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Terrorisme: Washington maintient l'Algérie dans la liste des zones à risques

par Yazid Alilat

Les Etats-Unis considèrent toujours l'Algérie comme une zone de risques potentiels d'assassinats terroristes, d'attentats à la bombe et d'enlèvements d'étrangers par les groupes terroristes, dont Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi). En dépit des gages politiques distribués comme des «bonbons» aux autorités algériennes sur l'amélioration de la situation sécuritaire dans le pays et la lutte efficace des services de sécurité contre la menace terroriste, d'ailleurs citée en exemple dans le monde, Washington reste cependant persuadé du contraire. C'est du moins la lecture logique qui peut être faite du dernier «travel warning» du Département d'Etat, rendu public mercredi dernier. Le Département d'État des États-Unis a renouvelé dans un nouveau «travel warning» adressé aux Américains travaillant ou voyageant en Algérie sa mise en garde contre les risques potentiels et dangers d'un voyage dans certaines régions, notamment en Kabylie, à l'est et l'extrême sud du pays. Cette nouvelle mise en garde reconduit en fait celle du mois de février dernier sur la base des informations sur la situation sécuritaire actuelle en Algérie. Le ministère US des affaires étrangères appelle ainsi les citoyens américains, en particulier ceux travaillant en Algérie, à «évaluer soigneusement les risques pour leur sécurité personnelle», le département d'Etat estimant qu'il existe «une menace élevée de terrorisme et d'enlèvements en Algérie». «Bien que les grandes villes sont fortement sécurisées, les attaques (terroristes) sont encore possibles. La majorité des attentats terroristes, y compris les attentats à la bombe, les faux barrages, les enlèvements, les embuscades se produisent dans les régions montagneuses à l'est d'Alger (en Kabylie et les wilayas de l'Est) et dans les régions désertiques du sud et du sud-est du vaste Sahara», relève la note du département d'Etat qui rappelle l'enlèvement et l'assassinat en septembre dernier du ressortissant français Hervé Gourdel par un groupe de Jund El Khalifa, même si, remarque le travel warning, «la plupart des attaques sont dirigées contre la police et l'armée algérienne». La même note d'avertissement rappelle également la mort de trois Américains lors de l'attaque terroriste de janvier 2013 du groupe de Mokhtar Belmokhtar contre le site gazier de Tiguentourine. Recommandant aux Américains d'éviter tout voyage dans l'est de l'Algérie ou au sud du pays, le département d'Etat rappelle par ailleurs que les forces de sécurité algériennes et tunisiennes mènent des opérations dans les régions frontalières, révélant l'existence «d'extrémistes le long de la frontière (algéro-tunisienne, Ndlr) et dans le mont Chaambi». Ainsi, «les voyageurs devraient éviter les régions montagneuses situées dans des zones moins peuplées et moins parcourus où les services de sécurité algériens ne disposent pas d'une présence significative», recommande par ailleurs le département d'Etat selon lequel «le gouvernement américain considère potentielle la menace pour le personnel de l'ambassade américaine à Alger» et leur recommande de ?travailler et vivre» sans haute protection.

Cette mise en garde a été publiée à la veille de la rencontre à Alger du ministre algérien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, avec le directeur du renseignement national des Etats-unis, James R. Clapper. Officiellement, cet entretien a porté sur les relations bilatérales algéro-américaines et sur les questions internationales et régionales d'intérêt commun. Officieusement, les questions de sécurité, la lutte antiterroriste et la sécurité des expatriés américains, ainsi que le contenu du rapport du département d'Etat sur la situation sécuritaire en Algérie étaient au menu de ces discussions.