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A quelques jours de l'Aïd : Surchauffe inexpliquée des prix

par Yazid Alilat

A quelques jours de l'Aïd El-Adha, les prix des principaux produits alimentaires, agricoles frais ou industriels, ont atteint des niveaux record. La hausse des prix des produits agricoles, en particulier les produits maraîchers, en cette saison, a atteint des «pics» jamais atteints jusque-là.

Qu'on en juge : la courgette est vendue entre 160 et 200 DA/kg, le navet à plus de 100 DA ou la laitue entre 120 et 200 dinars. En fait, la mercuriale a explosé sur tous les marchés de détail et de gros du pays, avec des hausses parfois inexpliquées, notamment pour les produits de saison comme les cucurbitacées (courges, courgettes, potirons, etc.). Le navet et la carotte ont également en cette période pris goût à des augmentations de prix vertigineuses. Au ministère du Commerce, aucune explication à ce phénomène récurrent de hausse des prix des produits agricoles frais, des fruits et du poisson, et en général de tous les produits agricoles frais et conditionnés. Comme il est également constaté que le ministère du Commerce, qui a toujours expliqué que cette inflation des prix est le résultat de l'offre et de la demande sur les produits, n'a jamais donné une explication convaincante du phénomène de hausse de prix même en basse saison, c'est-à-dire lorsque les produits agricoles sont abondants. Et le plus étonnant est que les prix des produits agricoles et ceux de large consommation, dont ceux subventionnés, sont affichés sur le site de la direction de la wilaya d'Alger. Ainsi, dans la rubrique ?'Relevé des prix'', cette direction de wilaya confirme, en donnant les prix de la mercuriale, le total dérèglement du marché, et l'absence d'intervention de cette même direction pour contrôler les prix, la marchandise et réglementer le marché, laissé pratiquement ?'sans pilote''. Selon la direction du commerce de la wilaya d'Alger, les prix de la courgette sont de 150 à 200 DA/kg, la pomme de terre entre 45 et 60 DA/kg, l'oignon entre 45 et 70 dinars, alors que la laitue est commercialisée entre 140 et 200 DA. Même surchauffe pour la carotte (jusqu'à 100 DA) ou le navet (jusqu'à 200), ou la tomate de saison (entre 70 et 100 DA/kg). En fait, tous les produits du couffin de la ménagère sont en ébullition : l'aubergine, un produit de saison, est vendue jusqu'à 60DA/kg, le concombre jusqu'à 100 DA ou les haricots verts (de 140 à 200 DA). Et la liste n'est pas close, puisque le piment vert est à plus de 120 DA. Pour les viandes, la hausse la plus remarquable, toujours selon les données de la direction du commerce de la wilaya d'Alger, concerne le poulet qui est cédé à 340 DA le kg ou la viande ovine à 1.300 DA le kg.

Une surchauffe quasi généralisée des prix des produits de large consommation, y compris les jus et fruits et les légumes secs. Pour le moment, le ministère du Commerce n'a donné aucune explication à cette brusque embardée des prix, même si beaucoup de produits agricoles commercialisés ne sont pas de saison, et donc sont mis sur le marché à partir des aires de stockage en froid.

A ces niveaux de prix des produits agricoles locaux, il faut également ajouter les prix des produits alimentaires importés, qui ont, eux également, enregistré une majoration de leurs prix, alors que sur les marchés internationaux, la tendance pour ces mêmes produits est à la baisse. Selon une récente étude du ministère du Commerce, les prix d'achat des matières premières destinées à l'industrie agroalimentaire, sauf pour le blé dur (+26%) et de quelques huiles alimentaires brutes (entre +16% et 80%), ont reculé. Il s'agit notamment des prix à l'importation pour la poudre de lait (-42%), de 19% pour le maïs, de 15% pour le blé tendre et de 6% pour les sucres roux.

LES MISES EN GARDE DE BELAÏB

Des baisses importantes des prix moyens sur les marchés internationaux ou nationaux ont été également enregistrées pour les produits de large consommation, dont le riz (-44%), le lait infantile (-23%), le sucre blanc (-17%), le triple concentré de tomate (-6%) et les pâtes alimentaires et couscous (-2%). Seuls les cafés non torréfiés (+3%), le thé (+8%) et le concentré et double concentré de tomate (9% et 25%) ont vu leurs cours augmenter durant cette période. Par contre, les prix moyens des lentilles ont bondi à 32%, alors que les prix des haricots secs ont chuté de 31%. S'il n'a pas dénoncé la totale anarchie des prix des produits agricoles de saison, le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, a cependant montré sa volonté de moraliser au moins le marché des produits alimentaires importés, en appelant les opérateurs à répercuter sur le marché national la baisse ou la hausse de ces produits sur le marché international. ?'Il faut que nous revenions sur une certaine orthodoxie où il y a des règles. Le fait de ne pas répercuter la chute des cours est une infraction», a averti le ministre lors d'une réunion avec les services des douanes, indiquant qu'il avait demandé à ses services de saisir les opérateurs concernés afin de répercuter les baisses sur les ventes sur le marché national. Avant d'affirmer : ?'Comme ils avaient (les opérateurs) attiré notre attention sur les hausses, aujourd'hui, c'est à nous d'attirer leur attention sur les baisses, ils ne sont pas nombreux, ils sont presque en situation de monopole», a-t-il déploré. Par ailleurs, l'indice des prix à la consommation s'est établi en hausse de 5,3% par rapport à la même période de 2014. Les biens alimentaires ont augmenté de 6,6%, les produits agricoles frais de 9,2% et les produits alimentaires industriels de 4,03%. Durant le 1er semestre 2015, le prix de la pomme de terre a bondi de 58,73%, les légumes frais de 15,36%, les poissons frais à 14,05%, le poulet à 7,76%, la viande bovine de 3,3% et la viande ovine de 2,4%, selon des chiffres de l'ONS. En outre, d'autres produits alimentaires ont enregistré des hausses remarquables, notamment les poissons en conserve (7,7%), les boissons (6,7%), pain et céréales (3,6%), lait et fromage (3,3%) et sucre (1,5%).