 comme l'a déclaré le Premier ministre». «C'est maintenant qu'il faudrait commencer à le faire», affirme-t-il. Les exportateurs algériens sont au nombre de 700, selon le président de l'Anexal qui a indiqué que les filières s'améliorent avec des exportations de produits à forte valeur ajoutée, dont les produits d'équipements électriques et de demi-produits et maintenant des produits électroménagers.

Il y a également le secteur de la pétrochimie qui est actuellement en train de constituer une filière exportatrice très importante sur les marchés internationaux avec les engrais, ce qui est «en train de s'inscrire dans le concert des futurs métiers et qui permettrait de réaliser des exportations de l'ordre de 3 milliards de dollars/an d'ici deux ou trois ans», souligne M. Ali Bey Naceri. D'autre part, le président de l'Anexal n'a pas été tendre envers les initiateurs de la loi de finances complémentaire de 2009 qui avaient introduit le crédit documentaire comme moyen de paiement des importations et, surtout, entravé l'acte d'exporter et encouragé les importations. «Nous sommes en train de réparer les dégâts qu'elle a causé au commerce extérieur», car en 2009, «nous en étions à 39 milliards de dollars d'importations alors que nous programmions de les faire chuter de 5%. Le résultat a été que, dès 2010, les importations ont grimpé à 58 milliards de dollars, en 2014». Le président de l'Anexal estime par ailleurs que l'Etat doit garder sa «position de régulateur» de l'économie nationale et encourager le secteur productif privé à exporter et investir les marchés internationaux pour au moins améliorer le niveau des exportations hors hydrocarbures. Selon les douanes, le déficit commercial de l'Algérie a atteint 13,997 milliards de dollars (md usd) sur les huit premiers mois de 2016, contre un déficit de 11,06 md usd à la même période de 2015, soit une hausse du déficit commercial de 26,5%. Les exportations ont reculé à 17,56 md usd durant les huit premiers mois 2016 contre 24,71 md usd sur la même période de 2015 (-29%), alors que les importations se sont établies à 31,56 md usd contre 35,78 md usd durant la même période de l'année écoulée, soit une baisse de 4,22 md usd (-11,8%). Les exportations ont assuré la couverture des importations à hauteur de 56% durant les 8 premiers mois de 2016 contre 69% à la même période de l'année écoulée. Les exportations des hydrocarbures, qui ont représenté 93,73% du total des exportations, ont été évaluées à 16,46 md usd contre 23,4 md usd à la même période de 2015, en baisse de près de 7 md usd (-29,63%). Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles demeurent toujours faibles (6,3% du volume global des exportations) avec une valeur de 1,1 milliard usd contre 1,32 milliard usd (-16,4%) entre les deux périodes de comparaison. Selon les douanes, les exportations hors hydrocarbures sont composées des demi-produits avec 836 millions usd (contre 1,04 md usd), des biens alimentaires avec 172 millions usd (contre 186 millions usd), des produits bruts avec 52 millions usd (contre 69 millions usd), des biens d'équipements industriels avec 30 millions usd (contre 14 millions usd) et des biens de consommation non alimentaires avec 11 millions usd (contre 7 millions usd).

Dès lors, il est impératif, pour le président de l'Anexal, de «booster les exportations et lever les obstacles administratifs». Il s'agit, pour lui, de «positionner l'Algérie dans la demande mondiale et d'en être un des acteurs». Pour lui, le déficit commercial de l'Algérie va se creuser à la fin de l'année du fait de la mollesse des exportations hors hydrocarbures.