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RND: Un congrès sur fond de dissidence

par Mahdi Boukhalfa

Jamais un congrès du RND n'aura été «explosif». Ce parti, proche d'entre les proches du pouvoir, est en effet sous une menace évidente d'implosion, sinon de profonde scission, entre les militants d'hier et d'aujourd'hui.

Car le congrès extraordinaire, qui a été autorisé par la wilaya d'Alger et prévu pour les 5, 6 et 7 mai, mettra aux prises le SG par intérim, Ahmed Ouyahia, et un dauphin aux dents longues, Belkacem Mellah.

L'élection d'un «nouveau patron» du RND est le seul grand intérêt de ce congrès extraordinaire d'un parti qui semble s'effriter de l'intérieur, la contestation étant plus visible avec des revendications plus franches contre la vieille garde, accusée de marginaliser les compétences et les jeunes militants.

L'inamovible Ahmed Ouyahia est, bien sûr, au centre de cette fronde, que ses initiateurs veulent être un «travail militant permanent et non pas un mouvement de correction» au sein du parti. M. Ouyahia est revenu à la tête du parti en juin 2015 en remplacement de M. Abdelkader Bensalah, pratiquement poussé à la démission par ceux-là mêmes qui sont aujourd'hui en train de contester la candidature d'Ouyahia, qui sera évidemment en pole position pour reprendre la direction du parti. En face, Belkacem Mellah paraît un peu trop fragile. La nouveauté, cette fois-ci, est l'élection du secrétaire général par un vote à bulletins secrets. Il s'agit là d'une première, que beaucoup de partis n'ont pas adoptée. Une stratégie des partisans d'Ouyahia pour ruiner les espoirs de son «outsider» et ses partisans. En face, pourtant, l'opposition ne reste pas les mains croisées et compte perturber ce congrès, qui se tient selon un communiqué dans des conditions «non démocratiques». Dans son communiqué N°04, l'opposition indique que des membres du Conseil et du Bureau politique du parti avec les représentants de 35 wilayas se sont réunis mardi 2 mai pour faire le point de la situation avant la tenue de ce congrès. Ils ont notamment examiné la situation du parti avant ce congrès extraordinaire et les «différentes phases de sa préparation, mais surtout les dépassements et dérives enregistrées», ainsi qu'un «plan de travail pour contourner ces dérives et dépassements». «Cette réunion avait pour but de porter la voix des marginalisés et des laissés-pour-compte dans la vie du parti», indique le communiqué, qui dénonce la tenue d»'un congrès non démocratique avec la participation de 1.500 délégués désignés au profit de centaines de milliers de militants non consultés et marginalisés». «Les participants à ces réunions ont décidé, vu que toutes les dispositions organiques sur les partis dénoncent ces pratiques, de saisir le Conseil d'Etat pour invalider les résultats du congrès du RND», annonce ce communiqué qui ajoute que «le mouvement de contestation n'est pas limité dans le temps, mais se poursuivra jusqu'à obtention des objectifs pour lesquels il a été mis en place». Par ailleurs, ce congrès extraordinaire du RND verra l'élection d'un nouveau Conseil national. 1.600 congressistes sont annoncés pour un congrès où bien des «abcès seront crevés» entre militants de la vieille garde et les «jeunes loups» du parti. Ce congrès «sera déterminant dans le parcours de notre jeune parti, non pas parce qu'il aura à élire un secrétaire général, mais du fait qu'il aura à mettre un terme à une dérive apparue il y a près de quatre années, à travers diverses violations des textes fondamentaux du Rassemblement», avait indiqué Ahmed Ouyahia lors du congrès du centre du pays.

«Le RND est un parti démocratique dans sa dénomination et dans ses pratiques et le débat contradictoire devra continuer d'y exister à tous les niveaux de ses structures, et les divergences devront se résoudre même par vote. Cependant, aucune minorité, encore moins aucun groupuscule, ne pourra plus prétendre s'imposer par quelque moyen que ce soit, et encore moins, à travers la dérive de prétendus +redressements+», avait-il ajouté. Selon lui, les projets de résolutions qui seront débattus par le congrès «ont fait l'objet d'une préparation démocratique, reflétant l'opinion de la base militante dont plus de 93.000 membres se sont exprimés autour d'un questionnaire portant sur des sujets organiques et des questions nationales».

L'opposition, constituée de membres du Parlement, avait tenté au mois d'avril de bloquer ce congrès en demandant son report auprès du ministère de l'Intérieur. Mais une autorisation de la wilaya d'Alger pour la tenue de ce rassemblement aux dates fixées (5, 6 et 7 mai), avait été interprétée comme un camouflet au «clan des opposants» et une première manche pour Ouyahia dans son bras de fer contre l'opposition.