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Une rentrée scolaire sans nouveautés : Rien n'est encore tranché pour le bac !

par Abdelkrim Zerzouri



La nouvelle année scolaire s'annonce «tranquille» sur le front social et «sans grands chamboulements» en matière pédagogique. Pour le moment, la tutelle ne se hasarde sur aucun sentier révolutionnaire, même pas sur des chapitres qui ont déjà fait couler tant d'encre. «Aucun changement ne sera opéré dans le système du baccalauréat sans l'aval du gouvernement», a déclaré hier la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit. «La proposition soumise par les experts à l'occasion de la tenue de la Conférence nationale d'évaluation de la réforme de l'Ecole (25 et 26 juillet), concernant l'examen du baccalauréat, requiert l'aval du gouvernement car s'inscrivant dans le cadre du système national des examens», a affirmé Mme Benghebrit dans un entretien à l'APS à la veille de la rentrée scolaire 2015-2016. Plus explicite, la ministre a indiqué que son département s'attelait à réunir les propositions issues de cette conférence en vue de les soumettre au gouvernement avant la fin septembre.

Pour rappel, les participants à la Conférence avaient préconisé une réduction du volume horaire des épreuves du baccalauréat et l'organisation de deux sessions du bac, la première devant sanctionner la 2ème année secondaire et la seconde au terme de la troisième année secondaire. Pour Mme Benghebrit, l'introduction d'une 1ère session en 2ème année secondaire requiert une autre proposition consistant en la fiche d'évaluation continue pour garantir l'assiduité des élèves. Cette proposition «n'implique pas une annulation de certaines matières, mais plutôt une anticipation de l'enseignement de ces matières, dispensées en terminale», a précisé la ministre soulignant que «la fiche d'évaluation continue sera toujours en vigueur durant la 3ème année secondaire pour inciter l'élève à se présenter aux cours». Estimant dans ce contexte qu'«avant de mettre en œuvre cette proposition, nous devons disposer d'une vision exhaustive et instaurer une période transitoire, condition sine qua non si le gouvernement venait à donner son accord».

En tout état de cause, ni cette proposition, ni celle relative à l'enseignement par la ?darija', ou langue maternelle, qui a provoqué un tollé général, ne figurent sur les tableaux des classes en ce début d'année scolaire 2015 / 2016. D'ailleurs, les 131 propositions ayant sanctionné les travaux de la Conférence nationale sur la réforme de l'Ecole, dans leur globalité, doivent préalablement avoir l'aval du gouvernement avant de passer de leur application. Fin, donc, en «douche froide» de cet épisode des recommandations de la Conférence sur la réforme de l'Ecole qui promettait tant de polémique et de tension. Sur d'autres sujets, liés beaucoup plus à des questions d'ordre matériel, la ministre dresse un tableau mi-figue, mi-raisin. Vu le nombre important des élèves et le manque d'infrastructures scolaires, malgré tout ce qui a été réalisé sur ce plan, la ministre de l'Education nationale a annoncé un éventuel «recours au système des classes à double vacation et des classes mobiles» dans certaines wilayas du pays pour endiguer le problème de surcharge des classes qui pèse sur certains établissements éducatifs. Des solutions, en somme, «conjoncturelles», comme le précise la ministre, qui souligne à ce propos que «le système à double vacation ne touchera que 5% des établissements éducatifs au niveau national, sachant qu'actuellement 18% de ces établissements adoptent en partie le système à double vacation».

On relève à ce titre que l'infrastructure scolaire et l'encadrement du corps des enseignants détiennent des chiffres impressionnants, à savoir 25.946 établissements éducatifs sont opérationnels au titre de cette année scolaire dont 18.350 écoles primaires, 5.346 collèges et 2.250 lycées qui accueilleront 8.112.475 élèves dont 4.109.964 écoliers, 2.666.227 collégiens et 1.336.884 lycéens qui seront encadrés par plus de 400.000 enseignants. Quant aux manuels scolaires, où l'on s'attendait à des changements, au moins sur le plan de la correction des fautes, parfois de grosses bourdes, Mme Nouria Benghebrit a tout juste annoncé l'installation d'une commission chargée de la relecture de la nouvelle version des manuels scolaires, toutes matières confondues, et la correction d'éventuelles erreurs avant l'édition. «Une commission composée d'experts a été installée en vue de procéder à une relecture de la nouvelle version des manuels scolaires avant leur édition et avant approbation en vue de corriger les erreurs relevées dans les livres scolaires les années écoulées», a-t-elle relevé à ce propos. Si changement il y a, concernant le manuel scolaire, il aura lieu à la rentrée de l'année scolaire 2016/2017, selon les déclarations de la ministre.

Enfin, cette rentrée sera marquée par la vulgarisation de l'enseignement de la langue amazighe, qui passera de 11 à 20 wilayas, comme l'a souligné la ministre, tout en précisant d'un autre côté que «l'élargissement de l'éducation préscolaire est à même de consacrer le concept d'équité sur lequel mise le ministère, en ce sens que l'élève qui bénéficie de cette éducation a plus de chance de réussir au primaire». Pour ce qui est du défi «numérique», la ministre de l'Education a révélé que «les équipements informatiques sont disponibles» cette année au niveau de tous les établissements scolaires (primaire, moyen, secondaire). D'une manière générale, la nouvelle année scolaire se présente sous le signe «passons, il n'y a rien à voir». Pas de quoi alimenter les chaumières politiciennes.