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Photo de Bouteflika: Valls plaide sa bonne foi auprès de Sellal

par Moncef Wafi

L'affaire de la photo tweetée par le Premier ministre français au  lendemain de sa visite en Algérie fait toujours polémique. La photo montrant un Valls l'œil vif et presque amusé à côté de Bouteflika, président malade et affaibli, a été très mal accueillie en Algérie, jetant un froid perceptible entre les deux pays. Les réactions de la rue et des politiques algériens ont été unanimes à condamner le tweet maladroit de Valls mais pour des raisons différentes. Le dernier en date à réagir, et après un silence incompréhensible de plusieurs semaines, est le SG du FLN qui est venu souffler de nouveau sur des braises qu'on croyait presque éteintes. La sortie médiatique de Saadani estimant que le tweet en question est une réponse à des contrats «qu'il n'avait pas obtenu» a fait réagir, et pour la première fois, Manuel Valls qui s'est cru obliger de téléphoner à son homologue algérien, Abdelmalek Sellal, pour s'expliquer et plaider sa bonne foi même si à Matignon, on juge ces attaques complètement infondées, relève Le Parisien.

La réaction de Valls, la première donc, répond aux critiques acerbes des relais du pouvoir algérien, entre organisations syndicales et patronales et partis politiques sans toutefois qu'elles ne soient officielles. En effet, aucune réaction du gouvernement algérien n'a été enregistrée si ce n'est la diatribe de Ouyahia qui accusait la France et ses relais en Algérie d'être derrière cette affaire, en s'en prenant aux nostalgiques de l'Algérie française. Ahmed Ouyahia était sorti de sa réserve, dénonçant un «complot» et qualifiant de «comportement abject» la publication de Valls. La réaction de Ouyahia, quoique en retrait de la première ligne de défense, convoquait alors plusieurs interrogations et en particulier sur sa qualité même.

Etait-ce le secrétaire général par intérim du RND qui a réagi ? Ou bien le chef de cabinet de Bouteflika ? Sa qualité conditionnant l'interprétation de sa sortie médiatique. Ouyahia chef de cabinet, c'est la première réponse officielle du gouvernement algérien étrangement silencieux suite au tweet provocateur de Valls après l'épisode virulent du Monde et ses conséquences directes sur le Sommet interministériel de Haut niveau. L'autre conséquence collatérale du cliché de Bouteflika est le dernier séjour médical du président de la République qui a choisi la Suisse pour ses «contrôles médicaux périodiques» au lieu et place de la traditionnelle France et plus précisément Grenoble après l'épisode du Val-de-Grâce. Si la destination France est classique, ce changement dans les habitudes du président répondait, selon les observateurs, à des considérations autres que médicales.

En effet, on est enclin à penser que le choix de la Suisse, loin d'être par défaut, est directement lié au traitement médiatique dont a fait l'objet la maladie de Bouteflika dans le paysage politico-médiatique en France. En plus d'être ouvertement moqué sur sa maladie par des chroniqueurs français en mal d'inspiration, les séjours médicaux de Bouteflika en Hexagone ont toujours servis d'alibi pour une récupération politique de l'extrême droite. Valls, en rendant public son appel à Sellal cherche certainement à mettre un point final à cette affaire et à apaiser les tensions nées pour remettre sur de bons rails les contrats pas encore signés entre les deux parties et plus particulièrement l'usine Peugeot, un projet cher au ministre de l'Industrie et des Mines.