Vainqueur à une large majorité de l'élection pour un nouveau SG du parti du RND, Ahmed Ouyahia a repris du «poil de la bête» et réserve un sort peu enviable à ses adversaires politiques, au sein du parti.

Principale attraction du congrès extraordinaire du RND, centré sur l'élection d'un nouveau SG et un bureau renouvelé, Ouyahia a tracé ses territoires et les alliances futures, comme le soutien du parti au Président Bouteflika, mais gardé ses distances avec les partis de l'opposition, qu'il a qualifié de faire «les clowns», lors de la traditionnelle conférence de presse de clôture du congrès. Pour lui, «les règles démocratiques consacrent l'existence d'une majorité et d'une opposition», avant de relever que le choix du RND de faire partie de la majorité «est source de fierté, qui pourrait complexer d'autres parties».

«L'Algérie est devant un virage crucial qui exige la mobilisation de tout le monde», a-t-il dit, avant de souligner que «les positions qui ne constituent pas d'alternatives ne sont, en fin de compte, que de pures agitations».

Un message clair et cruel envers l'opposition.

A l'adresse de ses «opposants», emmenés par un fougueux mais malchanceux Belkacem Mellah, il a estimé que «le recours au vote était une évidence dans la mesure où les membres des secrétariats de wilayas et du Conseil national ont été choisis par le même procédé.» Le congrès du RND «représente une victoire du droit et de la justice», avant de revenir sur les «tentatives de quelques cadres du parti de reporter la tenue du congrès». «Le Conseil d'Etat avait proclamé la nullité du recours, ce n'est que justice pour le RND», estime-t-il, soulignant, en outre, que le parti du RND, à travers ce congrès, «a renforcé ses bases et ses structures et a enraciné la culture démocratique au sein des militants».

Il s'est réjoui, également, de la hausse de la présence féminine dans les structures du parti, qui a dépassé le seuil des 30% et que la jeunesse représente désormais 27% dans les instances du RND. «Ces résultats seront très visibles à l'occasion de la tenue de la réunion du Conseil national prévue au mois de juin prochain», a noté M. Ouyahia. Le RND va se doter, a-t-il annoncé, d'un «Conseil consultatif de réflexion et de vulgarisation» dont la mission «est d'appuyer le discours et les thèses du parti, en formulant des propositions concrètes». Le nouveau SG du RND a, par ailleurs, «salué le processus de réformes engagées par le président de la République», réitérant son soutien pour «l'Armée nationale populaire et les autres corps de sécurité pour les efforts qu'ils accomplissent dans la lutte contre le terrorisme et pour la préservation de la sécurité nationale». Par ailleurs, il a déclaré que le soutien du RND au président de la République «va de soi», expliquant que cela «se justifie par son souci pour la sécurité et la stabilité du pays» : deux acquis réalisés grâce à la politique de réconciliation nationale et les réformes engagées par le chef de l'Etat».

Ce soutien «se traduit, également, par l'appui qu'apporte le RND au Gouvernement dont il est partie prenante».

Le RND a rendu hommage au chef de l'Etat « pour son rôle fédérateur et stabilisateur, à un moment où notre pays est confronté à de multiples défis sécuritaires et économiques notamment», ainsi que « pour son engagement personnel et ses sacrifices afin que l'Algérie poursuive sa progression sur la voie de l'édification et du développement».

A l'ouverture de ce congrès extraordinaire devenu «ordinaire», Ouyahia avait promis de mettre fin «à la dictature de la minorité». Et puis, il a réitéré ses convictions et son rôle de sherpa du pouvoir : «je me suis toujours mis entièrement au service de l'État et du système. Chez certains, c'est devenu un complexe d'être un parti au pouvoir.

Le RND assume sa position avec fierté», a-t-il lancé, se vantant même de n'avoir jamais milité dans un autre parti. «Le RND compte jouer, pleinement, son rôle soit au gouvernement soit au niveau des institutions élues», ajoute t-il, déclarant que le RND «n'est pas dans l'opposition.» Quant à l'opposition, il l'accuse de faire «des tours de clowns, sans présenter d'alternatives.» Enfin, il a indiqué que «le Conseil d'État a rejeté la requête de certains mécontents pour l'annulation du congrès extraordinaire.» Ahmed Ouyahia a repris son poste de SG après un vote à bulletin secret avec 1.523 voix contre 21 voix pour son rival, Belkacem Mellah. Ce congrès ordinaire du RND a réuni 1.600 congressistes à l'hôtel Aurassi, à Alger, jeudi, vendredi et samedi.