Il a eu un mal de chien. Il est malade comme un chien, lui et sa chiennerie. Il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors. Il s'en va repenti comme un chien. Il s'est comporté comme le pire des chiens. Ses enfants tels des chiots affamés. Sa femme le traite comme un chien de la pire espèce. Un chien est mieux que lui? On pourrait en faire un livre de citations canines.

Oui, mais le chien n'est pas celui qu'on croit. C'est souvent celui qu'on croise, l'air hébété, les oreilles entre la queue. Le dos courbé. Le poil mal lissé. L'odeur appuyée. Les pattes ballantes. Le froc allant. Parfois le regard hagard, il frôle les murs des immeubles et s'y adosse même lorsque l'ennui et la détresse ont pris place avant lui. Il sait qu'il va devoir errer dans la ville pour trouver de quoi subsister. Aller mendier quelques os pour le soir. Faire pitié, c'est ce qu'il sait faire le mieux. S'asseoir à même les perrons des immeubles et prendre un air accablé à chaque passage de badaud qui se dit que, finalement, il n'est pas si loin de cet état et que cela pourrait parfaitement lui arriver aussi.

Il y a les toutous à mémères. Ceux qui ne conviennent pas à la maisonnée et qui du coup font les chiens de fortune afin de se faire oublier. Ils obéissent à chacune des volontés de la maîtresse de maison. Pourvu que son courroux disparaisse.

Chienne de vie. Le chien. C'est celui pour qui travail, respect des règles sociales, prise en charge de la famille, assister les amis de la famille, des voisins, de l'ensemble de la société deviennent contraintes et corvée. Le chien. C'est celui qui aboie le mécontentement et son contraire.

Si l'homme est si proche du chien, c'est que comme lui il peut être muselé et se rabattre sur sa nature. En même temps, il se trouve des cabots mieux considérés. Et dire que le chien est le meilleur ami de l'homme. Il lui ressemble tellement que le langage humain l'intègre à toutes les expressions nécessaires pour décrire le quotidien de bani kelboune.