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Les marchés à l'heure du ramadhan

par Abdelkrim Zerzouri

Pas d'exception à la règle de coutumes appliquée à la veille du mois sacré de Ramadhan, presque tous les produits alimentaires et les fruits et légumes ont enregistré une exceptionnelle flambée des prix.

A l'exemple du piment vert fort, vraiment fort avec ses 200 dinars le kilo ! Une hausse de 80 dinars par rapport au prix affiché, il y a tout juste quelques jours. Bien sûr, il en existe des qualités inférieures cédées à moins de 200 dinars le kilo, mais l'empreinte de la spéculation est bien visible. Tout comme d'autres produits alimentaires très demandés durant le Ramadhan, les prix de piments verts forts et doux ont enregistré une hausse qui n'a aucune autre explication que celle de la spéculation et la cupidité des mandataires qui exercent leur diktat sur un marché où l'état a prouvé son impuissance, depuis des lustres.

Les Algériens ont appris la leçon, par cœur, hélas sans jamais savoir comment y faire face. « On l'achètera ce sacré piment vert fort, même si son prix dépasse les 300 dinars car je ne peux pas imaginer une table de f'tour, sans ce cher piment vert fort qui m'ouvre l'appétit », plaisante un client devant l'étal d'un marchand de fruits et légumes. Le mandataire, lui aussi, connaît à fond nos habitudes culinaires. Et il fait sauter en haut tous les prix des produits alimentaires prisés, en cette période. La pomme de terre, essentielle dans la préparation des fameux ?boureks', vendue entre 35 et 40 dinars, ces derniers jours, enregistre, de ce fait, une hausse de prix de 10 dinars, pour être cédée, à la veille du Ramadhan à 50 dinars le kilo. La carotte et la courgette, qu'on mélangerait bien volontiers à toutes les sauces, ont, dans la logique de cette spirale infernale des prix, connu des hausses sensibles, vendue pour la première à 100 dinars et 80 dinars pour la seconde, soit une différence de 20 à 30 dinars, relativement aux prix pratiqués avant le raffermissement des senteurs du Ramadhan. « Oui, reconnaît, sans sourciller un vendeur de fruits et légumes, les prix ont connu des augmentations du jours au lendemain. » Quant au prix de la tomate qui prend d'habitude de l'envol en pareille circonstance, elle affiche entre 40 et 60 dinars le kilo, une stabilité surprenante quand même. Et n'allez pas croire à une quelconque disponibilité qui aurait plaidé, en faveur de cette stabilité des prix, il n'en est rien. Car, en matière de disponibilité, pratiquement tous les produits alimentaires sont exposés à l'excès, mais cela n'a pas, pour autant, empêché les prix de s'envoler. La salade qui orne toutes les étals est cédée à pas moins de 100 dinars, le kilo, et l'oignon navigue en haut avec ses 80 dinars le kilo. Impossible de joindre les deux bouts en ce mois sacré pour le smicard et le cadre moyen.

Concernant les fruits, les prix sont abordables, avec un kilogramme de pêche de qualité moyenne tournant autour de 100 DA, et l'abricot entre 60 et 120 DA le kilo, la banane à 140 dinars et des figues jusqu'à 200 dinars le kilo, pour la qualité supérieure et des cerises qui gardent leur prix entre 400 et 500 dinars depuis leur apparition sur le marché. En tout cas, là aussi, il y a une grande disponibilité de fruits de saison, parfois précoce avec le dernier éclatement de la chaleur, à l'exemple de la pastèque à partir de 35 dinars le kilo et le melon de moyenne qualité à 65 dinars le kilo. Les dattes, aussi, gardent presque la même tendance de prix, cédées entre 340 et 600 dinars selon les qualités. Enfin, comme on pouvait s'y attendre, le poulet vole très haut avec 330 dinars le kilo. Ainsi que les viandes rouges, vendues à 900 dinars pour la viande bovine et 140 dinars pour la viande d'agneau. Le travail de contrôle des inspecteurs des prix et de la qualité des produits alimentaires, durant le Ramadhan, se limite, quant à lui, au plan règlementaire. Seuls les produits dont les prix sont administrés, subventionnés, tels que le lait, le sucre, la farine, la semoule, l'huile...etc, font l'objet des vérifications opérées par ces brigades. Les prix des autres produits alimentaires obéissent à la libre et sauvage concurrence, mais on pourrait, au moins, se pencher sur ce phénomène du non affichage des prix chez nos commerçants.