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Les sibylles reviennent cette semaine

par Ahmed Farrah

Mais pour quels objectifs des prophètes, autrefois à l'écoute d'Apollon, qui avaient prédit la déferlante verte qui aurait pu phagocyter toutes les institutions et la société sans leur vigilance salvatrice, nous tendent aujourd'hui le miroir déformant pour regarder un passé tourmenté et compliqué à lire ? Ce n'est pas à ceux qui ont fait l'histoire de l'écrire, mais il appartient à d'autres qui ne sont ni juges, ni accusés, ni plaignants et encore moins leurs avocats de le faire. L'Histoire s'écrit dans la sérénité et avec le recul nécessaire, loin des émotions et des influences tumultueuses pour graver objectivement les faits dans la postérité avec ses propres outils et sa rationalité. Elle ne pourra pas tricher parce que le temps qui s'écoule élimine certainement et sans état d'âme tous les « introns » et tous les artefacts qui la parasitent. Le mensonge a des jambes courtes, la vérité le rattrapera toujours. Ces jours-ci, la blogosphère et les médias algériens sont devenus l'arène du coliseum où s'affrontent d'anciens gladiateurs qui portaient le pays et son « contenu » sur leurs seules épaules galonnées. Les échanges ont donné lieu à des tirs croisés entre les différents protagonistes. Les différends qui les séparent semblent d'une guerre d'arrière-garde et de repositionnement dans le backstage en attendant l'entrée de leurs jockeys dans les boîtes de départ. L'un des plus illustres s'en défend d'avoir été le faiseur de rois. Les révélations ne font que commencer, d'autres intervenants vont sûrement entrer dans le jeu pour dire leurs vérités. L'effet domino est là, mais l'histoire n'est pas que linéaire pour finir au bout du dernier domino tombé, elle va aux limites des ramifications insoupçonnées.

Aujourd'hui, quel est l'intérêt de ce déballage et de cette frénésie, pour un pays qui ne s'est pas encore remis de ses blessures encore ouvertes ? Les Algériens ont cru ne plus rouvrir ce chapitre douloureux de leur tragique passé récent, mais tout semble indiquer que ceux qui exécutent la partition se fichent de ceux qui sont dans l'auditorium, ils veulent leur faire écouter un autre son de cloche, le leur, celui du tutorat et du paternalisme moribond, même la sénilité ne les décourage pas, ils restent déterminés mais la biologie les fera abdiquer à un moment ou un autre, sans aucun doute?