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Qu'a promis Al Sissi au roi Salmane?

par Kharroubi Habib



Le chef de l'Etat égyptien Abdel Fattah Al Sissi dont le pays par ticipe au sein de la coalition conduite par l'Arabie Saoudite qui procède à des frappes militaires au Yémen contre la rébellion houthie, s'est rendu samedi à Ryadh où il a conféré avec le nouveau monarque saoudien. Il y a lieu de préciser que la présence du président égyptien a coïncidé avec l'annonce faite par des sources militaires saoudiennes du déploiement à Aden d'un contingent de forces terrestres de la coalition. Ce qui ne peut que donner à penser que le sommet surprise égypto-saoudien a été en lien avec la nouveauté annoncée de la présence au sol au Yémen de cette coalition.

Le projet d'une intervention terrestre contre la milice houthie qui est loin de s'être débandée sous les coups des frappes aériennes qu'elle a subies, a probablement été le point central de la concertation entre les deux hommes d'Etat. Le président égyptien s'est vu très certainement sollicité par le roi Salmane de fournir une coopération de l'armée de son pays à l'opération terrestre envisagée. Les Saoudiens tiennent d'autant à la participation d'un contingent égyptien qu'ils savent que cette opération ne sera pas une « promenade de santé » pour les forces qui y seront engagées surtout pour celles d'entre elles saoudiennes et émiraties dénuées d'expérience en la matière.

Al Sissi ne peut refuser la demande du souverain saoudien dont le pays et les autres Etats du Golfe permettent à l'Egypte de garder la tête « hors de l'eau » grâce aux subsides financiers qu'ils lui accordent depuis qu'il est arrivé au pouvoir. Ce faisant, il fera que l'Egypte mettra le doigt dans un engrenage aux conséquences risquant de s'avérer brûlantes.

Comme les stratèges américains qui ont cru venir à bout de l'Etat islamique par des frappes aériennes, ceux du royaume saoudien se sont bercés de la même illusion face à la milice houthie. Ces derniers ont même proclamé y être parvenus et ont même après deux semaines de bombardement annoncé l'arrêt de ce genre d'opération considérant que la milice houthie ayant été sérieusement affaiblie, ses adversaires sont en situation de la déloger de ses positions et reprendre le contrôle du pays. Ce scénario s'est révélé totalement faux : les Houthis mettant en échec les offensives lancées contre eux.

La coalition a dû par conséquent reprendre ses frappes et l'Arabie Saoudite envisage désormais l'intervention terrestre comme l'unique solution pour empêcher le maintien des Houthis au pouvoir au Yémen qu'ils accusent d'être inféodés à l'Iran. Déjà que les frappes aériennes auxquelles procède la coalition conduite par Ryadh suscitent de fortes oppositions internationales pour leur caractère illégal au plan du droit international, une intervention terrestre au Yémen de l'armée saoudienne en soulèvera de plus grandes car constituant une ingérence étrangère flagrante destinée à faire valoir le fallacieux droit de la monarchie saoudienne à régenter les affaires intérieures du Yémen considéré comme appartenant à sa zone d'influence.

La participation de l'armée égyptienne aux côtés de la sienne est considérée par Ryadh comme pouvant faire que l'opération terrestre parviendrait vite à briser la résistance de la milice houthie et par conséquent à être limitée dans le temps, ce qui éviterait tout risque d'enlisement et atténuerait les condamnations qu'encourt le royaume. Celles-ci ont déjà commencé à pleuvoir sur Ryadh au constat que le Yémen est plongé dans une situation humanitaire catastrophique qui risque de s'aggraver car le pays est en voie d'effondrement, ce que précisément la coalition menée par l'Arabie Saoudite a prétendu vouloir prévenir en s'en prenant à la milice houthie.