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La Fédération des boulangers contredit le ministre : Mais quel est le prix officiel de la baguette ?

par Mokhtaria Bensaâd

Le président de la fédération nationale des boulangers a exprimé hier sa satisfaction de la décision du gouvernement d'autoriser l'utilisation d'une nouvelle farine dans la fabrication du pain mais a affirmé que le prix de la baguette est fixé à 10 DA et non pas à 8,5 DA comme annoncé la veille par le ministre du Commerce Bakhti Belaid.

Contacté hier, M. Kalasat Youcef a expliqué qu'actuellement le prix de revient de la baguette est de 9,47 DA et ne peut pas être vendu par le boulanger à 8,5 DA. « Bien que 10 DA ne soit pas un prix annoncé officiellement, il est applicable par le boulanger. 8,5 DA, c'est un prix qui relève du passé désormais ». Concernant la nouvelle farine qui sera utilisée pour la fabrication du pain, le président de la fédération a précisé qu'il s'agit de la farine mixée, la 3SF panifiable, qui va donner un meilleur goût au pain et une meilleure qualité. Cette farine qui vient remplacer la farine blanche, la T60, utilisée habituellement pour le pain, la brioche, la pate feuilletée et autres pâtisseries, est composée à 70% de farine et à 30% de semoule. Elle sera destinée exclusivement à la fabrication du pain, a tenu à préciser M.Kalasat. Ce dernier a indiqué que cette nouvelle mesure prise par le gouvernement pour permettre aux boulangers d'améliorer leurs marges bénéficiaires a été proposée par la fédération il y a deux ans et vient finalement d'être approuvée. Pour la fédération, cette proposition fait partie d'une série de propositions qui attendent d'être satisfaites dont la suppression de la TVA pour la matière première telle que le sel, l'huile et l'améliorant aussi, l'électricité et le gaz. «Certes, nous ne payons pas de TVA pour le pain fabriqué mais nous ne bénéficions pas de cette exonération sur les charges que paye le boulanger », a souligné le président de la fédération. «La suppression de la TVA permet également une amélioration de la marge bénéficiaire du boulanger», selon M.Kalasat. Les boulangers se sont, en effet, plaints de difficultés financières tout en réclamant l'augmentation de la marge de bénéfices à 20% en réduisant le prix de la farine de 2.000 à 1.500 DA/quintal. En 2013, une commission mixte composée de représentants des ministère du Commerce, des Finances et de l'Agriculture ainsi que la Fédération nationale des boulangers, l'Office national professionnel des céréales et le groupe industriel Eriad, a été mise sur pied pour évaluer le véritable coût de la baguette de pain. La commission avait fixé le prix entre 9,5 et 10,5 DA en fonction des ingrédients utilisés.

LES MIGRANTS POUR PALLIER LE MANQUE DE MAIN-D'?UVRE

L'autre problème auquel sont confrontés les boulangers est le manque de main d'œuvre pour ce métier. Le président de la fédération regrette que les jeunes ne veulent pas se former pour devenir boulanger. Cette spécialité est désertée par les candidats à la formation professionnelle, nous dira M.Kalasat. « Les jeunes fuient cette spécialité car ils savent très bien que le métier de boulanger est difficile. Même les formateurs n'existent pas et nous sommes toujours confrontés à ce manque de main d'œuvre ».

La solution d'extrême urgence que propose la fédération pour combler ce déficit est le recours à la main d'œuvre étrangère. « Nous avons eu plusieurs demandes d'embauche de migrants africains qui détiennent des diplômes de boulangers. C'est pourquoi, nous avons sollicité le ministère pour une autorisation de recrutement de cette main d'œuvre étrangère. Nous attendons toujours la réponse », a ajouté M.Kalasat. Selon lui, cette solution relève de l'extrême urgence en attendant de motiver les jeunes sur ce métier.