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Chute des cours du pétrole - Subventions : l'Etat revoit sa copie

par M. Aziza

Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a affirmé, hier, au Parlement qu'il ne faut plus compter sur les hydrocarbures. Il a tenté, à travers ses réponses aux parlementaires sur le projet de la loi de finances 2016, de préparer l'opinion publique à des lendemains difficiles. En plus des augmentations des prix des carburants et de l'électricité, il a annoncé la révision de la politique des subventions et ce, d'ici un à deux ans. Il a affirmé qu'on a, déjà, commencé à réfléchir, pour aller vers «le ciblage des subventions» après un ou deux ans. Ceci se fera selon l'argentier du pays «graduellement» tout en protégeant les couches les plus défavorisées et les démunis. Il a précisé, dans ce sens, que certains départements ont déjà commencé à élaborer «des cartes des démunis», et ce, pour passer de la subvention généralisée à la subvention ciblée. Mais, réitère-t-il, ce sera appliqué graduellement. Il va plus loin en annonçant qu'on arrivera par la suite, à octroyer «une deuxième rémunération, un deuxième salaire aux travailleurs démunis, au lieu d'une subvention générale!». Une pratique déjà adoptée par certains pays. Le ministre veut rassurer l'opinion publique et les parlementaires qui ont, vivement, critiqué son projet et ont rejeté certains articles, en affirmant que le projet de la loi de finances 2016, vise à sauvegarder prioritairement les grands équilibres, car on ne peut plus compter sur le pétrole. Il faut se préparer pour éviter à l'Algérie de sombrer dans une crise financière aiguë. «Nous avons déjà perdu plus de 50 % de nos ressources financières». Et de rappeler qu'il n'y a pas un pays dans le monde qui consacre 19 milliards de dollars à la protection sociale, au moment où les prix du pétrole sont au plus bas.

Le ministre a indiqué que même les augmentations des prix du carburant et de l'électricité seront appliquées, à travers une politique de ciblage. «On compte rembourser les agriculteurs sur les prix du gasoil». Et de préciser que plus de 9 millions de familles ne seront pas touchées d'une façon directe par les augmentations des prix de l'électricité. Il a affirmé que «nous avons des experts et une diaspora scientifique, qui à travers le Conseil national économique et social (CNES), contribuent, avec des réflexions, à trouver des changements aux mécanismes de financement et la gestion de l'économie nationale. Le ministre des Finances a, également, précisé que, contrairement, à ce qu'a été dit, sur la règle 51/ 49, régissant les investissements, la loi de Finances 2016 l'a maintenue et elle a même élargi cette règle à d'autres secteurs tels que les services et l'importation.

Benkhalfa a, également, défendu la privatisation. «L'Algérie ne vit pas seule, nous avons une économie émergente. En 2015, il n'est pas normal qu'on exige, encore, que le capital d'une société publique soit détenu à 100% par l'État», a-t-il souligné. Le ministre des Finances a écarté, pour le moment, le recours à l'endettement extérieur en précisant que les «pertes en termes de ressources financières enregistrées par l'Algérie, en 2015, suite à la baisse des cours du pétrole ont été compensées par l'épargne des entreprises publiques et privées». Il a précisé que le gouvernement et son département vont poursuivre cette politique en récupérant les pertes par des financements locaux. Il a précisé que «les banques, aujourd'hui, travaillent avec les produits alternatifs, sans intérêts, à partir de 2016» autrement dit, le recours à la finance islamique sera effectif, à partir de 2016.

«DEGAGEZ MONSIEUR LE MINISTRE»

Pas du tout convaincus, les députés de l'opposition, notamment ceux du PT, ont carrément demandé le départ du ministre des Finances. Ils se sont levés, avant que le ministre termine son discours, pour lui demander de partir. «Dégagez Monsieur le ministre, les Algériens et les démunis ne sont pas des indigènes». Les parlementaires mécontents ont affirmé que le ministre n'a pas répondu aux questions, mais il a fait un cour magistral, il parle toujours au nom d'experts et non pas en sa qualité de ministre. Les députés disent «refuser l'octroi de cartes de démunis aux citoyens algériens et l'octroi des facilités aux prédateurs et aux requins». Et de s'interroger sur quelles bases on va différencier entre les démunis et la classe moyenne, puisque aujourd'hui, la classe moyenne souffre déjà de la dégringolade de leur pouvoir d'achat.