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Un phénomène qui prend de l'ampleur chaque année : Lorsque le Ramadhan devient synonyme de gaspillage

par J. Boukraâ

La période du ramadHan est synonyme d'abstinence et de sobriété. Mais aussi paradoxaL que cela puisse paraître, le mois sacré est, aussi, la période où le gaspillage alimentaire atteint un taux alarmant. Depuis quelques jours, déjà, les magasins sont pris d'assaut par les ménagères. Tout est raflé et en grande quantité, malgré la flambée des prix. Pris de panique par crainte de rareté et de hausse des prix, les consommateurs ont pris d'assaut les marchés, supermarchés, supérettes et autres magasins pour se « ravitailler », en denrées alimentaires et pour constituer des stocks, à quelques jours du mois sacré. Cependant, une bonne partie des ingrédients finira à la poubelle. Un comble alors que le Coran, lui-même, condamne le gaspillage. Pour lutter contre ce phénomène, l'Association de la protection du consommateur, va lancer une campagne de sensibilisation. Près de 10.000 affiches et dépliants seront placardés et distribués dans les magasins, marchés et grandes surfaces commerciales, repartis sur la wilaya d'Oran. Il s'agit d'une action de sensibilisation sur la rationalité et l'économie dans la consommation, car les besoins, en denrées alimentaires sont le fait du comportement du consommateur certes, mais ils sont créés, aussi, par le programme publicitaire sur les produits, introduit dans les mass média, par les différents producteurs. En effet le mode de consommation frénétique et boulimique s'installe, durant le mois de Ramadhan et apporte, avec lui, son lot de désavantages pour le pays. Outre la flambée des prix, l'inflation, la pénurie, la crise? La consommation alimentaire excessive des ménages engendre un phénomène nouveau, jamais connu de par le passé : le gaspillage. Si durant toute l'année, ce fléau connaît une tendance moyenne, il prend, en revanche, des proportions alarmantes à l'approche et pendant le mois de Ramadhan.

Du pain sous toutes ses formes : étoile, rond, baguette, et avec ses différents composants, fait parti du décor des poubelles, chaque Ramadhan et dans tous les quartiers de la ville d'Oran. Durant le mois sacré, la majorité des foyers, à Oran, cuisinent des quantités conséquentes de nourriture, surestimant souvent les capacités de l'estomac du jeûneur. Et, dans de nombreux cas, ce surplus de nourriture finit, malheureusement, aux ordures.

La majorité des pères de famille font la queue, auprès des boulangeries, et le lendemain, toute cette peine est perdue et le pain est jeté dans les poubelles. « Les ménages achètent toutes sortes de produits durant la journée de jeûne qu'ils jettent après en avoir mangé une partie. Tels sont les Algériens, d'une part ils se plaignent de la flambée des prix, d'une autre part ils jettent toutes sortes de produits de consommation », dira un père de famille. « Les quantités de nourriture retrouvées dans les détritus et les sacs poubelles, qui s'entassent dans les rues, après le ?ftour' seraient très importants, c'est vraiment désolant, surtout qu'il y a des gens qui galèrent pour offrir un bol de soupe à leurs enfants alors que d'autres ne trouvent même pas un bout de pain », ajoute-il.

Selon l'UGCAA, le gaspillage avait dépassé 500 milliards de centimes, durant le mois de Ramadhan 2014. Dans le détail, sur les 10 millions de quintaux de légumes, consommés pendant le mois sacré, 500 mille quintaux sont jetés à la poubelle. Lors du Ramadhan, on jette aux ordures 120 millions de baguettes de pain. Le gaspillage alimentaire touche, également, la consommation de lait. Les Algériens achètent environ 150 millions de litres de lait durant le Ramadhan, dont 12 millions partent à la poubelle. Les experts s'accordent à dire que 70% du gaspillage est l'œuvre des ménages aisés. Force est de reconnaître qu'en Algérie, il n'existe pas de culture de consommation, proprement dite. Ainsi, une partie de ce qu'achètent les Algériens, durant la journée de Ramadhan est jetée après le jeûne.

Pour faire face aux ?collines' d'ordures qui se forment, dans les quartiers d'Oran, en quelques heures seulement, les éboueurs redoublent leurs activités, de jour comme de nuit, et ont du mal à faire face au volume impressionnant d'ordures ménagères jetées...