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La Banque d'Algérie rassure de la disponibilité des devises - Allocation touristique : forte pression sur les banques

par Abdelkrim Zerzouri

Le spectacle des longues chaînes devant les guichets des «devises» au niveau des banques donne l'image d'un pays en proie à une crise économique. Alors que c'est presque le contraire, car il s'agit des nombreux voyageurs qui se rendent à l'étranger en quête de retrait de l'allocation touristique.

C'est que par les temps qui courent, vu la hausse de l'euro sur le marché parallèle, personne ne veut laisser sa part «dormir» dans la banque. «Il y en a même ceux qui retirent le montant de l'allocation touristique, font un petit tour à la frontière, une sortie justifiée sur le passeport, suivie immédiatement par une rentrée sur le territoire national, et le tour est joué, ce sera au moins 6 000 dinars de gagné au change parallèle», selon des témoignages de jeunes passés par ce stade. En tout cas, la pression tellement forte sur les guichets de la banque, conduisant fatalement à un déséquilibre en matière de satisfaction de la demande, a fait réagir la Banque d'Algérie, qui a «rassuré de la disponibilité des devises». Expliquant que «le manque de devises constaté dans des banques est dû seulement à la forte hausse de la demande exprimée habituellement durant la saison des vacances». Depuis le mois de juillet, les agences bancaires enregistrent un afflux important de voyageurs demandeurs de l'allocation touristique, fixée à l'équivalent de 15 000 DA par an, créant une forte pression au niveau des guichets, indiquent les banquiers. «Il n'y pas du tout de problème de non disponibilité de devises dans les banques. La devise est disponible et la Banque centrale répond aux besoins des banques en termes d'approvisionnement en devises d'une manière programmée et régulière», a affirmé, hier à l'APS, un responsable auprès de la Banque d'Algérie. La pression croissante sur les agences bancaires de ces derniers jours résulte aussi, selon lui, d'une situation où «les demandeurs se présentent en grand nombre et en même temps devant les guichets». «A la vue de ces longues files d'attente devant les guichets, les gens ont une impression de pénurie», ajoute le représentant de la Banque centrale.

D'ailleurs, précisera-t-il, cette situation est «récurrente» lors de la période des vacances durant laquelle il est systématiquement enregistré une forte demande sur les opérations de change, notamment pour l'allocation touristique. Aussi, avouera-t-il encore, les agences bancaires ne peuvent pas prévoir exactement la quantité de demandes de change à traiter chaque jour. «Une agence peut recevoir en une journée une à trois demandes de change, comme elle peut en recevoir une centaine, voire plus. C'est donc aléatoire du fait qu'on ne peut pas appréhender le niveau de la demande quotidienne», explicite-t-il, en affirmant que la tendance est, cependant, vers le «désengorgement». Institué par une instruction de la Banque d'Algérie datée du 28 août 1997 relative au droit de change pour voyage à l'étranger, le montant annuel de l'allocation touristique, appelé dans cette instruction «droit de change pour dépenses liées à des voyages à l'étranger», est fixé à 15 000 DA pour chaque année, rappelle-t-on.

Ce montant est de moitié (7 500 DA) pour les enfants âgés de moins de 15 ans, note la même instruction qui précise, par ailleurs, que le montant de 15 000 DA n'est pas cumulable d'une année à l'autre. Les opérateurs habilités à octroyer les opérations de change pour cette allocation sont, selon le même texte, tout guichet de banque ou établissement financier et intermédiaire agréé. Mais, en réalité, il faut suer pour retirer cette allocation touristique, surtout en pareille période. Le mois d'août est synonyme de départs massifs en congé et le personnel des guichets au niveau des banques se trouve réduit à sa plus simple expression.

Seuls quelques employés et un seul caissier se démènent à l'intérieur de la banque pour répondre à la demande de la clientèle qui n'est pas uniquement celle relevant de l'allocation touristique. «On est obligé de faire occuper plusieurs fonctions à un seul employé pour parer au manque de personnel», avoue un responsable d'une agence bancaire, lui-même intérimaire. C'est un autre facteur qui participe à l'accentuation de la pression au niveau des guichets des banques, faisant parfois naître des tensions, des accrochages verbaux, notamment lorsque certains n'arrivent pas à retirer leur allocation dans la journée où ils se présentent à la banque.