Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Renforcement des contrôles aux frontières : Les binationaux doivent montrer patte blanche

par S. M.

Etre algérien et avoir un titre de voyage étranger ou un passeport rouge bordeaux n'a pas que des avantages.

Et se présenter à l'aéroport ou au port avec un passeport étranger peut tourner au cauchemar pour les binationaux. Nombreux ont découvert, à leur grand regret, en passant devant les contrôles de la police aux frontières que débarquer sans passeport algérien avec seulement un titre de voyage étranger et sans visa est un motif de refoulement. Plusieurs compatriotes binationaux ont ainsi été interdits d'entrer au territoire par la police aux frontières pour défaut de visa. Il s'agirait, selon certaines sources, de mesures prises dans le cadre d'un durcissement des contrôles d'identité aux frontières pour empêcher des infiltrations d'éléments djihadistes venant d'Europe sur le sol national. L'Algérie serait en effet devenue ces derniers mois un pays de transit pour les djihadistes européens qui espèrent se rendre en Libye ou en Tunisie pour semer le chaos. Les compatriotes binationaux refoulés aux frontières ces dernières semaines font en fait les frais de leur crédulité dans les effets d'annonce de nos responsables. Mi-avril dernier, des facilitations avaient été annoncées pour permettre aux binationaux de se rendre en Algérie avec simplement une CNI et un passeport étranger. La mesure, qualifiée de temporaire, était valable jusqu'au 30 septembre prochain. Les compatriotes binationaux qui ont débarqué ces dernières semaines dans les aéroports et les ports pour passer le ramadhan au bled ont rapidement découvert qu'aucune facilitation n'avait été prévue pour les détenteurs des passeports étrangers. «Se présenter à la PAF avec un passeport étranger, surtout français, est très mal vu par les policiers algériens.

Dans les meilleurs des cas, tu risques une fouille de fond en comble par les douaniers», raconte ce ressortissant algérien résidant à l'étranger. Les témoignages des binationaux sur leurs mésaventures dans les ports et les aéroports algériens ne manquent pas. Contrôles rigoureux, interrogatoires poussés, refoulements?. Le collectif contre la cherté du transport vers l'Algérie (CCTA) n'a cessé de dénoncer cette «bureaucratie qui freine les arrivées dans les ports et aéroports algériens». « Pourquoi on peut entrer en France avec un passeport algérien et une pièce d'identité française. Cependant, on ne peut pas entrer en Algérie avec un passeport français et une pièce d'identité algérienne ?», regrettent les responsables du CCTA. Mettant l'accent sur la situation anarchique et les longues files d'attente devant les consulats algériens en France, les membres de ce collectif énumèrent une liste de défaillances qui rendent la vie dure aux ressortissants algériens contraints d'attendre des heures et des heures pour avoir les bons documents afin de pouvoir se rendre en Algérie. Ils soutiennent que les consulats algériens en France sont dépassés, voire même débordés, face à la demande des ressortissants algériens, notamment les renouvellements des passeports biométriques.

Du côté de la police des frontières, un commissaire affirme : «Il n'y a pas eu de durcissement des contrôles dans les aéroports et les ports. Il s'agit seulement de contrôle de routine. Les détenteurs de passeports français doivent avoir un visa délivré par nos services consulaires en France ou dans un autre pays étranger. Un passager, même s'il est de nationalité algérienne, qui se présente avec seulement un passeport étranger sans visa à l'aéroport sera systématiquement refoulé. Il s'agit d'une procédure ancienne prise dans le cadre du principe de réciprocité».