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Chlef: Le poulet de tous les dangers

par Bencherki Otsmane

Si de nombreux citoyens font fi des règles élémentaires d'hygiène pourvu qu'ils garnissent leur table avec un peu de viande blanche, la viande rouge, elle, n'est presque plus accessible. Les services de contrôle ont l'entière responsabilité de veiller à leur préserver au moins leur santé des conséquences fâcheuses qui peuvent découler de la consommation de produits alimentaires détériorés.

Une simple virée au marché de Bensouna en plein centre-ville de Chlef nous renseigne sur les pratiques de vente de la volaille. La viande de poulet et de dinde est mise sur des étals métalliques très sales et surtout exposée à l'air libre à la portée des clients qui n'hésitent pas à soupeser la volaille sans que le vendeur n'intervienne. Pourtant, l'instruction du ministère du Commerce à l'attention de l'ensemble des bouchers, des vendeurs de volaille et des consommateurs est claire à ce sujet et que, conformément aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur, la mise à la consommation des viandes hachées et des volailles abattues est bien claire et soumise aux principales obligations suivantes : « Pour les volailles abattues : elle doivent être éviscérées et âgées de sept (07) semaines au minimum. Elles ne doivent pas présenter d'ecchymoses (bleus) ; doivent être conservées obligatoirement sous froid (réfrigération, congélation ou surgélation) et ne pas être exposées ou mises en vente à l'air libre et /ou sur la voie publique, même suspendues à des crochets ; les abats comestibles des volailles éviscérées réfrigérés peuvent être commercialisés.

Les bouchers et les vendeurs de volailles abattues sont tenus de respecter scrupuleusement ces dispositions sous peine des sanctions prévues par la légalisation en vigueur, notamment la loi n ° 09-03 du 25 février 2009 relative à la protection du consommateur et à la répression des fraudes ». En effet, dans ce marché peu de vendeurs de volaille respectent la législation en la matière, notamment par la mise en vente de poulets évidés et emballés dans du plastique alimentaire mentionnant toutes les informations utiles aux consommateurs, ainsi que des mesures fixant les conditions d'exposition et de conservation des différents produits (viscères et abats), qui sont proposés à la vente.

Le phénomène a pris une autre tournure, la vente et l'abattage de poulets se font sur les accotements des routes nationales et chemins de wilaya. Ces points de vente de poulets vivants improvisés sont aménagés le long de ces routes, où les petites bourses trouvent leur compte, mais au détriment de l'hygiène car l'abattage s'effectue en dehors de tout contrôle sanitaire. Il faut dire que malgré l'interdiction formelle de la vente de poulets sans passer par les abattoirs avicoles où l'abattage se fait selon les normes requises, la commercialisation des poulets vivants, ramenés directement des poulaillers pour être vendus sur la voie publique dans un état de saleté lamentable, constitue une menace sérieuse pour la santé des consommateurs.

« Par manque de discernement ou par ignorance, ces derniers semblent encourager cette pratique moyenâgeuse au préjudice de leur propre santé », dira un vétérinaire révolté par l'attitude de ces gens, notamment ceux qui ont un faible revenu, à « s'approvisionner en poulet au milieu de ces espaces anarchiques où sont entassés des détritus et des restes d'abattage de volaille ».

Mais la lutte contre le commerce informel et tout ce qui touche à la santé publique est la responsabilité de tous à commencer par les services d'hygiène de l'APC, de la daïra, de la direction du commerce, de la santé, de la police et de la gendarmerie.