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Vacants ou occupés par des non bénéficiaires : 125.000 logements sociaux posent problème

par Abdelkrim Zerzouri

Se montrant toujours offensif au sujet d'une régularisation, présentée comme «inéluctable», des logements sociaux vendus au marché noir, le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, M. Abdelmadjid Tebboune, a révélé, jeudi dernier, dans une déclaration à la presse en marge d'une séance de questions orales au Conseil de la nation, que plus de 125.000 logements sociaux publics étaient vacants ou occupés par des personnes autres que les bénéficiaires réels. Ce dernier chiffre se réfère à un «recensement établi au début du mois d'avril 2015», selon M. Tebboune qui souligne à ce propos que l'enquête, engagée depuis quelques mois à travers le territoire national par les soins des directions des OPGI, se poursuit et que le chiffre en question est appelé à la hausse.

Pour rappel, M. Tebboune avait avancé à la fin du mois de janvier dernier, lors d'une séance du Conseil de la nation consacrée aux questions orales, le chiffre de «571.000 logement sociaux distribués entre 1983 et janvier 2004, et qui se trouvent aujourd'hui occupés par de tierces locataires, inconnus des Offices de promotion et de gestion immobilière (OPGI)». Dans le fond, la problématique n'est pas essentiellement liée aux chiffres, qu'on prévoit à la hausse car soumis aux résultats des enquêtes toujours en cours sur ce registre, mais bien à une recherche d'une solution acceptable qui permettrait de corriger une situation qui relève du chaos. Chose, d'ailleurs, clairement avouée par le ministre. Ce dernier, même s'il reconnaît que le phénomène revêt un caractère «moral et juridique qui incite à agir avec pondération», plaide ouvertement pour une régularisation de la situation de ces logements. «Leur régularisation donnerait aux occupants réels l'opportunité d'acheter ces logements, et cela permettrait d'utiliser les fonds recouvrés dans le financement d'autres nouveaux projets de logement», devait-il avouer lors d'un passage devant les députés au mois de janvier dernier.

M. Tebboune a laissé entendre dans cette optique que le gouvernement «pourrait procéder à la régularisation des logements sociaux vendus au marché noir afin d'empêcher, aussi, les propriétaires de bénéficier des différents programmes de logements publics». En tout cas, il reviendra jeudi dernier sur ce sujet épineux et assurera que «sur la base des résultats de l'enquête, le ministère soumettra un rapport au gouvernement pour prendre les mesures nécessaires pour la régularisation de ces logements notamment ceux cédés aux tiers en infraction à la loi».

Par ailleurs, dans sa réponse à une question orale d'un membre du Conseil de la nation sur la situation urbanistique du pays, le ministre a indiqué que les constructions inachevées et non conformes aux règles d'urbanisme seront démolies si les propriétaires ne se mettent pas en conformité avant août 2016. Les délais fixés par la loi 08-15 relative à la régularisation des constructions ne seront pas prorogés, a-t-il encore averti, soulignant que plus de 70% des demandes soumises aux communes à cet effet ont été traitées. Quant à la réhabilitation du paysage urbanistique des villes et villages du territoire national, le ministre admettra qu'«il est difficile actuellement de concilier entre les exigences de quantité et de qualité en raison de la forte demande sur le logement». Cependant, a indiqué M. Tebboune, la formation de spécialistes envisagée avec des pays européens, l'élimination de l'habitat précaire à l'horizon 2016 et la progression dans la distribution des différents programmes de logement public, le secteur passera à l'étape d'amélioration qualitative.