Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Benhabylès : La guerre aux «faux démunis»

par M. Aziza

La présidente du Croissant rouge algérien (CRA), Mme Saïda Benhabylès, a déclaré la guerre aux « faux démunis » et « faux mendiants ». Elle a affirmé hier, au forum d'El Moudjahid qu'elle veut « fermer la porte aux opportunistes, pour pouvoir prendre en charge dignement ceux qui sont réellement dans le besoin », a-t-elle souligné hier, au forum d'El Moudjahid.

Elle a plaidé pour l'élaboration d'un fichier national des personnes démunies, et l'élaboration des listes des familles et personnes éligibles et bénéficiaires du colis alimentaire du ramadhan, selon « les coutumes ancestrales » pour barrer la route aux opportunistes.

L'invitée du forum d'El Moudjahid, Mme Benhabylès, n'a pas dit clairement qu'elle ne faisait pas confiance aux listes établies par les communes, mais elle affirmé que « l'attestation de non affiliation ne fait pas toujours foi ». Elle a expliqué que des entrepreneurs et des commerçants « besnassia » qui travaillent au noir ont figuré parmi les bénéficiaires du couffin de ramadhan et de différentes aides de l'Etat, en présentant cette fameuse attestation. Pour Benhabyles, il faut aujourd'hui assainir et établir les listes selon les coutumes ancestrales. C'est-à-dire faire appel à la contribution de l'Imam, des notables, du cheikh de Zaouïa, les associations locales pour identifier les personnes éligibles, et avec un supplément d'enquête. Elle affirme que le travail a déjà commencé et il se poursuit actuellement à travers 25 wilayas du pays.

Mme Benhabyles a recommandé également de vider nos rues des mendiants en engageant des enquêtes sur le terrain par des commissions mixtes (ministère et CRA) qui sillonneront le pays, afin de dissocier entre les personnes qui sont dans le besoin et ceux qui ont fait de la mendicité un métier. Elle a affirmé que des rapports ont révélé l'existence de réseaux de mendicité en utilisant des enfants. Pour la présidente du CRA, « il faut combattre ces personnes qui n'ont ni foi, ni loi » et ce, pour pouvoir aider les véritables nécessiteux chez eux, ou dans des centres et non pas dans les rues.

En ce mois sacré, le CRA a octroyé des aides sous formes de colis à 10 000 familles algériennes dont la majorité est issue des régions du Sud, les Hauts plateaux et les régions montagneuses. La conférencière a tenu à préciser que ces aides proviennent de donateurs, sans toucher un seul centime du Trésor public.

Elle a ouvert une parenthèse sur l'amalgame fait entre politique de solidarité et culture de solidarité. Elle a affirmé que le croissant rouge n'a pas de budget à allouer aux différentes opérations d'aide aux démunis mais distribue l'argent et les produits qui lui sont fournis par des donateurs. Et de préciser que le croissant rouge est un complément de la politique de la solidarité de l'Etat. La conférencière a rappelé que l'Etat a consacré plus de 8 milliards de dinars en ce mois pour venir en aide aux nécessiteux. Mais, pour elle, il faut surtout encourager la culture de solidarité pour qu'on ne verse pas dans la politique de l'assistanat. Il faut sensibiliser les citoyens algériens pour revenir à la culture de la solidarité. « Il faut qu'on redevienne nous-mêmes, qu'on renoue avec l'entraide entre les membres de la famille, entre voisins», selon Benhabylès.

Elle recommande, en outre, d'inculquer le principe du partage et de la clémence et de solidarité dans le milieu scolaire. Elle a évoqué dans ce sens, la signature d'un accord avec le ministère de l'Education pour la vente de timbre du croissant rouge dans les écoles, et ce, pour apprendre à l'élève le principe de la solidarité.

En ce qui concerne les réfugiés étrangers en Algérie, Mme Benhabyles a précisé qu'il n' y aura pas pour le moment de rapatriement des Subsahariens vers le Mali compte tenu de la situation sécuritaire instable dans ce pays. La conférencière a précisé que ces réfugiés subsahariens sont installés dans un camp à la frontière géré par le Croissant rouge algérien, mais en ce moment de forte chaleur, certains groupes se déplacent vers le Nord à la recherche de la fraîcheur, ce qui explique, selon Benhabyles, la présence de ces refugiés subsahariens dans les rues. Et de préciser que l'Etat algérien refuse de les retenir par la force dans ces centres. «Ce sont des centres d'accueil et non de détention », a-t-elle souligné.

La présidente du croissant rouge a précisé en outre que 85 familles syriennes sont prises en charge dans un centre à Sidi Fredj. Et de préciser que ni les Maliens, ni les Syriens n'ont un statut de réfugiés de guerre, seuls les Sahraouis et les Palestiniens disposent de ce statut.