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Malgré les critiques l'entourant: Ghazi fait la promo du nouveau code du travail

par Moncef Wafi

Le futur code du travail algérien répond aux exigences du nouvel ordre économique mondial, a estimé le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, en marge de sa visite effectuée, ce samedi, à Oran.

Annoncés par la tripartite puis par la tutelle pour sa promulgation en 2015, les nouveaux textes sont toujours «en phase de concertation avec les partenaires sociaux», a déclaré le ministre en faisant référence à l'UGTA et au patronat. Qualifié de «moderne», le code du travail, qui devra être soumis au gouvernement et aux parlementaires, «est en symbiose avec la convention internationale des travailleurs», ajoutera le ministre qui précisera que le nouveau document lutte contre toutes formes d'esclavage et de discrimination dans le milieu du travail ainsi que contre le travail des enfants. Pourtant, et à propos de ce dernier point, nombre d'avis contraires l'ont accompagné. En avril dernier, lors d'une rencontre-débat à Oran, initiée par la CGATA qui regroupe des syndicats autonomes, des universitaires et des avocats ont dénoncé les articles traitant du travail des enfants. Pour les présents, certaines dispositions prévoient le travail des enfants mineurs de moins de 16 ans des deux sexes, avec l'autorisation des parents ou du tuteur. Mais ce qui a été dénoncé, c'est la rédaction même des articles, notamment 48, 49 et 50, qualifiés de flou, donc, une porte ouverte à des interprétations et des dépassements graves.

D'ailleurs, un universitaire dira que «c'est de l'esclavage des enfants dont il est question ici, laissé à l'appréciation des recruteurs et employeurs». A titre d'exemple, avait-on cité, le travail de nuit ne peut être effectué par les enfants de moins de 16 ans si cela touche leur intégrité physique, mais qu'il «est autorisé avec une autorisation et soumis à déclaration», selon le nouveau code du travail. Des dispositions sont telles que même le BIT a demandé des clarifications expresses sur ce sujet, a-t-on affirmé lors de cette rencontre. Dans un entretien accordé à l'APS, le ministre El Ghazi a également mis en exergue les innovations essentielles introduites dans le projet comme les mesures contre le harcèlement sexuel, le renforcement de la protection des handicapés, la lutte contre le travail illégal, l'institutionnalisation du dialogue social sous la forme bipartite et tripartite, et l'interdiction de fumer sur les lieux de travail. Le texte prévoit aussi la révision du service minimum et l'encadrement de la médiation, le renforcement des mécanismes de traitement des données sur la situation de l'emploi et la définition des notions d'unions, fédérations et confédérations. A une question sur les craintes des travailleurs de perdre certains acquis dans cette conjoncture économique et les propositions pour la prochaine tripartite, le ministre se voudra rassurant expliquant que malgré la baisse drastique du prix du baril, le travailleur algérien n'a pas d'inquiétude à se faire et que «l'Etat veille à la préservation des acquis des travailleurs» à travers la redéfinition du contenu du salaire national minimum garanti. Le ministre rappellera également le soutien de l'Etat aux prix des produits de première nécessité, un argument de la politique qui vise «la cohésion sociale des différentes franges de la société». Cependant, les observateurs pensent que le nouveau code du travail consacre plutôt une régression comparé à celui encore en vigueur. Les syndicalistes de la zone industrielle de Rouiba, dans un communiqué diffusé au lendemain de la sortie du nouveau projet, avaient qualifié le document de «guide de l'employeur» en raison, expliquent-ils, «des atteintes graves qu'il porte aux droits fondamentaux des travailleurs et au droit syndical». En plus des restrictions sur le droit de grève, sur la précarité de l'emploi, sur la compression d'effectifs, ces mêmes syndicalistes s'insurgeaient contre «les pouvoirs exagérés et presque sans limites donnés à l'employeur, notamment dans le domaine de la discipline, le recrutement où le CDD est érigé comme une règle au nom de la flexibilité».