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Révélations du ministre du Tourisme: 65 ha de «Dounia Parc» ont été détournés

par Moncef Wafi

65 ha sur un total de 1.059 ha du «Parc des Grands Vents» d'Alger, destinés à constituer un parc citadin de villégiature pour les habitants de la capitale, ont été distribués de manière «illégale», a affirmé, ce jeudi, le ministre de l'Aménagement du Territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, Abdelouahab Nouri. Ce dernier n'en revenait toujours pas, faisant part à la presse de sa stupeur, au terme d'une visite de travail, dans la wilaya de Tipaza. Il s'est dit «abasourdi» après avoir pris connaissance du dossier ?Dounia Parc', qualifiant la situation de «très grave». Le ministre a expliqué que des lots de terrains avaient été distribués «dans un irrespect total de la législation» en absence de « toute transparence» pour implanter des «projets imaginaires». Comme premières mesures, il a annoncé que ses services ont résilié des contrats relatifs à 96 projets, dont une quarantaine de fast-food. Le ministre a également appelé à prendre des «mesures urgentes et rigoureuses». M. Nouri s'est exprimé sur l'impossibilité de relancer le tourisme national, en encourageant la culture du fast-food et le «déni de la loi», précisant que la distribution de ces terrains s'est faite, également, en absence de plans d'aménagement territoriaux, «d'où la gravité de la situation», s'est-il désolé. Quant aux bénéficiaires de ces projets, il a signalé qu'ils seront indemnisés et que les terrains seront récupérés. Pourtant, il ne donnera aucune autre précision sur l'éventuelle ouverture d'une enquête judiciaire ou administrative ou des poursuites des responsables politiques responsables de ce dossier, pour cerner ces dépassements. Depuis son lancement, le projet ?Dounia Parc' a toujours fait les choux gras de la presse nationale. Ouvert, seulement, en partie en mai 2013, le ?Parc des Grands Vents' se retrouve au cœur d'un énorme détournement de foncier. Il était une des promesses d'investissement s'élevant à cinq milliards de dollars du fonds émirati «International Investment Company» (EIIC). Depuis, Amara Benyounès annonçait que seuls 170 ha sur 1059 ha prévus seront consacrés au projet initial. Plus tard, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Abdelamdjid Tebboune, affirmait, à propos des travaux de «Dounia Parc», qu'«aucun permis de construire n'a été délivré. On n'a jamais été saisi». Quelques jours plus tôt, EIIC annonçait que la construction avait commencé. Sur 800 ha, «Dounia Parc» propose villas et appartements de standing entourés d'espaces verts. Divers équipements de loisirs parmi lesquels un golf, des «académies de tennis et de football, des centres commerciaux et des restaurants ainsi qu'une structure hospitalière privée. ?Bloom Properties' a terminé les essais initiaux et l'enquête topographique, commencent, à présent, les premiers travaux d'aménagement paysager», avait annoncé la filiale émiratie. Par ailleurs, le ministre du Tourisme a évoqué le dossier «sensible» des Zones d'expansion touristique (ZET), signalant des préparatifs en cours pour évaluer leur situation.

«Le foncier touristique est un sujet sensible qu'il faut traiter avec toute l'attention nécessaire et dans le respect des Plans d'aménagement territoriaux, pour éviter l'anarchie». Rappelons que M. Nouri a annoncé, depuis Jijel, l'envoi, prochainement, d'une commission qui se rendra dans les 14 wilayas côtières du pays, pour examiner la situation des ZET, dont la plupart ont été détournées de leur vocation initiale, causant un grand préjudice au secteur touristique et aux investissements prévus, dans le cadre de la relance du Tourisme dans le pays.