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La Tunisie cherche à sécuriser ses infrastructures touristiques

par R.N.

Confrontées à l'essor de la mouvance djihadiste, les autorités tunisiennes s'évertuent à trouver les moyens de sécuriser plages et sites touristiques, deux jours après un attentat contre un hôtel en bord de mer qui a fait 38 morts, le plus sanglant de l'histoire du pays. Lors d'une réunion samedi soir à Tunis, les ministres de l'Intérieur et du Tourisme ont examiné les moyens de protéger «les sites touristiques et les plages par des unités armées de la police», a expliqué le ministre de l'Intérieur Najem Gharsalli à des journalistes. Quelques heures après l'attentat qui a fortement compromis la saison touristique, le Premier ministre Habib Essid avait annoncé un plan «exceptionnel» et le déploiement «d'unités de la sécurité touristique armées le long du littoral ainsi qu'à l'intérieur des hôtels à partir du 1er juillet». Avec l'attentat de Port El Kantaoui et celui du musée du Bardo en mars (22 morts dont 21 touristes), également revendiqué par Daech, la Tunisie ne peut «plus rester à l'écart de mesures difficiles», a reconnu M. Gharsalli. «Cela est coûteux pour le ministère de l'Intérieur et pour le gouvernement financièrement et humainement», a-t-il souligné en évoquant «au moins 1.000 agents mis à disposition des sites touristiques». Mais «nous sommes déterminés à protéger notre pays et à fournir la protection sécuritaire (nécessaire) en attendant de nous débarrasser définitivement du fléau du terrorisme», a encore dit M. Gharsalli. Le Conseil national de sécurité tunisien devait se réunir dans la journée à la présidence, à Carthage, pour décider des «mesures complémentaires» à mettre en place après le massacre de vendredi. Avec 1.000 km de littoral, d'innombrables plages et des sites archéologiques de renommée internationale, la Tunisie a très longtemps été l'une des destinations phares des tour-opérateurs européens. Mais depuis la révolution de 2011 qui a chassé du pouvoir le dictateur Zine El Abidine Ben Ali, les bouleversements politiques, les tensions économiques et sociales et la montée du djihadisme ont pesé sur le secteur vital du tourisme quelque 7% du PIB. Sur le court terme, les professionnels du secteur n'ont guère d'espoir. «Depuis vendredi, c'est le désert», racontait samedi soir Imed Triki, un commerçant de Sousse. «Ce ne sont pas les Tunisiens qui vont sauver la saison touristique, et les touristes vont nous bouder pour une longue période».

Selon des tour-opérateurs britanniques et belges, quelque 4.500 touristes devraient être rapatriés d'ici dimanche soir par des vols spécialement affrétés. Selon le site de l'aéroport d'Enfidha, entre Sousse et Tunis, un avion quittait le tarmac toutes les 15 à 20 minutes dimanche. Le tour-opérateur belge Jetair a annoncé l'annulation de ses vols vers la Tunisie jusqu'au 31 juillet.      

Par ailleurs, le gouvernement britannique a averti que «d'autres attaques terroristes en Tunisie sont possibles». «Le nombre de morts confirmés reste à quinze mais nous nous attendons à ce que ce bilan s'aggrave», a déclaré à la BBC la ministre de l'Intérieur, Theresa May, qui devait ensuite présider une nouvelle réunion de crise Cobra. Le Sunday Telegraph évoque «jusqu'à 23 victimes» britanniques. Samedi, Tobias Ellwood, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, qui a perdu un frère dans l'attentat de Bali en 2002, avait déclaré que certains des 25 Britanniques blessés à Sousse étaient «très sérieusement touchés». Le Foreign Office a actualisé ses conseils aux voyageurs à destination de la Tunisie. «D'autres attaques terroristes sont possibles, même dans des zones touristiques, y compris par des individus inconnus des autorités et dont les actions sont inspirées par des groupes terroristes via les réseaux sociaux. Vous devez être particulièrement vigilants actuellement et suivre les conseils des services de sécurité tunisiens et de votre agence de voyage», peut-on lire sur le site internet du ministère des Affaires étrangères.