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Sahara Occidental: Ban Ki-Moon répond aux accusations marocaines

par Mahdi Boukhalfa

La première visite, au Maghreb, du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, réservée à la question sahraouie, sera-t-elle suivie d'une réelle avancée dans le processus d'autodétermination, au Sahara Occidental? Il est permis, en réalité, d'esquisser quelque espoirs, tant la position de M. Ban est, pour le moment, sans «équivoque» sur ses intentions de mener à son terme, un processus bloqué depuis le cessez-le- feu, à la fin des années 1980, du temps de M. Perez de Cuellar. A la fin de cette visite, en Algérie, et dans les camps de refugiés sahraouis, le Maroc ayant refusé la venue, sur son territoire, au SG de l'ONU, le secrétariat général de l'ONU a indiqué, dans un communiqué, que «le statut final du Sahara Occidental reste à déterminer par un référendum d'autodétermination», et a dans la foulée rejeté les prétentions du Maroc, sur le Sahara Occidental, qu'il estime être un territoire non autonome. «Le statut du territoire du Sahara Occidental reste à déterminer, comme il est considéré territoire non autonome», précise le communiqué du secrétariat général de l'ONU, mercredi soir.

 Le communiqué du SG de l'ONU fait suite aux accusations de Rabat contre M. Ban ki-moon et les tentatives du Makhzen de jeter le discrédit sur le SG de l'ONU, qui a rappelé que les territoires sahraouis sont, injustement, occupés par le Maroc. Mieux, l'ONU rappelle au Maroc, qu'il a lui-même signé et reconnu le statut des territoires non autonomes, dont le Sahara Occidental, avec tous les Etats membres de l'ONU, qui ont accepté de déterminer le statut final de ces territoires, en vertu des résolutions de l'Assemblée générale, adoptées, sans vote. Dans la même note de clarification au royaume marocain, l'ONU rappelle que le Conseil de sécurité a demandé aux Nations unies de faciliter les négociations, afin de parvenir à une «solution politique, mutuellement, acceptable qui permettra, l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental», estimant que «de toute évidence, l'enjeu est le statut final du territoire». M. Ban a, dès lors, réitéré son appel à de véritables négociations entre le Front Polisario et le Maroc qui doivent être menées, de bonne foi et sans conditions préalables. «L'objectif de relancer ces négociations dans un esprit plus positif est de donner de l'espoir à ces gens et leur permettre de retourner chez eux», précise l'organisation.

Situation intenable pour les Sahraouis

D'autant que le SG de l'ONU, lors de sa visite dans les camps de réfugiés, s'est rendu à l'évidence, en étant «témoin», selon le communiqué onusien, «d'une situation de désespoir» résultant de plusieurs décennies de vie, sans espoir et dans les conditions les plus dures. «Les Sahraouis méritent un avenir meilleur», a expliqué M. Ban, faisant référence, selon le secrétariat général de l'ONU, à l'occupation pour relever l'incapacité des réfugiés sahraouis, à retourner dans les territoires occupés dans «des conditions leur garantissant des arrangements de gouvernance satisfaisants et leur permettant d'exprimer, librement, leurs revendications.» Quant à l'élargissement des prérogatives de la Minurso, à la surveillance des droits de l'Homme, au Sahara Occidental, M. ban a indiqué «qu'il appartient au Conseil de sécurité de définir les mandats des missions de l'ONU».

Par ailleurs, le SG de l'ONU Ban Ki-Moon, en réponse à la réaction du Maroc qui l'a accusé d'avoir été partial, «veut faire en sorte que la question sahraouie soit, fermement, inscrite à l'agenda international, avant la fin de son mandat», a déclaré son porte-parole adjoint, Farhan, au cours d'un point de presse. «Certainement le secrétaire général estime que lui et les Nations unies sont des parties neutres», a affirmé le responsable onusien, en réfutant les allégations colportées par le Maroc, selon lesquelles le SG de l'ONU s'est «départi de sa neutralité» sur ce dossier. Bien au contraire, Ban Ki-moon «est en train de déployer, tous ses efforts, pour résoudre ce conflit», poursuit M. Haq, qui a réaffirmé que le SG de l'ONU a estimé «importante» sa récente visite dans la région qui a consisté à «attirer l'attention, une fois de plus, sur la nécessité de parvenir à une solution, à un différend, sur un territoire non autonome», qui dure depuis l'invasion marocaine du Sahara Occidental, en 1975. Après sa visite des camps de réfugiés sahraouis, M. Ban s'était s'est dit «attristé» par une tragédie humanitaire au Sahara Occidental qu'occupe le Maroc, et a tout naturellement, puisqu'il est dans son rôle, décidé de relancer la médiation de l'ONU pour ouvrir la voie à des négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc, pour l'organisation du processus référendaire, sur l'avenir de ce territoire. Il a, également, promis de faire avancer «ce processus» qui affirme le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, que les autorités marocaines occupantes ont, toujours, retardé, et tenté, depuis 1975, de faire capoter. La première tournée, dans la région, de M. Ban Ki Moon aura été, ainsi, une véritable révélation pour ce diplomate, et, surtout, lui a permis de mieux comprendre les enjeux de ce conflit, maintenu en l'état par le Maroc et ses alliés, envers les résolutions et recommandations pertinentes du Conseil de sécurité et l'arrêt définitif de la Cour internationale de Justice (CIJ). M. Ban s'est dit, en effet, «conscient» de l'influence qu'exercent certains membres du Conseil de sécurité de l'ONU sur le dossier sahraoui, ce qui l'a amené à comprendre «la colère» des Sahraouis envers l'ONU et quelques membres du Conseil de sécurité, pour avoir été oubliés pendant 40 ans. Enfin, la Haute représentante de l'UE aux Affaires étrangères et la politique de sécurité Federica Mogherini a réitéré, l'attachement de l'Union européenne (UE), à la légalité internationale sur le volet des accords agricoles signés avec le Maroc et concernant l'exploitation des richesses du Sahara Occidental occupé. La Cour de Justice de l'UE (CJUE) avait, fin 2015, annulé l'accord agricole signé, en 2012, par l'UE, avec le Maroc, à la suite d'une plainte déposée par le Front Polisario, au motif que l'accord s'appliquait au Sahara Occidental occupé.