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Oligarchie, loi de finances? : Les craintes de Louisa Hanoune

par M. Aziza

Si le patron du RND, Ahmed Ouyahia, a proposé la reconstitution de l'alliance présidentielle, et le patron du FLN, Amar Saadani, s'est dit lui pour la création d'un front national élargi regroupant les différentes formations politiques et les organisations de la société civile, pour soutenir le président de la République, Louiza Hannoun appelle elle à créer un front populaire pour lutter contre l'oligarchie et pour stopper le projet de la mise à mort de l'Etat.

Intervenant, hier, lors de la célébration du 25ème anniversaire de la fondation du Parti des travailleurs, à Alger, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, a proposé «d'impliquer le peuple et les travailleurs» pour mettre en œuvre les processus de réformes politiques, et surtout pour faire barrage à la prédominance de l'oligarchie sur les centres de décisions économiques et politiques. Le Parti des travailleurs a décidé ce «retour vers le peuple» après avoir usé de tous les moyens possibles pour sensibiliser les plus hautes autorités de l'Etat, à leur tête le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, mais sans succès, regrette Louisa Hanoune.

Elle a affirmé que six mois après la réélection du président de la République pour un quatrième mandat, un glissement plutôt un basculement a été constaté, et qui a servi à l'émergence très brutale de l'oligarchie qui veut s'accaparer des entreprise publiques et qui veut se substituer en autorité politique de décision.

Elle a également regretté qu'Abdelaziz Bouteflika n'ait pas respecté tous ses engagements quant à la réforme politique prônée avant sa réélection au quatrième mandat, notamment en ce qui concerne la réforme constitutionnelle profonde qui n'arrive toujours pas à être libérée.

Le PT veut revenir à ses traditions, en interpellant les consciences populaires, en encadrant et en sensibilisant le peuple pour constituer un front, avec la mise en place des «commissions populaires» qui exerceront des pressions sur les politiques et qui imposeront une transition économique durable. Pour Louisa Hanoune, l'oligarchie est une menace interne plus dangereuse que la menace étrangère et de se rattraper en affirmant «c'est la menace interne qui ouvre la voie au danger externe en s'associant avec des multinationaux pour s'accaparer des richesses du pays».

L'AUSTERITE, LA PRIVATISATION ET DAECH

La SG du PT a mis en garde les pouvoirs publics de prendre le raccourci en optant pour une politique d'austérité, pour combler le déficit budgétaire dû à la chute drastique des prix du baril. Elle a affirmé que plusieurs wilayas du pays n'ont pas connu un développement local, ce qui peut générer des heurts violents, estimant que la politique d'austérité, dans ce cas, préparera le terrain à Daech sachant qu'on est déjà dans l'œil du cyclone. Elle s'est dite également hostile à la privatisation de nos entreprises publiques qui mène forcement aux mêmes résultats, licenciement des travailleurs, précarité et pauvreté ce qui donnera au groupe terroriste une matière à exploiter.

Elle a également reproché à l'actuel ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa, d'être évasif «sur la politique d'austérité», se contentant de dire «qu'il ne s'agirait pas de politique d'austérité, mais de rationaliser les dépenses, sans donner des précisions sur cette rationalisation», dira Louisa Hanoune.

La SG du PT demande des éclaircissements sur la valeur de réduction de la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) jusque-là fixée à 2%. Elle s'est dite inquiète pour le contenu de la loi de finances complémentaire 2015. Elle dira texto «les informations dont nous disposons sur la LFC complémentaire de 2015 et la LFC 2016 sont pour nous une véritable source d'inquiétude», a-t-elle estimé. Pour Louisa Hanoune, le gouvernement a d'autres marges de manœuvre, il suffit d'avoir le courage politique pour combattre les nouveaux riches, en luttant contre la corruption et le transfert des capitaux à l'étranger tout en renforçant le contrôle. Elle a plaidé également pour l'institution d'une taxe sur la fortune.