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La relève n'est pas assurée : Près de 1.000 enseignants et encadreurs vont partir en retraite

par Sofiane M.

Des milliers d'enseignants chevronnés, qui ont donné leur plein rendement, pendant 32 ans, dans le secteur de l'Education nationale, arrivent à la retraite sans que l'on ait prévu leur remplacement par des jeunes rompus à la tâche et avec une expérience éprouvée. Ils sont, au total, plus de 7.000 enseignants à partir en retraite, cette année, à travers le territoire national contre 15.000, l'année précédente et là où le bât blesse est qu'une bonne partie de ces candidats à la retraite n'ont pas atteint le nombre d'années requis, c'est-à-dire 32 ans, pour bénéficier d'une retraite complète. Dans la seule wilaya d'Oran, 716 enseignants, tous paliers confondus, (148 professeurs du secondaire, 283 professeurs du moyen, 285 instituteurs) et 264 personnels d'encadrement ont fait valoir leur droit à la retraite pour cette fin d'année scolaire 2014/2015, a-t-on appris de sources bien informées. «Nous avons, cette année, 980 travailleurs du secteur qui vont partir en retraite. Ces candidats à la retraite ont, déjà, obtenu leurs notifications, alors que d'autres dossiers sont en instance, au service du personnel de l'Académie. Des directives ont été données pour rejeter toutes les candidatures à la retraite anticipée des enseignants des matières essentielles», confient les mêmes sources.

Ces départs massifs des enseignants et encadreurs chevronnés sont qualifiés de «saignée» par un cadre syndicaliste, à Oran, qui soutient que la relève n'est pas, tout à fait assurée. «Il y a, cette année, près de 1.000 départs à la retraite, dont 716 enseignants, tous paliers confondus, mais en contrepartie le secteur n'a bénéficié que de 477 postes budgétaires pour la prochaine rentrée des classes 2015/2016», regrette Aous Mohamed, cadre au Snapest. Le comble est que les départs précipités concernent, notamment les filières dites essentielles (sciences, mathématiques, physiques, langues) ce qui va donner du fil à retordre au département ministériel de Mme Benghebrit. «Plus de 40% des enseignants en activité, aujourd'hui, ont débuté leur carrière vers le milieu des années 1980. C'est-à-dire que le plus jeune a 30 ans d'expérience et usé par tant de bricolage (?) Aujourd'hui, plusieurs milliers d'enseignants n'en peuvent plus et veulent vivre au moins quelques années de leur retraite, en bonne santé (?) Le manque de postes, dans le secondaire, dépasse, actuellement, les 20.000 et les départs en retraite ne sont pas remplacés. Le ministère se trouve pris au piège de sa politique. Pour s'en sortir, il doit faire appel à de jeunes enseignants sans aucune formation pédagogique, non spécialisés dans leur matière, sous-payés et recrutés, en tant que vacataires ou contractuels.

La fuite en avant se poursuit et plusieurs générations devront payer. D'autres proviseurs, de peur de ne pas trouver des enseignants dans certaines matières, sont obligés de surcharger les classes et voient les potentialités de leurs établissements, grandement, diminuées.

Les enseignants qui ont, aujourd'hui, plus de 30 ans d'expérience veulent quitter l'Education. Ils n'ont rien à attendre du ministère de l'Education nationale ni de la société, ni même de leurs élèves et encore moins des parents, et c'est malheureux. Les autorités de tutelle doivent susciter plus de vocations si elles souhaitent conserver des cadres algériens, car dans 2 ans, 50% de leur effectif enseignant aura au moins 60 ans ou 32 ans de travail, au compteur. Elles doivent revoir leur politique et trouver les solutions à cette crise, en collaboration avec le personnel sur le terrain. L'Ecole publique est, une nouvelle fois, mise à l'épreuve», écrit Hakem Bachir cadre syndicaliste et professeur de mathématique au lycée Colonel Lotfi à Oran.