Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Bac: Des centaines de candidats malheureux ne pourront pas réintégrer leurs lycées

par S. M.

Presque personne n'en parle et personne ne semble se préoccuper du sort de centaines de milliers d'élèves exclus chaque année, des écoles. Rien que cette année, ils seraient près de 700.000 élèves, au niveau national, dont la moitié sont des malheureux candidats de la session du bac 2016, qui seront «orientés vers la vie active !» pour reprendre l'expression utilisée par les conseils de classes. Le tiers des candidats scolarisés exclus du baccalauréat auront le droit à une deuxième chance pour repasser cet examen décisif. Nombreux parents d'élèves exclus sont prêts à tout pour donner une deuxième chance à leurs enfants.

Dans la wilaya d'Oran, les exclus de l'école sont de plus en plus nombreux. Ils sont ainsi plus de 16.700 malheureux candidats qui n'ont pas obtenu leur baccalauréat cette année. Parmi ces recalés, nombreux n'auront pas le droit de réintégrer leurs lycées, en raison de la surcharge des classes. Ils devront soit repasser le bac, en tant que candidat libre, soit recourir à des moyens détournés pour revenir au lycée. Les chefs d'établissement ont un «droit de vie et de mort» sur ces exclus. Un enseignant que nous avons interrogé regrette le manque de transparence, dans la réintégration des exclus. Il prône la numérisation des effectifs des élèves pour en finir avec le diktat de certains chefs d'établissements.

«Tant qu'il n'y a pas une numérisation des effectifs scolaires, il n'y aura pas de solution définitive à ce problème. Certains chefs d'établissements manipulent les chiffres dans un but malhonnête. Ils n'hésitent plus à exclure des élèves qui ont échoué pour la première fois au bac tout en donnant la chance à d'autres élèves pistonnés. La solution est de numériser les effectifs, en donnant un matricule à chaque élève pour faciliter le travail de l'Académie dans l'élaboration des cartes scolaires. Il faut, aussi, penser à lancer un bac professionnel pour le repêchage des milliers de candidats exclus», affirme notre source. D'autres syndicalistes estiment qu'une deuxième session de repêchage des candidats ayant obtenu une moyenne de 9 sur 20 est «nécessaire».

Du côté des associations des parents d'élèves c'est l'indignation générale. Celles-ci jugent inacceptable l'exclusion d'élèves de l'école après un premier échec au bac tout en estimant que les candidats qui repassent le bac réussissent souvent à l'obtenir avec de bonnes moyennes. En attendant l'application des récentes directives du ministère de tutelle, nombreux parents d'élèves de candidats recalés seront pris en otage par les caprices de certains chefs d'établissements. Il importe de noter que le phénomène de la déperdition scolaire s'est accru, durant les années de la réforme scolaire. Le phénomène prend une ampleur préoccupante, dans les localités enclavées de la wilaya. La quasi-totalité des élèves abandonnent l'école après avoir réalisé de très mauvais résultats, en fin d'année. Le plus préoccupant est que le phénomène concerne même des élèves du cycle primaire. Ainsi, des enfants âgés à peine de 11 ou 12 ans quittent, à jamais, les bancs des écoles, sans que les services concernés n'interviennent pour prendre des mesures d'urgence pour sauver ces bambins de la rue.